Richard Prasquier. L’hôpital de Gaza et le refus de la vérité

En apprenant le bombardement de l’hôpital, uniformément attribué alors à Israël, j’ai eu un sentiment d’accablement. Que Israël bombarde un hôpital et le rase, parce que un nombre de victimes aussi important sous-entendait que l’hôpital avait été rasé, était une  pensée  insupportable. Je sais évidemment l’usage que le Hamas fait des hôpitaux où il place des installations militaires, action rigoureusement interdite, connue de la communauté internationale qui  la dénonce mollement. J’approuve la détermination à détruire le Hamas, et j’imagine les dilemmes des décideurs israéliens. Mais qu’ils aient volontairement bombardé un hôpital était une idée désespérante.

L’accablement s’est vite associé à l’incrédulité. Faire un acte pareil  le jour même où le Président américain arrive en Israël, c’est cracher au visage d’un ami, du seul ami, peut-être, dont le soutien est vital pour le pays, un homme qui avait  insisté sur la protection des populations civiles au cours de son discours à la suite des massacres terroristes en Israël. Un chef de gouvernement israélien qui aurait validé une telle action à un tel moment aurait mérité d’être envoyé en maison psychiatrique. 

La journée du 18 octobre a permis de comprendre. Mais de constater une fois de plus que certains préfèrent ne pas comprendre …

Dès les premières minutes, le mal médiatique était fait: Al Jazeera montrait la catastrophe en annonçant de façon hypocritement neutre  qu’elle était le résultat d’une “frappe aérienne”. Ce terme valait à lui seul condamnation d’Israël. Le Hamas avec le sens de la nuance qui le caractérise, embrayait immédiatement sur ce  “crime de génocide qui révèle à nouveau l’affreux visage de l’ennemi criminel et de son gouvernement terroriste et fasciste”.

Dans la soirée, le Quai d’Orsay publiait un communiqué condamnant  la “frappe” contre l’hôpital al-Ahli. Il n’était pas le seul à utiliser cette terminologie accusatrice, mais il faut reconnaitre que certains organes de presse, y compris parmi ceux qui sont hostiles à Israël , ont d’emblée été plus prudents.

En effet, les Israéliens ont vite suggéré la possibilité du raté d’un tir de roquette palestinienne, comme cela avait été le cas dans l’opération Bouclier et Flèche du mois de mai 2023 où 20% des tirs du Hamas s’étaient écrasés dans la bande de Gaza. Sur le moment, l’explication des Israéliens  était inaudible, mais dès le lendemain matin ils apportaient des arguments incontestables, qui ont convaincu les experts du monde entier. 

Le plus important de ces arguments se trouvait d’ailleurs dans la video même de “Al Jazeera” qui, analysée avec soin, aurait dû attirer la suspicion quant à une “frappe aérienne”. Elle montre un objet lumineux parti depuis la bande de Gaza qui montait  presque à la verticale avant d’exploser en vol. Six secondes plus tard, deux explosions surviennent au sol, dans un endroit plus tard géolocalisé comme le parking de l’hôpital, alors que le bâtiment lui-même est à peine touché. Elles sont manifestement la conséquence de l’explosion qui a eu lieu dans l’air.

D’où provient cette dernière? La théorie d’une interception par un missile israélien de l’Iron Dome, qui  agit en aval sur la trajectoire, a été vite abandonnée. Il reste  l’hypothèse d’une panne du propulseur de la roquette dont les débris remplis de carburant ont mis le feu au parking et à la pelouse où se trouvaient des habitants, tragiquement venus aux abords de l’hôpital pour se mettre à l’abri de bombardements. 

L’absence de cratère au point d’impact confirme pour les experts qu’il ne s’agit pas d’une bombe israélienne au standard habituel. Des images comparatives ont été montrées.

L’embrasement était trop important pour une fusée Quassam du Hamas . Les experts ont donc pensé à la fusée Badr 3. Cette fusée iranienne a une grosse tête explosive de plus de 300 kg et le Djihad Islamique se vantait de les envoyer sur Haifa. Mais il n’en a pas maîtrisé la propulsion. 

Toutes les données techniques convergent vers la responsabilité du Djihad islamique, que les Israéliens pensaient avoir largement détruit il y a six mois …

Mais les organisations palestiniennes n’assumeront pas cette responsabilité, malgré les déclarations absolument concordantes des experts. 

Ceux-ci se gardent souvent de porter des conclusions définitives et demandent à voir des fragments de pièces récupérées au sol . Mais ils savent qu’ils ne les verront jamais, car une enquête neutre sur place est un voeu pieux.  

Cette rigueur scientifique a malheureusement un effet désastreux: elle fait courir l’idée paresseuse qu’il y a un doute, ce qui permet aujourd’hui encore, alors que en quelques heures la lumière s’est faite sur cet événement tragique, de laisser place à la rumeur de deux hypothèses aussi incertaines l’une que l’autre, celle des Israéliens et celle des Palestiniens. 

C’est la fameuse neutralité qui accorde 5 minutes aux Juifs et 5 minutes à Hitler. 

Dans le monde musulman, l’hypothèse de la responsabilité d’Israël a enflammé les foules de Tunis à Kuala Lumpur. Sa remise en cause n’est pas de saison. Elle sera attribuée à la sournoiserie habituelle des sionistes, qui commettent un crime et en accusent les Palestiniens…

Les déluges de haine sur les réseaux sociaux n’ont que faire des conclusions des experts. Il reste à savoir dans ce drame si les commentateurs vont continuer de mettre la balle au centre. Dans ce conflit qu’une partie de l’opinion publique regarde en réalité comme un match, on sait que le célébrissime Benzema a choisi son camp et qu’il espère entrainer ses millions de followers. 

Mais on est stupéfait que les dirigeants de “MSF France” n’aient toujours pas corrigé leur déclaration suivant laquelle ils étaient “horrifiés  par le bombardement israélien de l’hôpital Al-Ahli”.

Moi, je suis encore accablé, mais cette fois-ci par la dérive idéologique de cette organisation prestigieuse.

© Richard Prasquier

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