Richard Abitbol. De Vichy à Macron : l’éternel soupçon fait retour

« L’antisémitisme d’État commence toujours par un soupçon. Il finit toujours dans le sang« . Léon Poliakov

Monsieur le Président, votre accusation envers les Juifs de France est une ignominie. Et une répétition de l’Histoire.

Le 30 juillet 2025, en Conseil des ministres, vous avez reproché à une partie de la communauté juive « d’oublier son universalisme ». Ce n’est pas une phrase malheureuse. C’est un reproche structurant, une inversion des rôles, un renvoi brutal au soupçon ancien : celui qui pèse sur le Juif, jamais tout à fait Français, toujours suspect de « loyauté secondaire ».

Malgré les démentis de l’Élysée affirmant que vous n’avez « en aucun cas reproché à la communauté juive d’oublier son universalisme », les mots ont été prononcés, rapportés, et ils résonnent comme un écho sinistre des pires chapitres de notre histoire.

C’est l’écho contemporain de ce que Vichy fit entendre en son temps. Et vous l’avez fait, vous, président de la République française, en 2025. Non, ce n’est pas Vichy. Mais c’est un air de famille – un parallèle que j’assume pleinement, car il souligne la gravité de votre posture. Ignorer ce lien, c’est nier la continuité des mécanismes de trahison qui ont marqué la France.

L’esprit de Vichy : désigner l’autre, humilier le fidèle, trahir les siens

À Vichy, ce fut au nom de la France qu’on décida que les Juifs devaient être distingués, fichés, exclus,déportés. La République avait cessé de les protéger. Elle avait préféré s’adapter à l’air du temps, au climat de haine, au désir d’expier une crise en désignant un coupable commode. Vichy abandonna lesJuifs français, les livra à la barbarie nazie, au nom d’une « paix » illusoire et d’une collaboration honteuse. Plus de 76 000 Juifs furent déportés de France, dont 11 000 enfants, souvent avec la complicité active des autorités françaises.
Et aujourd’hui, c’est ce même mécanisme pervers que vous activez, Monsieur Macron. Alors que les Juifs de France sont agressés, menacés, assignés à résidence communautaire par la terreur islamiste – avec plus de 436 actes antisémites recensés rien qu’au premier trimestre 2025, une explosion continue depuis les pogroms du 7 octobre 2023 –, vous pointez leur supposée dérive, leur « particularisme », leur refus d’un universalisme que vous-même trahissez. Comme sous Vichy, le message implicite est clair : « Si les choses tournent mal pour vous, c’est que vous l’avez un peu cherché ». Ce n’est plus la République qui protège. C’est la République qui sermonne.

Vous accusez les Juifs de se replier ? Ils ferment leurs écoles. Ils fuient les universités. Ils migrent de banlieue en banlieue. Ils émigrent par milliers, fuyant une France où l’antisémitisme est « alarmant », avec 34% des moins de 35 ans estimant que les Juifs sont plus riches que la moyenne, perpétuant des stéréotypes séculaires. Où est l’universalisme quand on ne peut plus porter une kippa sans risquer un coup de couteau ? Où est la fraternité quand les synagogues doivent être barricadées ? Où est l’égalité quand un enfant juif ne peut plus être inscrit dans un collège public sans être harcelé ?
Et comme en 1940, la France officielle détourne le regard. Et pire : elle soupçonne. Vichy a trahi les Juifs français. Vous trahissez leur mémoire. Ce n’est pas une analogie historique hasardeuse. C’est un continuum moral. Vichy a dit : « Les Juifs sont un problème. » Vous dites : « Les Juifs dérivent de l’universalisme ». Les deux disent : « Ils ne sont pas tout à fait comme les autres ».

De Gaulle et la double allégeance : un fantasme ancré chez nos dirigeants

Ce soupçon n’est pas nouveau ; il est solidement ancré dans le fantasme de nos responsables politiques, comme l’illustre Charles de Gaulle lui-même. En 1967, lors de sa fameuse conférence de presse, de Gaulle qualifia les Juifs de « peuple d’élite, sûr de lui et dominateur », insinuant une loyauté divisée vis-à-vis de la France et d’Israël. Plus tard, il mit en garde les Juifs contre toute forme de double allégeance : « Notre sympathie pour les Juifs est indiscutable », mais il prévint qu’il ne tolèrerait pas de « double allégeance de leur part ». Ces propos, énoncés par le libérateur de la France, ravivèrent les vieux tropes antisémites sur la « double loyauté » des Juifs, comme si leur attachement à Israël les rendait suspects aux yeux de la République.

De Vichy à de Gaulle, et maintenant à vous, Monsieur Macron, ce fantasme persiste : les Juifs seraient toujours un peu « autres », prêts à trahir l’universalisme pour des intérêts particularistes. Mais rappelons : la communauté juive incarne depuis l’émancipation de 1791 la fidélité à la République, même quand celle-ci les trahit. Ils ont combattu pour elle – dans les tranchées de 1914, dans la Résistance, dans les armées de la Libération. Ils ont aimé la France plus qu’elle ne les a aimés. Et aujourd’hui encore, ils la défendent – quand vous pactisez avec ceux qui la haïssent, en reconnaissant un État palestinien sans conditions, au risque d’encourager le terrorisme.

Le parallèle est glaçant. La blessure est profonde. Et l’avenir est en jeu. Vichy fut la grande honte dela France du XXe siècle. L’histoire a tranché. Votre posture pourrait devenir la grande honte du XXIe. Car il est un point commun entre vous et Vichy : la volonté de calmer la bête en nourrissant ses haines. Vichy croyait amadouer Hitler. Vous croyez apaiser les islamistes, les antisémites, les communautaristes. Les premiers ont déporté. Vous, vous stigmatisez. Mais le mécanisme est le même : sacrifier une minorité pour flatter une majorité bruyante.

Assez. Les Juifs n’oublient pas. Et la République ne vous oubliera pas. Vous devez vous excuser. Pas devant une “communauté”. Devant l’Histoire. Devant la République. Devant l’âme de la France. Car ce que vous avez dit n’est pas une simple faute politique. C’est une résurgence. Un signal. Une complicité. Et les Juifs de France – eux – n’ont pas oublié Vichy. Ni de Gaulle. Et ils reconnaissent les signes.

© Richard Abitbol

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6 Comments

  1. cher Richard quoi dire après ce réquisitoire implacable et malheureusement vrai. Merci pour cette plume qui mérite tout mon respect. nous avons une vision de la situation identique. le danger est a nos portes quand le president montre chaque jour un peu plus sson aversion aux juifs de France que nous sommes. Hazak ou Baroukh pour votre éditorial. Chabbat chalom.

  2. Oui, le PR doit s´excuser devant la République et devant les Français.
    Mais il ne le fera pas car ce serait reconnaître la faute morale et politique qu´il a commise -ou plus exactement les fautes morales et politiques car depuis le 7 octobre 2023, il les accumule. L´hybris dont il fait preuve l´en empêche.
    Et nous, Français qui ne cautionnons pas ses propos ni ses actes, portons le poids de la honte d´y être associés…

  3. Je me rappelle que, dès le printemps 2017, un internaute (ex sympathisant communiste mais resté fidèle à ses valeurs et anti mélenchoniste) sur un forum de L’Obs avait remarqué les similitudes entre la rhétorique de Macron et celle de Pétain/Vichy. Il m’a fallu neuf ou dix mois pour réaliser qu’il avait vu juste. Mais sept ans plus tard, la plupart des Français n’ont toujours pas compris…

    Macron incarne la Bête.

  4. Toute la communauté Internationale au lieu de demander le cessez le feu,MACRON EN TÊTE,
    AURAIT DÛ RÉUNIR TOUTES LES ARMÉES POUR RÉCUPÉRER TOUS LES OTAGES, ET ATTAQUER LE HAMAS POUR QU’IL N’EXISTE PLUS…Les pays et la France aboient, parlent mais n’agissent pas….IL N’Y AUCUNE FAMINE, SI N’EST LE HAMAS QUI A DÉTOURNÉ L’AIDE HUMANITAIRE ET REVEND À PRIX TRÈS ÉLEVÉ LES PRODUITS DES CAMIONS VOLÉS c’est le HAMAS QUI CRÉE LA FAMINE…ET CERTAINS PAYS CROIENT CE QUE LE HAMAS COMMUNIQUE À TORT…
    LES PALESTINIENS OBLIGÉS PAR LE HAMAS VEULENT DÉTRUIRE ISRAËL
    UNE RECONNAISSANCE D’ISRAËL ET SURTOUT LA LIBERATION DE CE QU’IL RESTE COMME OTAGES PERMETTRAIT PEUT ÊTRE UNE SOLUTION…À CONDITION QU’IL Y AIT TOUS LES PAYS QUI L’EXIGENT ET SEULEMENT APRÈS DES SOLUTIONS PEUVENT EXISTER.
    MACRON EN TÊTE DOIT D’ABORD DEMANDER LA LIBÉRATION DE TOUS LES OTAGES, LA REDDITION DU HAMAS ET UNE RECONNAISSANCE D’ISRAËL
    ENSUITE IL Y AURA DES SOLUTIONS. TOUTE AUTRE ATTITUDE DES PAYS EST UNE MÉCONNAISSANCE DU HAMAS QUI VEUT DÉTRUIRE ISRAËL. VEUT-ON UNE SOLUTION ?? MACRON NE SEMBLE PAS LA VOULOIR, SON ATTITUDE EST TOTALEMENT IRRÉFLÉCHIE.

  5. Nous, Juifs, avons déçu le Président, ils nous le dit, nous lui faisons de la peine, ne sommes-nous pas décidément bien coupables? Quel dommage que nous ne puissions davantage ressembler à, yalla, ses frères….

  6. Emmanuel Macron est l’un des principaux ennemis d’Israël et complices de l’islamisme. En ce moment, il tente d’entraîner l’Europe dans une guerre contre la Russie pour détourner l’attention de la seule véritable menace : celle que représentent l’islamisme et nos gouvernants. C’est objectivement l’un des dirigeants les plus dangereux au monde. Regardez qui sont ses alliés politiques à l’étranger : Justin Trudeau, Keir Starmer, Pedro Sanchez…Les pires traîtres, les pires collabos, les plus infâmes menteurs. C’est sous son impulsion que les médias français sont devenus l’une des pires machines de désinformation, y compris bien sûr antisémite, d’Europe. Je peux vous dire que tous les islamistes et fanatiques pro palestiniens que compte ce pays ont fêté l’arrivée au pouvoir de Macron comme LEUR victoire.
    Je ne pardonnerai JAMAIS à celles et ceux qui ont permis son maintien au pouvoir en 2022. Il est un peu trop tard pour s’affliger de l’ignominie de ce personnage qui avait déjà montré ce dont il est capable dès les deux premières années de son premier mandat.

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