
« Le CRIF ne parle pas pour les Juifs de France, il parle pour le CRIF ».
La formule est dure, mais elle traduit un malaise croissant au sein de la communauté. Jusqu’à quand ses dirigeants pourront-ils prétendre représenter les Juifs de France, alors que la colère contre eux monte de toutes parts ?
Car il faut rappeler la réalité : les responsables du CRIF ne sont pas élus par la communauté. Ils sont désignés par un collège restreint d’associations membres — environ 70 structures nationales et quelques dizaines de CRIF régionaux. Autrement dit, ce sont quelques centaines de délégués associatifs qui élisent le président du CRIF. Pas 500 000 Juifs de France. La majorité d’entre eux n’a jamais voté, jamais été consultée, n’a jamais donné mandat à cette institution.
Le CRIF bénéficie d’une légitimité historique — née après la Shoah — et surtout d’une légitimité institutionnelle, puisque l’État et les médias l’ont longtemps considéré comme l’interlocuteur « officiel » de la communauté juive. Mais cette légitimité n’est pas démocratique. Elle ne repose pas sur la voix des Juifs de France, mais sur un mécanisme interne d’appareil.
D’où la question : jusqu’à quand ce système pourra-t-il tenir ? Quand les violences antisémites se multiplient, quand les inquiétudes sont profondes, beaucoup de Juifs de France estiment que leurs préoccupations réelles ne sont pas portées avec assez de force. Et ils voient des dirigeants plus attentifs aux ors de la République, aux invitations du dîner annuel, qu’à la défense sans concession de ceux qui vivent la peur au quotidien.
Le CRIF parle de « vaines polémiques » suite à la passe d’armes entre le Président Macron et le Premier Ministre Netanyahou.
Erreur : ce n’est pas une polémique, c’est le sort des Juifs de France.
En 1940, un dirigeant étranger ( ou français ) courageux, quelles qu’auraient été ses motivations, aurait peut être pu changer l’Histoire. Il a cruellement manqué !
Aujourd’hui, il faut des voix qui défendent les français juifs, Pas des habitués des salons officiels.
Minimiser, c’est trahir.
La colère monte, silencieuse mais persistante. Elle pourrait bien, demain, briser le monopole de parole que s’arroge le CRIF.
© Paul Germon