Quelque part, en 2050, en zone libre (Europe de l’Est et Israël). Par Elie Sasson

– Dis papa, que s’est-il passé en 2025 ?

– Oulala, c’est vieux. C’était la guerre entre Israël et le Hamas. Enfin, au début on pensait que c’était que contre le Hamas. Mais très vite on a compris que c’était contre presque tous les Arabes. Et pas qu’au Moyen-Orient. La haine contre les Juifs s’est répandue comme une tache d’huile partout où il y avait des Arabes. On en était presque à deux années de guerre. Mais ce n’était encore que le début.

– Tu me racontes ?

– Oui. La guerre avait commencé par un massacre en Israël le 7 octobre 2023. Les hommes du Hamas avaient été très méchants. Et ils avaient pris des gens en otages. Au début, tout le monde était sous le choc. Les pays occidentaux avaient légitimé la réponse israélienne, certains qu’elle se résumerait à une courte campagne de représailles. Mais Israël avait vu plus grand : il voulait en finir avec la menace extérieure. Pour te dire dans quel état d’esprit était le gouvernement français, je vais te raconter une conversation entre le président de l’époque et sa femme. La conversation avait fuité dans la presse. Le président s’appelait Foutriquet et sa femme, Mme Foutriquet.

– Le monsieur s’appelait vraiment comme ça ?

– Oui, oui. Je ne crois pas qu’il avait un autre nom. En tout cas, tout le monde l’appelait comme ça.

– Ils étaient musulmans ?

– Pas encore. À l’époque il n’y avait pas que des musulmans en France. Donc… un soir qu’ils regardaient une émission culinaire de l’époque qui s’appelait Top chef, Foutriquet avait dit : “si ces connards de youpins foutent une raclée aux melons, on sera dans une merde noire. Tant que les bougnoules seront occupés à faire chier les nez crochus, on sera tranquille. J’aime bien Etchebest. Pas toi ? On devrait l’inviter.” Les Arabes détestaient les Juifs plus qu’ils ne détestaient les Francais de souche. C’était une aubaine, tu comprends ? Sa femme avait répondu que le mieux serait d’aider le Hamas à vaincre Israël. “Non ! Surtout pas”, avait répondu Foutriquet. “Les youpins sont en première ligne et c’est très bien comme ça. Il faut que ça reste en l’état. Les barbus leur balanceront sur la gueule quelques roquettes chaque jour. Netanyahu et sa bande s’énerveront de temps en temps. Et nous, on aura la paix. Tu comprends, mamoune ?”

– Il avait épousé sa maman ?

– Non. Je crois qu’elle était sa grand-mere. Mais je vérifierai. Une chose est sûre, elle détestait qu’il l’appelle comme ça. Surtout en public. Même qu’un jour, à bord d’un avion, il l’avait appelée comme ça et ça l’avait mise en colère. Elle l’avait giflé devant les caméras du monde entier.

– Ah d’accord. Je vois. Mais quel âge il avait, Monsieur Foutriquet ?

– dix ou douze ans. Dans ces eaux-là. Donc… après le massacre, le monde entier avait compris le risque : Israël était sur le point d’exterminer ses ennemis. Ce pays minuscule était sur le point de donner une leçon de courage et de détermination aux pays occidentaux qui refusaient d’admettre officiellement qu’il y avait une guerre de civilisation. Personne n’en voulait de cette fichue guerre de civilisation. Les pays européens, déjà largement noyautés par un islamisme conquérant, la voulaient encore moins que les autres. Ils ne niaient pas qu’elle avait déjà commencé, mais ils voulaient qu’elle se déroule loin de chez eux. Soutenir Israël, c’était risquer que cette guerre ne s’étende jusque dans leurs villes. Ils se sont passé le mot : Israël ne devait pas gagner la guerre. Ses ennemis devaient être maintenus la tête hors de l’eau. Tant qu’ils étaient vivaces, la guerre de civilisation resterait cantonnée au Proche-Orient. Ils ont enchaîné les réunions secrètes entre ministres des affaires étrangères. Au début, ils y sont allés timidement. Ils craignaient que cela ne se voit trop. Ensuite, ils ont lâché les chiens. Tout était bon pour condamner Israël. Ils ont commencé à parler de massacre et de civils innocents. Puis de génocide et de famine. Ils sont même allés jusqu’à modifier à la baisse les critères de reconnaissance d’une famine pour que la crise humanitaire de Gaza soit dans les clous. Mais Netanyahu restait déterminé. Son objectif était clair : éradiquer le Hamas et ramener les otages. Rien ne pouvait l’arrêter. Foutriquet était désemparé. Il cherchait une solution. Sa femme avait l’esprit ailleurs, empêtrée dans un procès outre-atlantique pour diffamation dans une sordide affaire de transition sexuelle. Elle était bien en peine de le conseiller. Il allait de surenchère en surenchère dans ses condamnations. Il voulait faire d’Israel un État paria et du premier ministre israélien le nouveau Dark Vador. Heureusement, ce dernier a tenu bon. Il est allé jusqu’au bout. La suite, tu la connais, non ?

– Euh…

– La mamie de Foutriquet est morte en 2040. Elle a été enterrée dans le carré musulman du cimetière de Pantin. Le mollah de Paris avait d’ailleurs fait un beau discours. Quant à Foutriquet, son mari et petit-fils, il s’est inscrit dans une madrassa du 93 pour devenir imam au Qatar. Je crois qu’il vit encore. Cherche sur ChatGPT s’il existe un imam Foutriquet au Qatar.

– Et les Français dans tout ça ? Qu’est-ce qu’ils sont devenus ?

– Eh bien, ils ont fini par comprendre, mais bien trop tard, lorsque la France, l’Espagne, la Belgique et le Royaume-Uni avaient fondé le califat d’Europe de Ouest, qu’ils auraient dû voter Zemmour en 2022.

– Pourquoi ils ont mis si longtemps à comprendre ?

– C’est l’histoire de l’humanité. Elle est faite d’une succession d’erreurs collectives. Et de temps en temps, quelques hommes d’exception se dressent et renversent la table.

– Et toi, pourquoi tu n’as rien fait ?

– J’avais dix ans.

– Comme Foutriquet ?

– Euh… je me suis peut-être trompé sur son âge. Il était sûrement plus vieux. Mais je te promets que quand il parlait, il paraissait avoir dix ans.

© Elie Sasson