Après 11 mois de retenue, Israël change la donne. Par Hagay Sobol

Après 11 mois de retenue, malgré les tirs incessants du Hezbollah libanais sur ses agglomérations civiles, Israël a décidé de mettre un frein à l’expansionnisme chiite mondial. Un message clair adressé aux mollahs iraniens que le temps de l’impunité est terminé. 

Le lendemain du pogrom du 7 octobre, perpétré par le Hamas qui a couté la vie à 1200 israéliens de tous âges, le Hezbollah a déclenché une guerre de « solidarité avec Gaza », sans l’aval du gouvernement libanais. Depuis, l’on assiste à des pluies de roquettes, de missiles et de drones qui menacent plus de 4 millions d’habitants, provoquant l’exode de 60 000 personnes et fait des victimes, en majorité civiles, comme les 12 enfants druzes assassinés lors d’un match de football. En réalité, ce conflit s’inscrit dans une guerre d’encerclement sur 7 fronts de l’Etat hébreu, avant-poste occidental au Moyen-Orient : Gaza, Cisjordanie, Liban, Syrie, Irak, Yémen et Iran.

Ramener les habitants du Nord d’Israël chez eux et éviter un nouveau 7 octobre !

Ce n’est pas une guerre contre le Liban que mène Israël depuis deux semaines mais un changement de sa réponse face à l’agression du Hezbollah, déclenchée il y a 11 mois pour aider son allié du Hamas. Pris en étaux par les deux organisations terroristes qui visent des cibles civiles et utilisent les population gazaouie et libanaise comme boucliers humains, l’Etat Juif a épuisé toutes les solutions en vue d’une désescalade. Quel pays peut supporter des morts civiles, des blessés, une perte de souveraineté au Nord et au Sud, un exode de plus de 100 000 réfugiés et un dégradation dangereuse de son économie sans réagir de manière appropriée ?

Il devenait impératif de ramener les réfugiés dans leurs maisons, en toute sécurité. C’est l’invasion imminente de la Galilée par le groupe islamiste chiite, sur le modèle du 7 octobre qui a convaincu le gouvernement hébreu de passer à l’offensive sans plus tarder. Ainsi, Tsahal a reçu l’ordre de s’en prendre directement aux actifs du Hezbollah et leurs alliés, mais pas aux autres communautés. 

Le Hezbollah, un narco-Etat terroriste, bras armé de l’Iran 

Il n’est pas inutile de rappeler ce qu’est le Hezbollah. C’est un groupe terroriste chiite créé par la République islamique d’Iran. Il lui sert à la fois de bras armé dans sa politique hégémonique et de paravent afin de ne pas être mise en cause directement. « Le parti de Dieu » s’est fait connaître par des prises d’otages, l’explosion de l’Ambassade des Etats-Unis à Beyrouth, les attentats suicides de 1983, ayant fait près de 300 morts, contre les forces américaines et françaises mandatées par l’ONU, ceux de Paris en 1985 ou 1986. Et pour s’imposer au Pays du Cèdre, il fait régner la terreur contre tous ses opposants à la fois dans le camp chiite et les autres communautés.

Armé, entrainé et financé par les gardiens de la révolution islamique (Pasdaran), contrairement aux autres factions, il a refusé de rendre les armes lors de l’accord de Taëf de 1989, devant mettre fin à la guerre civile, sous prétexte de mener la « résistance contre l’entité sioniste », même après le retrait d’Israël du Liban-Sud. Il a construit, depuis, un vaste réseau de souterrains, de bunkers et de stocks d’armes, au milieu des habitations civiles. Il intervient dans de nombreux théâtres d’opération pour le compte de son parrain perse, comme en Syrie ou contre le centre communautaire juif AMIA en Argentine.

Progressivement, il a noyauté tout le Liban, s’est approprié le pouvoir, détourné l’économie du pays et transformé ce qui était naguère la Suisse du Moyen-Orient en Etat failli et de poste avancé de l’Iran. Il provoque des guerres contre Israël, à l’insu du gouvernement officiel, en 2006 et la conflagration actuelle. Il contrevient aux provisions de la résolution 1701 de l’ONU imposant son désarmement et le retrait de la frontière.

Mais le Hezbollah est bien plus que cela. De milice terroriste, il a progressivement muté en un narco-Etat. Outre la production locale de drogue, grâce aux plantations de la plaine de la Bekaa, il est devenu une plaque tournante du trafic mondial de Captagon, en lien avec les Cartels Sud-Américains et l’alliance avec le Venezuela. Ce qui lui assure des revenus considérables réinvestis dans des entreprises écrans qui démultiplient encore ses ressources. 

La différence entre la guerre contre le Hamas et le Hezbollah

En 12 jours, Tsahal et le renseignement ont décapité le haut commandement du Hezbollah, dont Hassan Nasrallah son secrétaire général, mis hors d’états de nuire nombres de cadres et d’opérationnels, détruit des missiles et rampes de lancement en quantité. « La milice terroriste la plus puissante du monde » a été affaiblie comme jamais au moyen de frappes puissantes mais ciblées et d’opération digne de « Mission Impossible » (épisode des bippers). D’après le porte-parole de Tsahal, l’incursion terrestre limitée a pour buts la pacification de la frontière et de mettre en application la résolution 1701. Cela passe par la neutralisation des tunnels et des stocks d’armes, la sécurisation des collines d’où partent les missiles et surtout repousser à distance les terroristes.

Le contraste est saisissant avec la guerre contre le Hamas à Gaza. Le 7 octobre a signé de manière sanglante l’échec de la politique de Netanyahou qui ne croyait pas en la possibilité d’une telle attaque, malgré toutes les preuves contraires. L’establishment a laissé non seulement le groupe de « la résistance islamique » s’armer, construire un bastion terroriste à l’échelle d’un territoire, comme au Liban, mais également l’initiative de l’attaque au moment de son choix. L’armée a découvert toute l’ampleur du dispositif sur le terrain. 

D’un côté, à Gaza, l’effet surprise, une absence manifeste de préparation et de stratégie à long terme. Et de l’autre au Liban, un conflit redouté donc préparé de longue date, avec des objectifs clairs, une banque de cibles mises à jour quotidiennement et une véritable stratégie visant à pacifier les relations avec Beyrouth après avoir réduit de manière drastique les capacités de nuisance du Hezbollah. 

La vraie menace stratégique, c’est l’Iran !

Que ce soit le Hamas ou le Hezbollah, même avec ses 150 000 missiles et ses centaines de milliers de combattants aguerris, à eux seuls ne représentent pas une menace stratégique. Le véritable danger existentiel, c’est l’Iran avec son programme nucléaire militaire et balistique qui lui permettra, s’il arrive à son terme, de sanctuariser son régime et d’imposer sa volonté au monde entier. 

Les apôtres de l’apaisement qui n’ont pas été impliqués dans un conflit majeur depuis des années ne perçoivent pas ce danger. Ils projettent sur le Moyen-Orient une vision occidentale très éloignée de la vision eschatologique des Mollahs perses. Pour les premiers, le monde est un vaste marché et la géopolitique, souvent, une variable d’ajustement pour la politique intérieure. Ils travaillent sur le temps court d’une élection. Pour la Théocratie de Téhéran, les rêves d’imposer un nouvel empire perse et leur révolution chiite pour hâter la venue du Mahdi, l’imam caché qui doit réapparaître à la fin des temps, priment sur toute autre considération. Elle travaille sur le temps long, un temps messianique !

Israël vient de changer radicalement la donne en portant des coups très durs au dispositif mis en œuvre depuis des années par l’Iran et pour lequel a été détournée toute l’économie du pays. Ce faisant, Jérusalem a exposé la faiblesse du régime des mollahs pris en étau entre le peuple iranien qui lutte pour sa libération et les coups de boutoir de Tsahal. 

La peur a changé de camp

L’Etat hébreu qui vient de démontrer sa supériorité militaire, technologique, stratégique et en matière de renseignement, est capable de mener dans le même temps des actions complexes sur plusieurs fronts, à Gaza, au Liban mais également à 1800 km de ses frontières contre les Houthis au Yémen. C’est un avertissement direct à Téhéran qui n’a plus désormais que deux mauvais choix. Soit s’abstenir de répondre à la hauteur de ses pertes pour tenter d’obtenir l’arme nucléaire le plus rapidement possible, soit attaquer frontalement Israël pour laver l’affront. Appelant dans les deux cas une réponse appropriée.

Le peuple israélien, très divisé avant le 7 octobre, a retrouvé son unité face à l’adversité. Car Tsahal n’est pas une armée de métier. Elle est composée de conscrits et de réservistes. C’est le peuple israélien dans toute sa diversité et il sait que s’il perd la guerre, ce sera la dernière. C’est une question de survie.  

Aussi, même si les occidentaux, malgré toutes les raisons pour intervenir, ne le faisaient pas, « Israël fera le job » parce qu’il n’a pas d’autre choix et pour l’ensemble du monde libre !

Mise à jour :

En réponse à l’élimination de Hassan Nasrallah, Téhéran a procédé en un tir massif de 200 missiles, (dont les missiles hypersoniques « Fattah » utilisés pour la première fois) sur tout le territoire israélien, y compris Tel-Aviv ou Jérusalem, au risque de détruire les lieux Saints. La majorité a été détruite par le système de défense multicouche hébreu (dont les Arrow 2 et 3). Les USA, la Grande Bretagne, la France et la Jordanie ont fait savoir qu’ils étaient intervenus également. On ne déplorerait qu’une seule victime, un palestinien de Gaza, tué par des débris. Dans le même temps un attentat sanglant a été perpétré à un arrêt de Tramway à Jaffa, par deux terroristes, vraisemblablement du Hamas qui ont mitraillé à l’arme automatique les passants. Pour l’heure, on compterait au moins 7 morts et 7 blessés. L’Iran a menacé de destruction l’Etat juif en cas de réponse à son attaque qui a été très largement condamnée au niveau international. Le gouvernement israélien a fermement répliqué qu’un telle agression ne pouvait rester sans réponse car sans le système antimissile les victimes civiles se compteraient par millier.

© Hagay Sobol

Professeur de Médecine, ancien élu, Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg et militant du dialogue interculturel 

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1 Comment

  1. Excellente analyse sur cette trilogie maudite qui s’autoalimente d’antijudaïsme à savoir théocratie, chiisme iranien, impérialisme persan.

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