
Monsieur le Président,
Nous, Français juifs, citoyens loyaux et attachés à la République, aimons la France autant que tous nos compatriotes.
C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui mortifiés par l’attitude de l’État, à son sommet, à notre égard.
Avec stupeur, nous constatons que le Premier ministre d’Israël s’inquiète davantage du sort des Juifs de France que le Président de la République française.
Pourtant, nous avons toujours servi ce pays avec fidélité et honneur.
Or, l’antisémitisme explose en France.
Chaque jour, des familles sont terrorisées, des enfants vivent dans la peur, des citoyens doutent de leur avenir sur le sol français.
Aucun responsable public ne l’ignore.
Il y a 85 ans, la République a failli dans sa mission de protection.
Aujourd’hui, une question terrible resurgit : les Juifs de France ont-ils encore un avenir dans leur pays ?
Monsieur le Président, nous ne pouvons accepter que vous ayez qualifié « d’abjecte » l’interpellation du Premier ministre israélien.
Ce qui est abject, ce sont les décisions et omissions de l’État :
• l’absence à la marche contre l’antisémitisme ;
• l’exclusion d’Israël d’Euro Satory et du Bourget, rendant ces salons « Jude rein » ;
• la dissimulation des stands israéliens, comme si l’étoile de David était une souillure
• vos propos sur une prétendue famine à Gaza, reprenant une propagande mensongère qui blanchit le Hamas ;
• surtout, votre silence sur l’accusation de génocide portée contre Israël, alors que vous savez sa fausseté.
En laissant prospérer ces mensonges, vous nourrissez directement la haine antisémite dans nos rues.
C’est une faute politique et morale majeure.
À cela s’ajoute la clémence incompréhensible de la justice : des appels à l’intifada, des agressions antisémites, des menaces graves sont sanctionnés par des peines symboliques. Les coupables sortent des tribunaux en faisant le V de la victoire. La République, ainsi, abdique.
Vous êtes garant de l’indépendance des pouvoirs, mais aussi de leur mission.
Dans le respect de la Constitution, qu’attendez-vous pour rappeler à la justice qu’elle agit au nom du peuple français, et que la banalisation de la haine n’est pas une option ?
Un autre danger s’installe : un parti siégeant au Parlement reprend les méthodes qui, sous Weimar, ont ouvert la voie au nazisme.
Faut-il vraiment rejouer l’histoire pour réagir ?
Reconnaître aujourd’hui un État palestinien ne serait pas un geste de paix : ce serait un encouragement au terrorisme et une légitimation de l’antisémitisme.
Les Juifs de France n’attendent plus de discours. Ils attendent des actes de la , protection, de la fermeté, avec une volonté politique affirmée.
La République a une responsabilité historique.
Elle ne peut pas trahir deux fois.
Monsieur le Président, il est temps d’un sursaut.
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