Daniel Salvatore Schiffer. Amélie Oudea-Castera: Le manque de classe, sinon d’éducation, pour une ministre déplorant le manque de classes à l’école

La ministre Amélie Oudéa-Castera lors de la passation avec son prédécesseur Gabriel Attal, vendredi © AFP – Xose Bouzas / Hans Lucas

Il est pour le moins paradoxal, et l’on ne sait si c’est le ridicule de la situation ou la maladresse du propos qui est le plus à blâmer en cette triste circonstance, que le nom, Amélie Oudéa-Castéra, de la nouvelle titulaire d’un ministère aussi important, au sein de la République Française, que celui de l’Education Nationale, soit désormais plus connu pour sa toute récente mais énorme bourde – le fait qu’elle ait avoué ouvertement, pour sa première sortie politique, que, face aux carences de l’école publique, elle avait choisi de mettre ses enfants dans l’enseignement privé, le très catholique collège Stanislas, à Paris – plutôt que pour ses réelles compétences en la matière.

UNE COMPETENCE MINISTERIELLE SERIEUSEMENT MISE EN DOUTE

Ses compétences dans le domaine de l’Education Nationale, on pouvait déjà raisonnablement les mettre en doute, du reste, au vu de son curriculum vitae : une ancienne joueuse de tennis, très moyenne de surcroît, peut elle, en effet, se montrer sérieusement à la hauteur de cette éminente et très sensible fonction ministérielle, nonobstant sa brillante carrière comme haut fonctionnaire au sein de la très complexe administration française ?

LA CONFUSION DES GENRES : QUAND LA FORME DU DISCOURS OCCULTE, PAR SON OUTRANCE VERBALE, LE FOND DU PROBLEME

Certes, y avait-il un fond de vérité, par-delà son étonnante désinvolture, et surtout son patent manque de tact, dans la dure critique que cette ministre vient donc d’émettre aussi précipitamment, au lendemain même de sa nomination, par ailleurs déjà objet de légitimes polémiques dès le départ, à l’encontre de l’école publique. Mais était-ce vraiment là, au vu de son rôle en tant que Ministre de l’Education Nationale précisément, le moment tout autant que le lieu de cracher ainsi dans la soupe, au risque d’insulter par là la profession, tout entière et sans nuances, qu’elle est pourtant censée, au contraire, protéger, améliorer et diriger tout à la fois ?

C’est dire si, dans cet étrange et surtout très malvenu mélange des genres, la forme du discours ministériel a fini par occulter là, par son outrance verbale, le véritable fond du problème !

UNE INSULTE AU MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE TOUT AUTANT QU’A L’ECOLE PUBLIQUE

Davantage : c’est l’école française en son ensemble, et donc son propre Ministère au premier chef, dont le travail des ministres qui l’ont précédée à ce poste, qu’elle a ainsi inconsidérément – stupidement, oserais-je dire, plus encore que maladroitement – dénigrés.

LE MANQUE DE CLASSE, SINON D’EDUCATION, POUR UNE MINISTRE DE L’EDUCATION DEPLORANT LE MANQUE DE CLASSES A L’ECOLE

Oui : quel flagrant manque de classe – c’est le cas de le dire, en l’occurrence  – pour cette Ministre de l’Education, visiblement peu éduquée en matière de formalisme politique, déplorant ainsi à l’emporte-pièce, justement, le désolant manque de classes, plus encore que les non moins regrettables lacunes d’enseignement par faute d’enseignants, à l’école !

Pis : et l’éducation même, de la part de cette inénarrable ministre, dans tout cela ? Peut-elle devrait-elle effectivement retourner à l’école pour apprendre, sinon cette minimale politesse due à son prestigieux rang, du moins les bonnes manières !

LA LAÏCITÉ FOULÉE AUX PIEDS ET UN AVENIR POLITIQUE DÉJÀ COMPROMIS

Et puis, peut-être plus grave encore, en dernière analyse, pour une ministre de la République censée connaître et respecter l’inaliénable principe, comme les imprescriptibles lois, de la laïcité : est-ce vraiment là, encore et toujours, le rôle d’une authentique ministre républicaine que de privilégier une institution privée, catholique de surcroît même si certes éminemment respectable, au détriment l’école publique ? 

Mal joué, en effet, de la part de cette ancienne joueuse, paraît-il, de tennis, mais dont surtout, par voie de conséquence, l’avenir politique, plus encore que la crédibilité professionnelle, semble ainsi déjà assombri, sinon compromis, voire plombé !

LA FAUTE À ATTAL ET MACRON

Mais qu’à cela ne tienne : le plus coupable, en cette lamentable affaire mais réelle faute politique, est le tout nouveau Premier Ministre, Gabriel Attal, qui vient de nommer ainsi, probablement sous la directive houlette de son autoritaire maître, Emmanuel Macron en personne, une ministre dont le seul mérite, en matière d’Education Nationale, est, confondant misérablement là ce crucial et vaste Ministère avec celui des Sports, des Jeux Olympiques et Para-Olympiques, la maigre, sinon médiocre, récolte de lauriers exclusivement sportifs.

UNE AFFLIGEANTE VIE POLITIQUE

Affligeant, pour ne pas dire indigne, ce navrant manque de sérieux, doublé de manifeste incompétence par-delà ses nombreux mais démagogiques effets d’annonce, sinon de seul marketing, au sein de l’actuelle vie politique française !

© Daniel Salvatore Schiffer

                                                     DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, auteur d’une quarantaine de livres, dont « Philosophie du dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps » et « Le dandysme, dernier éclat d’héroïsme » (publiés tous deux aux Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » et « Lord Byron » (publiés tous deux chez Gallimard-Folio Biographies) et directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » et « Repenser le rôle de l’intellectuel » (publiés tous deux aux Editions de l’Aube, avec la collaboration, pour le premier, de la Fondation Jean Jaurès).

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2 Comments

  1. L’article est vraiment sans intérêt d’autant qu’il relaie toutes les critiques et ricanements dont les élections des ministres font l’objet à peine élus !
    Et d’autant que cet article ne changera absolument rien et ne fait que se glisser dans la majorité du flux ordinaire !

  2. On a déjà vu ça mille fois ailleurs.
    Et mal écrit ; langage prétentieux, lourdingue, phrases inutilement longues et tortueuses.
    Concernant Madame la Ministre AOC, elle s’est avérée d’emblée incompétente pour ce poste et probablement pour n’importe quel poste de responsabilité.
    Sachant que l’info diffusée par Médiapart (les enfants de AOC à l’école Stanislas) ne l’avait pas vraiment pour cible. Sa finalité réelle fut de rappeler la nature de ce gouvernement, effectivement constitué très majoritairement d’une haute bourgeoisie parisienne, dont AOC est un bel exemple et surtout son mari (ancien Président de la Société Générale, Président actuel de Sanofi).
    AOC aurait bien pu ne pas réagir ; sinon confirmer l’info en signalant qu’elle est dans son droit, que l’école privée est légitime car fonctionnant sous contrat avec l’Etat ; et qu’elle est bien placée pour connaitre la médiocrité du niveau de l’Education Nationale vue son expérience personnelle avec ses propres enfants.
    Au lieu de quoi elle s’attaqua aux enseignants et à leurs syndicats en soulevant le lièvre de l’absentéisme des enseignants…

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