Tribune Juive

Les mots justes. Par André Simon Mamou

C’est très difficile, c’est du grand art : trouver le mot juste, la locution parfaite , celle qui va plaire, voire ravir les auditeurs ou les lecteurs. 

Paris occupé par la Wehrmacht, la police française cantonnée au rôle de supplétifs, drapeaux nazis partout et citoyens français taiseux et falots …

Libération 4 ans après : Le Général de Gaulle prononce une allocution et il trouve le seul mot qui résume ce que fut l’occupation : « Paris outragé ! » Quelle force dans ce mot simple ! 

Après le 13 mai 1958 , le Général est devant la foule : elle attend le grand homme qui pourrait sauver l’Algérie française. De Gaulle, lui, est persuadé qu’il faut quitter l’Algérie et qu’un million de « braillards »  ne pourront plus dominer 9 millions d’algériens. Il avance vars les micros, lève ses bras en l’air, en V victorieux et lance « Je vous ai compris ! »

On saura plus tard que la formule était un piège.

Redoutable. 

Avec les israéliens qui, pour gagner la guerre et éviter le massacre, avaient anticipé les hostilités et détruit au sol l’aviation ennemie, De Gaulle lance une phrase qui est un vrai chef d’œuvre :  « Un peuple d’élite, sûr de lui même et dominateur ». 

Le dernier mot, De Gaulle déclara à Ben Gourion qu’il fallait bien dominer pour survivre après deux millénaires d’épreuves de tout genre. Et à son fils Philippe il expliqua que ce mot de dominateur était un compliment « et qu’il aurait bien voulu en dire autant des français ». 

On arrive au Président Macron qui, à l’ Élysée, est entouré de Conseillers de haut niveau sur tous les sujets de la présidence. Le Premier ministre israélien lui adresse des reproches assez vifs sur ses choix concernant la guerre avec le Hamas et la désinvolture avec laquelle il traite ses concitoyens juifs de France. Netanyahu fait le pas qu’il souhaite pour marquer sa réprobation : il indique à son interlocuteur de modifier son attitude avant Rosh Ha Shana, dans 40 jours environ. 

Réponse virulente de l’ Élysée qui affirme: « La République française protège et protègera toujours les juifs ».  

Énorme erreur : la République protège tous ses citoyens. 

Point à la ligne. 

Enfin le Président Macron laissera dans le vocabulaire politique l’utilisation du mot « abjecte » pour qualifier la critique de son attitude faite par Netanyahu. Ça vole bas ou alors on perd ses nerfs. Mais tout est admis s’agissant d’israéliens, le respect n’étant réservé qu’aux geôliers algériens. 

Dans « Tribune juive », les articles de Pierre Saba et Richard Abitbol détaillent le cheminement de la pensée macronienne : claudicante et équivoque, et donnent au Président le conseil de relire le texte de la Constitution. 

De Gaulle : le pays n’en produit qu’un par siècle. 

© André Simon Mamou 

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