Le feuilleton de l’été. « Torquefada, marxiste tendance Groucho »

Par Paul Germon

© Richard Kenigsman

Torquefada, de son vrai nom Quentin Lalourde , est grand, plutôt bien gaulé, toujours habillé en costard sombre comme un prof d’histoire qui veut jouer les révolutionnaires chic. Il parle avec l’aplomb d’un procureur mais la précision d’un stand-up raté.

C’est un marxiste tendance Groucho : il cite Lénine comme on balance une vanne, il croit renverser l’ordre mondial à chaque tweet, mais il glisse sur ses propres slogans.

Il a cette dégaine du type qui pourrait être sympa — grand sourire, blagues faciles, chaleur de bistrot. Sauf qu’à peine on parle d’Israël, ses yeux se plissent, son ton monte, et l’envie de trinquer s’éteint d’un coup.

Torquefada ne débat pas. Il dénonce.

Il voit du colonialisme partout, sauf à Gaza. Il s’émeut des enfants tués, mais jamais de ceux qui ont une kippa. Il parle de “résistance armée” avec cette tendresse de vieux militant qui a connu ses premières érections dans les pages d’Intifada Hebdo.

Ses anciens amis ? Quelques figures “tombées au champ d’honneur”, comme il dit, entre deux drones. Des cadres du Hamas, aujourd’hui réduits à l’état de tache sur satellite. Il ne les a jamais vraiment reniés. Il les “resitue dans leur contexte”. Ce fameux contexte qui justifie tout, sauf l’existence d’Israël.

Torquefada, c’est le mec qui commence ses phrases par “Je ne suis pas antisémite mais…” et qui finit par te faire regretter d’avoir posé la question. Il manie le double standard comme d’autres la baguette de chef d’orchestre : avec emphase, sans nuance.

Quand il prend la parole au Congrès du Parti Humaniste Européen, tout le monde l’écoute religieusement. Même Chimeric Givenchy se tait, c’est dire. Il évoque “les peuples opprimés”, “les martyrs oubliés”, “l’ignoble silence complice”…

On croirait un prêche, sauf qu’il termine souvent par un appel au boycott des dattes israéliennes et une standing ovation de Poucette Crampon, juchée sur sa caisse en bois.

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2 Comments

  1. Le nombre de fois que j’ai entendu cette phrase « je ne suis pas antisémite, mais »…, « je suis pour l’existence d’Israël (sic), mais… » ! Ce feuilleton de l’été est une bouffée d’oxygène, surtout, ne vous arrêtez pas.

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