Pascal Boniface, ou l’art de la critique à sens unique. Par Paul Germon

Editions Max Milo. Janvier 2018

Il y a plus de vingt ans, Pascal Boniface publiait dans « Le Monde » une tribune intitulée « Lettre à un ami israélien ». Derrière ce titre trompeur, le directeur de l’IRIS n’écrivait pas à un Israélien, mais aux juifs de France. Et son message, bien loin de l’amitié, sonnait comme un avertissement : si vous ne prenez pas vos distances avec la politique israélienne, vous serez tenus pour responsables de la montée des tensions dans notre pays.

C’était en 2001. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, les pogroms de rue aussi : Ilan Halimi, l’Hyper Cacher, Mireille Knoll, Sarah Halimi, et tant d’autres. L’antisémitisme islamiste s’est enraciné dans certaines franges de la jeunesse française, galvanisé par une propagande antisioniste permanente. Et que fait Boniface ? Il continue d’expliquer, calmement, pédagogiquement, que tout cela serait, in fine, la faute d’Israël. Toujours Israël.

Pascal Boniface au meeting du Hezbollah. Octobre 2008
Les Pèlerins de l’IRIS au meeting du Hezbollah. Octobre 2008

Le deux poids deux mesures, comme grille de lecture du monde

Pascal Boniface ne manque jamais une occasion de dénoncer l’ »aveuglement occidental » ou la « dérive sécuritaire israélienne ». Il dissèque la diplomatie israélienne avec une minutie de procureur, appelle au boycott de ses compétitions sportives, commente chaque riposte militaire comme une offense à la morale. Il a publié des livres entiers pour dénoncer la prétendue confusion entre antisionisme et antisémitisme – tout en s’abstenant de condamner les véritables expressions de haine qui, elles, ne confondent rien du tout.

Pendant qu’il scrute Tel Aviv à la loupe, il détourne le regard de Téhéran, du Hamas, de l’AP corrompue, des dictatures du Golfe ou du Maghreb, dont les systèmes éducatifs, les médias et parfois les constitutions mêmes véhiculent une haine obsessionnelle des juifs et d’Israël. Sur ces régimes, Boniface n’a rien à dire. Pas un mot. Pas un livre. Pas une phrase.

Les juifs de France, seuls sommés de se justifier

Dans son discours, les seuls « communautarismes » problématiques sont ceux qui défendent Israël. Les juifs de France, lorsqu’ils expriment leur attachement affectif, culturel ou politique à l’État hébreu, sont accusés de double allégeance, de cécité morale. Mais les soutiens bruyants et souvent violents à la cause palestinienne, qu’ils viennent de groupes islamistes, de l’extrême gauche ou de la rue arabe, ne sont jamais interrogés. Ils sont même justifiés par une « colère compréhensible ».

À aucun moment Pascal Boniface n’a appelé les jeunes musulmans de France à la retenue, à la nuance, à ne pas transposer le conflit au Proche-Orient dans les rues françaises. Il n’a pas dénoncé les intimidations, les agressions, les slogans de haine lancés dans les cortèges prétendument pro-palestiniens. Il n’a jamais pris position contre les associations communautaires islamisées qui injectent le conflit dans les écoles, les syndicats, les universités.

Silence sur LFI et l’antisémitisme de salon

La France insoumise est devenue le principal relais de l’antisionisme haineux au Parlement. Quand Jean-Luc Mélenchon s’en prend au « parti étranger » ou accuse une députée juive de célébrer les massacres de civils à Gaza, Boniface détourne le regard. Lui qui, jadis, dénonçait le clientélisme communautaire des partis, semble trouver aujourd’hui parfaitement légitime que LFI caresse dans le sens du poil les mouvances islamistes et indigénistes.

Pascal Boniface, faux prophète de l’équilibre

Non, Pascal Boniface n’est pas « l’homme du Qatar » par contrat – encore que ses silences sur certains bailleurs mériteraient davantage de transparence. Mais il est assurément l’homme d’un tropisme idéologique, celui qui considère que la violence arabo-musulmane est une réaction, la violence israélienne une faute, et que la paix ne viendra qu’à condition que les juifs fassent taire leurs griefs, leur mémoire, et leur attachement à l’État d’Israël.

Ce double standard, cette critique prétendument universaliste mais aveuglément sélective, n’est pas de la géopolitique : c’est de l’alignement moral, pavé de contradictions, qui laisse les juifs de France toujours plus seuls, toujours plus désignés.

© Paul Germon

Pour rappel: « Pascal le bien nommé »:

Pascal Boniface, Note au PS, 2001: « Le lien entre la lutte contre l’antisémitisme et la défense à tout prix d’Israël tourne court, et peut même s’avérer contre-productif ». Lire ci-dessous

https://webmail.sfr.fr/webmail/download/Download.html?IDMSG=712519&PJRANG=1.12&NAME=2001BONIFACE++la+note+au+PS+.doc&FOLDER=INBOX&TYPE=DOWNLOAD&FROM=read

Pour Rappel: Un morceau d’anthologie: « Sénéchal grandbienluifasse » Lire ci-dessous:

https://webmail.sfr.fr/webmail/download/Download.html?IDMSG=712519&PJRANG=1.2&NAME=2003+07+24+Sénéchal+Grandbienluifasse.doc&FOLDER=INBOX&TYPE=DOWNLOAD&FROM=read


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7 Comments

  1. Merci Et il parle de « génocide » à Gaza, comme d’une vérité sainte ! Sortant de mes gonds, j’ai commenté : Menteur !

    Il se félicite du texte de Horvilleur… elle a rejoint ses dires Mais il se plaint, qu’on l’ait traité d’antisémite en ce. Grand bien lui fasse.

    Hermine Belgique Liège 🖐️🤗

  2. « Dérive sécuritaire d’Israël » : il y a de quoi être un peu nerveux quand on vit dans le seul état au monde que certains veulent exterminer ! Si Israël avait comme voisins la Suisse, le Liechtenstein et San Marin, les Israéliens seraient sans doute bien plus détendus.

  3. Belle analyse sur Pascal Boniface. Je ne crois pas dire de bêtises en affirmant que c’est lui et quelques autres  » intellectuels  » qui ont,après le 2eme tour des élections 2017, conseillé à Jean Luc Melenchon de cibler Israël et les juifs afin de plaire à un électorat potentiel de 5 millions de personnes. Cela dit , Melenchon n’a pas eu à se forcer pour suivre ces conseils…

  4. Bonifaçe , comme beaucoup:de potentats français et nombres d antijuifs bienpensants est tres probablement subventionné par une officine islamiste , qatari ou iranienne ou algerienne .
    La France est depuis longtemps le terrain de jeu ouvert pour les influences financieres du monde des dictatures musulmanes .

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