Charles Baccouche. Le Judaïsme est une fête

                                 

On parle souvent mais inconsidérément des trois religions monothéistes dites révélées: Judaïsme, Christianisme, Islam, par ordre d’apparition. 

Le Christianisme serait venu parachever la Loi et la remplacer par l’amour, l’Islam serait né spontanément d’une révélation tardive s’appuyant sur les deux autres religions.

Une religion est le lien établi entre Dieu avec des adeptes qui l’ont soit découvert grâce à un messie ou un inspiré élu, Mohamed. D’autres religions se sont exprimées dans l’Histoire humaine en Afrique, en Asie, aux Amériques, révélant des Dieux multiples avec parfois l’intuition d’un Dieu unique : Le Grand esprit des indiens, l’UN de Platon et de Plotin.

Ainsi va le monde, trois religions sœurs et ennemies se targuent de connaître le même Dieu, mais avec des sensibilités différentes, et même engagées dans de sanglants conflits.

Certes, est-il admis, les Juifs furent les découvreurs de Dieu, mais ayant failli, trahi la parole suprême, ils seraient frappés d’opprobre et même poursuivis par une malédiction ancestrale. Mais ce peuple opiniâtre et minuscule refuse de disparaître pour laisser les vrais croyants se réjouir de la présence divine, enfin libérée de cette empêcheuse de prier en rond.

Les idolâtres sont gênés de célébrer leurs chimères. 

En effet, cette idée reçue se heurte à la survivance de ce petit peuple malgré tous les efforts pour qu’il disparaisse, soit par la prédication soit par l’épée, celle-ci a été bien plus utilisée que celle-là, La chrétienté s’efforce d’évangéliser le Monde mais les Juifs constituent un obstacle à la diffusion de la   “Bonne nouvelle“. 

Les musulmans exigent d’islamiser le Monde, mais non seulement les Juifs ne se convertissent pas, mais ont l’audace de recréer un État en plein cœur de la famille musulmane.  Les Juifs, quant à eux, n’ont aucun projet de judaïser quiconque. 

N’en déplaise aux antisémites, ce n’est ni un sentiment de supériorité, ni une volonté de s’isoler qui anime ce peuple. C’est justement le Dieu tout puissant révéré par les Monothéistes qui a décidé que “ce peuple ne sera pas compté parmi les Nations”. 

C’est écrit dans nos livres.

Ainsi nous découvrons que ce petit peuple n’a pas une vocation religieuse mais une triple mission dans l’Histoire : 

révéler sur la Terre qu’Il est le seul Créateur, au Ciel on le sait de toute éternité. C’était le rôle d’Abraham. 

diffuser la Morale, transcendante source de vie enseignée par Moïse le Serviteur de l’Eternel.

recevoir une terre particulière des mains du Maitre des Mondes. “Une terre toujours sous l’œil de Dieu” 

L’Histoire du Peuple juif va marquer la grande Histoire: Ses tribulations, ses échecs, ses déboires, renforceront la stupéfaction que sa présence envers et contre tout provoque.

Que ce soit pour affirmer que les Juifs seraient maudits pour témoigner de leur relégation, ou pour déceler un mystère surnaturel dans leur stupéfiante survie, les Juifs témoignent que  l’Histoire de l’Homme se déroule sous le regard de l’ÊTRE-UN, L’ÊTRE DE PLENITUDE, selon le mot de Manitou.

Ce peuple solitaire découvre puis révèle que l’Absolu infini gouverne l’Univers, le Monde et tout ce qu’il contient. Une volonté toute puissante et libre, s’exprime par “le feu dévorant” créateur de La Terre et l’eau, le gaz et la matière dans tous ses états et de tous les corps qui constituent l’immensité du cosmos. 

De l’étoile lointaine à la première galaxie des temps obscurs, l’Univers procède de cette insaisissable Puissance. Des siècles de tâtonnements nous ont amenés à la découverte de l’énergie inépuisable contenue dans la sphère infime de l’atome pour le meilleur et pour le pire. 

Désormais, la présence de l’Homme sur cette planète dépend de ses choix sages ou fous. La Thora nous a avertis: la liberté octroyée à l’Homme n’est pas une image de rhétorique, mais la réalité de sa ressemblance avec le Créateur. “L’Homme fait à l’image de Dieu” signifie que, comme Lui, il est libre de parachever le Monde ou de le détruire.

Longtemps nous avons cherché dans les manifestations naturelles la force suprême qui gouverne l’Univers, à l’entrapercevoir dans les sources et les astres, les forêts et les montagnes sans jamais y réussir. 

Un jour pourtant, un berger nomade déjà âgé, sans descendance, époux d’une femme vieille aussi, membre d’une grande famille, se prend d’une curiosité d’enfant et va de questions en découvertes.

Qui ou qui anime les éléments qui font le Monde? Il remonte l’échelle de la Causalité: Son but est de percer le secret du foisonnement des étoiles dans la nuit constellée et la journée éclaboussée de soleil: D’où vient ce pullulement? Ces arbres se ployant au rythme du vent qui passe, et ces blés nourriciers se balançant dans la plaine, et ces fleurs dans les champs vallonnés?

Il constate, ce berger : Le feu n’est certainement pas à l’origine du Monde, puisque l’eau l’éteint. 

L’eau, alors ? Non, plus puisqu’elle s’évapore et disparait.

Les nuages, peut-être ? Mais le vent les pousse et les disperse. 

Le vent s’apaise et se calme ? 

Le soleil est un bon candidat car il illumine et réchauffe la terre ! Mais il est éclipsé et se cache la nuit.

La lune si belle mais sa luminosité est trop faible pour retenir sa candidature.

En tâtonnements progressifs, Abram entrevoit qu’une Force sans limites et bienveillante dirige tout ce qui existe, tout ce qui est, les âmes et les choses.

Effet du hasard ou de l’Eternel, (Le hasard serait D ieu qui se promène incognito) une voix l’interpelle, comme si elle l’attendait sur le chemin qui mène à l’ineffable. Il s’entend appelé, deux fois par son nom, il répond: “Me voici- Hinéni” 

Nous aussi, nous entendons la voix, mais nous ne la croyons pas, c’est probablement un tour de notre imagination, entendre des voix relève de la psychanalyse. Armures de nos peurs, elles tamisent la lumière qui s’écoule des hautes sphères.

Mais lui, Abram, comprend que cet appel n’émane pas de ce Monde car son cœur est sans défaut, son esprit n’est pas tortueux, il est TAM-simple et droit.

Qu’entend-t-il ? Une Parole empreinte d’affection lui dit: “Quitte ton pays, ta famille, ta patrie pour aller là où je te montrerai”

Il rompt avec tout ce qui le tenait à Paran, et accompagné de sa princesse Saraï, de Loth et de ses biens, il est le premier hébreu dégageant la route qui mène vers la Terre que le Tout Puissant lui jure de donner à sa descendance, pour l’éternité. La conquête de Canaan commençant avec Abram  ne se terminera qu’après le dernier exil. 

Il devra conclure une Alliance de sang avec le Créateur par la circoncision, il changera de nom et Saraï aussi, il se nommera désormais Abraham et elle, Sarah pour la suite des temps.

Tant qu’il était ABRAM, ( le Haut père) et qu’elle était Saraï, ils ne pouvaient concevoir d’enfant, car telle était leur destinée sous ces noms, mais changeant de noms ils changèrent de destin (Le Midrash rapporte : Selon le texte biblique ; ACHEM lui dit: “Sors de ta tente et compte les étoiles du ciel : Aussi nombreuse sera ta descendance”; il faut lire “Sors de ton destin car sous le nom d’ABRAM tu n’auras pas d’enfant, mais sous le nom d’ABRAHAM tu seras le peuple d’une multitude de Nations”  

C’était donc lui et pas Sarah qui était stérile.

Plus tard, le Maître du Ciel et de la Terre lui dira: “Marche devant moi et sois droit

Il faut traduire : “Marche devant pour ouvrir la voie de l’avenir pour que l’homme devienne digne de l’existence que Je lui donne”.

Un fils, Isaac, leur naitra dans leur grand âge. C’est lui qui héritera de la Terre que le Tout puissant a juré de donner en héritage aux générations futures.

Isaac sera sauvé  et sera consacré à ACHEM pour toujours. Il épousera Rivka, son unique amour, sa seule épouse.

Ils vivront toute leur vie sur la terre d’Israël, ne parleront qu’une seule langue.  

Ils sont la préfiguration du peuple hébreu retrouvant sa terre délaissée durant des siècles, et qu’ils replanteront d’arbres, de fruits et de blé.

Mais avant il faut que l’Histoire poursuive des désastres

Deux enfants, des jumeaux naitront de Rivka et d’Isaac: Jacob, un garçon sage qui étudie près de sa mère et Esaü, un garçon sauvage, qui chasse pour son père.

Selon le prophète Zacharie ACHEM dit: “Esaü est le frère de Jacob, j’ai aimé Jacob”.

Jacob sera l’héritier du serment du Tout puissant : La terre ou coulent le lait et le miel est donnée à son peuple pour l’éternité. Chaque instant passé là est une parcelle d’éternité. 

Après bien des tourments et bien des déboires, Jacob deviendra Israël lors d’une lutte nocturne et héroïque avec un ange dont on ignore le but. Cet envoyé du Ciel le blesse puis le bénit et lui révèle que son nom est désormais “Israël, porteur de l’identité hébraïque”.

Les treize enfants de Jacob-Israël (douze garçons et une fille) se lancent dans l’Histoire humaine qui va les mener de l’esclavage à la liberté, au don de la Thora dont la finalité est d’enraciner la Morale d’en haut au sein du peuple entrant enfin chez lui. 

Ainsi armés et près de longues années d’épreuves au désert, ils s’installent chez eux autour de leur Roi qui est aux cieux et qui réside parmi eux.

On peut imaginer que chaque Juif est relié par un fil d’or à son père, à son roi qui le bénit.

En effet lorsqu’ils seront près d’entrer en Canaan dans les plaines de Moab, Balak le roi des Nations prendra ombrage de l’arrivée de “ce peuple qui vit seul, couché comme un lion” à l’orée de son royaume.

Ne pouvant le vaincra par les armes, il va mander Bilaam, le prophète des Peuples, pour qu’il maudisse Israël et le fasse déguerpir. 

On apprend que par trois fois, au lieu des malédictions, sa bouche bénit les hébreux et qu’il va jusqu’à chanter que “sont belles les tentes de Jacob”. 

La tradition nous conte que Bilaam, vrai prophète, soumis à la parole de Tout puissant, lui propose que puisqu’il ne peut les maudire, alors il les bénira !

Le Dieu d’Israël aura ce mot superbe: “Ne sois pas inquiet, ils sont bénis“.

Les hébreux sont un peuple solitaire et béni.

Bien d’autres misères les atteindront sans que jamais ils disparaissent des champs humains.

Les êtres inspirés, les sages, les poètes, les historiens seront stupéfaits de la ténacité de ce peuple qui des décombres des massacres ressurgit toujours fort au point, après le dernier effroyable génocide, de revêtir son identité première et de revenir en nombre sur la terre de ses pères pour s’appeler Israël.

Ce peuple étonnant poursuit sa route seul dans les méandres et les catastrophes de l’Histoire, persécuté et rescapé, blessé mais debout et vivant au-dessus de ses persécuteurs effondrés dans les ruines de leurs puissance épuisée. 

Les Juifs éparpillés dans le vaste Monde racontent l’Histoire d’un peuple et pas celle d’une religion. 

Le Roi d’Israël ne réside pas ici-bas, il règne dans les cieux des cieux et a donné à un peuple petit et sans malice la mission de répandre son nom parmi les hommes.

Avant Abraham, Il n’était connu que par les êtres d’en haut, depuis Abraham le nom de l’Eternel est proclamé sur toute la Terre.

Israël, par sa présence, perpétue cette révélation inouïe.

Lorsque les Nations béniront Israël, la paix règnera partout. 

                                                                      ©  Charles Baccouche

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