Krystyna Budnicka. Les 80 ans du soulèvement du ghetto de Varsovie

Krystyna Budnicka, dernière survivante du soulèvement du ghetto de Varsovie   –  Tous droits réservés  euronews
Krystyna Budnicka.  © / afp.com/Janek SkarzynskiANEK SKARZYNSKI
Krystyna Budnicka visite l’exposition “Autour de nous, une mer de feu”. Musée Polin. Varsovie. © Janek Skarzynski/AFP

80 ans après l’insurrection du ghetto de Varsovie, Krystyna Budnicka, née Kuczer, 90 ans, se rappelle le moment de l’insurrection: “J’ai senti que ça brûlait autour de moi. On sentait la chaleur des murs qu’on ne pouvait pas toucher (…) comme dans un four à pain”, raconte-t-elle depuis Varsovie, ville où elle vit toujours. (Elle et sa famille, qui habitaient 10, Place Muranowski dans le quartier juif avant la guerre, vécurent dans le ghetto. Après la guerre, elle choisit de rester à Varsovie).

Le 19 avril 1943, quelques centaines de combattants juifs attaquèrent les nazis, préférant mourir l’arme à la main plutôt que prendre le chemin des chambres à gaz.

Au début du soulèvement, quelque 50.000 civils se cachaient toujours dans des caves et bunkers.

Les Allemands réprimèrent l’insurrection et mirent le feu à tout le quartier.

Krystyna a dix ans lorsque l’insurrection éclate. Elle vit déjà depuis plusieurs mois dans un bunker construit par ses frères sous son immeuble au coeur du ghetto. Toute sa famille de dix personnes, ainsi que d’autres, s’y cachaient en espérant survivre à la terreur allemande.

“Je me sentais faible, impuissante, abattue, envahie par la torpeur, comme si tout se passait en dehors de moi. Je serrais ma mère dans mes bras, j’avais peur, j’avais faim, j’étais faible, c’est surtout la faim qui rendait faible( …) Rien ne dépendait de moi”, se souvient-elle. Certains sont restés bloqués sous la terre pendant trois semaines avec juste de l’eau, du sucre et un peu de confitures. Nous étions serrés et il fallait garder le silence, nous sentions la fumée car les Allemands brûlaient le ghetto, rue après rue”, ajoute-t-elle. 

Certains, dénoncés, sont envoyés à Auschwitz-Birkenau, ou à Ravensbrück. 

Krystyna raconte s’être sauvée du bunker par les égouts, alors que ses parents et sa soeur, affaiblis et incapables de marcher, y sont restés pour toujours: “Maman m’a dit de continuer. Je considère cela comme son testament signifiant que je dois poursuivre, et vivre”, dit-elle encore, rapportant comment, exténuée de fatigue et de faim, elle dut “réapprendre à marcher, après huit mois sous terre sans bouger”. “Non, je n’ai pas pleuré les miens, parce je n’ai plus de larmes”, finit-elle.

Krystyna qui ne cessa de témoigner ajoute dans une forme de fatalisme: “A l’issue de la guerre, je me souviens de m’être dit qu’après ce qu’il venait d’arriver, cela n’avait plus le droit de recommencer, que le monde a appris quelque chose, mais très vite il s’est avéré que si”.

Depuis 1986, Mme Birenbaum voyage sur le site de l’ancien camp d’Auschwitz. Le 18 avril, elle prendra part à “La Marche des vivants”, organisée depuis des années en hommage aux victimes de l’Holocauste, et dira aux jeunes que la vie est au dessus de tout, que chaque jour, chaque minute, chaque instant compte, qu’il faut garder espoir, se battre pour vivre, pour être libre”.

Pour rappel: Le ghetto de Varsovie fut créé par les Allemands un an après l’invasion de la Pologne en 1939. Sur un peu plus de trois kilomètres carrés, les nazis y entassèrent jusqu’à 450.000 juifs, pour les exterminer par la faim et les maladies, ou les déporter vers le camp de la mort de Treblinka.

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*