Hamid Enayat. Tout crime de guerre, quel que soit le camp, profite à Khamenei

Refusons catégoriquement de succomber à la manipulation orchestrée par le régime iranien pour échapper à son renversement.

Il est indéniable que les kilomètres de tunnels souterrains complexes, parfois d’une profondeur de 60 mètres, ainsi que l’existence d’arsenaux de missiles et d’usines de fabrication de drones, ne peuvent être attribués au seul Hamas. Malgré cela, les partisans d’une politique conciliante envers le régime iranien ont initialement tenté de se disculper des agissements sanglants des mollahs, affirmant ne pas avoir de preuves de l’implication du régime iranien dans ce conflit.

Dans cette guerre, qui a déjà coûté la vie à des enfants innocents, le véritable bénéficiaire est Ali Khamenei et non Israël. Tout crime de guerre, quel que soit le camp, profite à Khamenei. Il tire avantage de la situation pour éviter une perte significative de puissance, galvaniser ses troupes, cultiver la haine et l’animosité dans la région. Un responsable du régime, le mollah Hamid Rassaei, va jusqu’à déclarer que la mort de 50 000 personnes à Gaza serait favorable aux mollahs.

Israël pourrait perdre cette guerre, même s’il parvient à éliminer le Hamas. Le véritable monstre du terrorisme se trouve à Téhéran, où la guerre et la terreur sont produites depuis quarante ans. C’est comme si Dracula se nourrissait du sang des enfants de Gaza et de celui de dizaines de milliers d’enfants iraniens envoyés sur les champs de mines pendant la guerre Iran-Irak.

Le terrorisme et le bellicisme sont devenus institutionnels sous le gouvernement des mollahs, la Force Qods ayant été créée pour diriger les milices étrangères.

Cette guerre marque un tournant, ouvrant deux voies distinctes. La voie de la paix nécessite la reconnaissance des deux pays, Israël et la Palestine, sur la base de la résolution 222 de l’ONU. La voie de la guerre implique une extension à d’autres pays et davantage de pertes humaines.

Bien que le Hamas puisse être éradiqué, la poursuite de la guerre et des massacres alimentera des forces encore plus radicales que le Hamas. De plus, elle sera soutenue par le principal acteur du terrorisme à Téhéran, maintenant l’antisémitisme, même dans les pays occidentaux.

Le régime des mollahs craint l’expansion de la guerre mais ne souhaite pas l’implication du Hezbollah pour éviter une escalade. Il soutient simultanément la persistance de l’hostilité entre Israël et le Hamas, excluant bien sûr une guerre à grande échelle. Khamenei est déterminé à maintenir cet état de fait, cherchant à élever l’hostilité au rang de conflit entre le monde islamique et l’Occident. Dans son discours inaugural après le début de la guerre, Khamenei a déclaré que le monde islamique a le devoir de soutenir les Palestiniens.

L’objectif est de transformer la guerre intérieure entre le peuple iranien et son régime en un conflit entre les musulmans et Israël, faisant fi de la menace de renversement du régime, légitimée depuis 2017 par des émeutes généralisées en Iran.

La destruction d’Israël n’est qu’un prétexte pour déclencher la guerre et rassembler des forces régionales. Khamenei n’a jamais eu l’intention de s’engager dans une guerre avec l’Amérique ou d’affronter Israël, sachant qu’il y perdrait et risquerait de perdre son gouvernement. En Iran, les mollahs n’ont pas réussi à mobiliser le peuple et à déclencher des manifestations contre Israël. Les citoyens qui ont payé le tribut de la guerre et du terrorisme du régime pendant quarante ans, avec la faim et la pauvreté touchant les deux tiers du peuple iranien, savent que cette guerre ne profite qu’à Khamenei, et ils ne veulent pas être manipulés par les mollahs.

Contrairement à la tentative du régime de le dissimuler, les mollahs s’accrochent à cette guerre malgré leurs faiblesses. La semaine dernière, Alejo Vidal Quadras, ancien député européen critique du régime iranien, a été la cible d’une tentative d’assassinat à Madrid, attribuée par lui-même aux mollahs de Téhéran. Les plus de 600 exécutions depuis le début de 2023 témoignent de la faiblesse et de l’impasse du régime iranien.

Comme tout autre dictateur, Ali Khamenei a récemment destitué certains députés, resserrant encore davantage le cercle des initiés. Le régime est cerné par un soulèvement pour lequel il ne trouve pas de solution. Tous les facteurs économiques, matériels et culturels qui ont déclenché ce soulèvement sont toujours présents. Selon un rapport interne divulgué le 8 novembre 2022, Khamenei soutient qu’une crise doit être créée hors des frontières et dans la région, en utilisant les pays arabes, en particulier l’Arabie saoudite, à des fins de modération avec les Accords d’Abraham. À l’intérieur, la répression s’intensifie.

La véritable guerre dans la région se déroule entre le régime iranien et la population de ce pays. Il s’agit de la seule guerre véritable visant à libérer l’Iran des envahisseurs du fascisme religieux et à stabiliser la région, et c’est sur cette lutte que nous devrions concentrer nos efforts.

© Hamid Enayat

Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.

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