Tribune Juive

Trump a sauvé la République islamique d’Iran. Par Frédéric Sroussi

Désolé de casser l’ambiance et de ne pas céder à l’euphorie générale des derniers jours, mais il est difficile de se réjouir du résultat de cette guerre entre l’Iran et Israël qui dura 12 jours.

Je lis les propos de ceux qui me reprochent de ne pas sauter comme un cabri sur ma chaise en remerciant Donald Trump. Ils me disent :

« Israël est un petit Etat », « L’aéroport était fermé » (ils ne peuvent donc plus voyager les pauvres), « il fallait bien que ça s’arrête », etc. 

Je suis témoin de ce « lâche soulagement » – dont parlait Léon Blum après les Accords de Munich – émanant d’une partie de mes compatriotes israéliens. 

En fait, je ne peux accepter le fait que les USA ont une fois de plus volé une victoire totale à Israël. J’avais plaidé dans un édito publié sur Tribune Juive pendant la guerre pour l’élimination de l’appareil politico-religieux de la République Islamique d’Iran et force est de constater que cela ne s’est pas produit. Khamenei, ses proches (sauf un) et ses ministres, les vrais patrons du régime, les stratèges, sont toujours aux commandes, et cela à cause de Donald Trump. Quand on veut frapper la tête de la pieuvre, on frappe vraiment sa tête et pas à côté ! Souvenez-vous de l’erreur historique commise par Menahem Begin en 1982 qui interdit à un sniper de Tsahal, qui avait le chef terroriste Yasser Arafat dans son viseur, de tirer. Yasser Arafat put ainsi par la suite continuer à frapper Israël et à grignoter des territoires israéliens en appliquant la stratégie du « Plan par étape » décidée en 1974 par les instances de l’OLP (les suicidaires Accords d’Oslo servirent de cheval de Troie parfait à la réalisation d’une partie de ce plan). Souvenez-vous aussi de l’erreur de George Bush qui décida de ne pas faire tomber Saddam Hussein lors de la 1ère Guerre du Golfe en 1991, ce qui amena son fils à lancer une nouvelle opération militaire en Irak en 2003 (même si déjà à l’époque je considérais l’Iran comme étant le danger prioritaire à éliminer). Enfin, et c’est une révélation, il faut savoir – comme me l’a raconté l’ancien chef de poste du Mossad à Téhéran – qu’un gouvernement occidental et des membres de l’armée iranienne fidèles au Shah d’Iran demandèrent en 1979 au Mossad d’éliminer l’Ayatollah Khomeiny : la réponse des services secrets israéliens – après concertation auprès du gouvernement israélien alors dirigé par Menahem Begin (dont ce fut la première grave erreur de jugement) fut : « Nous ne sommes pas les gendarmes du monde. » Nous sommes encore aujourd’hui en train de payer le prix de cette veule décision.

Je veux rappeler ici qu’après les frappes iraniennes contre l’hôpital de Beer-Sheva, le ministre de la Défense israélien Israël Katz avait dit « qu’il ne devait plus être permis à l’ayatollah Khamenei d’exister ». Quant au Premier ministre Benyamin Netanyahou, ses propos furent aussi très clairs lorsque sur la chaîne ABC le 17 juin il déclara que l’élimination de l’ayatollah Khamenei « ne mènera pas à une escalade du conflit, [mais au contraire] mettra fin au conflit ». 

Si Donald Trump avait vraiment voulu aider Israël, il n’aurait pas interdit à l’État juif de se débarrasser de Khamenei. Pire, en tordant le bras de l’héroïque Benyamin Netanyahou pour qu’il stoppe la guerre – alors qu’Israël infligeait des coups de plus en plus mortels au monstre iranien – Donald Trump a permis à l’Iran de préserver près de 50 % de son stock de missiles balistiques alors que l’un des deux buts de guerre officiels de l’État hébreu était la destruction totale de l’arsenal iranien.

Et que dire de ces humiliations infligées à Israël lorsque Donald Trump osa ordonner à pas moins de 52 chasseurs-bombardiers israéliens de rebrousser chemin pour qu’ils ne frappent pas des cibles militaires iraniennes suite à la violation du cessez-le-feu par le régime des ayatollahs ? Pour qui se prend ce mégalomane bouffi d’orgueil ?! 

Que dire aussi de ses propos proférés à la réunion de l’OTAN qui suivit le cessez-le-feu imposé à Israël lorsque le Président américain résuma ce conflit existentiel pour l’État juif à celui de « deux enfants se battant dans une cour d’école » ?

En volant sa victoire à Israël, Trump a permis de sauver le régime de la République islamique d’Iran qui était en train de vaciller. Nous savons pourtant que seule la destruction de ce régime de fanatiques apportera une vraie possibilité d’éloigner pour toujours la menace nucléaire iranienne (il serait difficile de trouver pire dirigeants). De plus, répétons-le, Donald Trump a permis à Téhéran de préserver un arsenal de missiles balistiques qui lui permettra d’attaquer de nouveau l’État juif quand il le jugera bon.

Pour couronner le tout, les Américains ont osé s’approprier le travail monumental et exceptionnel des Israéliens en prétendant qu’ils avaient un plan d’attaque et des espions en Iran depuis 15 ans. Si cela était vrai, pourquoi les Etats-Unis, connaissant soi-disant la dangerosité de l’avancement du programme nucléaire militaire iranien, n’ont-ils pas agi avant et ont précisé, dès les premières heures de la guerre par un communiqué du Secrétaire d’État Marco Rubio puis de Trump en personne, que l’action israélienne était « unilatérale et que les États-Unis n’y participaient pas » ? 

Donc oui, Donald Trump a sauvé l’Iran des ayatollahs en volant sa victoire à Israël, laissant de facto l’État juif dans l’incertitude face à l’avenir.

© Frédéric Sroussi

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