Maxime Tandonnet. L’atomisation de la politique française et le risque d’une déflagration (pour Atlantico- Extraits)

  • La stratégie de Jean-Luc Mélenchon et l’impact déplorable des députés LFI sur l’image du travail parlementaire peuvent-ils mener à l’explosion de la NUPES ? L’ancien président socialiste François Hollande et le leader de la CGT, Philippe Martinez, semblent notamment avoir pris leurs distances ce dimanche avec Jean-Luc Mélenchon… Le leader de LFI a finalement appelé Philippe Martinez à « oublier les propos diviseurs » pour réussir le 7 mars.

Le score élevé de la Nupes dans un contexte d’abstentionnisme titanesque a été l’une des surprises des dernières élections législatives. Il a fortement contribué à satisfaire la volonté populaire de priver le chef de l’Etat d’une majorité présidentielle absolue. Aujourd’hui les excès des Insoumis semblent susciter une prise de distance de ses partenaires communistes, écologistes et socialistes.  Cette alliance électorale soudée par le charisme de M. Mélenchon et son bon score aux dernières présidentielles a toutes les chances de voler en éclats dans les années à venir. Même la CGT prend ses distances. Mais ce phénomène concerne l’ensemble de la politique française. Le naufrage dans l’impopularité du président Macron et l’impossibilité pour lui de se représenter en 2027 annonce la disparition quasi inévitable de Renaissance. LR est en train d’exploser entre les partisans d’un ralliement à la majorité présidentielle sur la réforme des retraites et une forte minorité de ses adhérents et sympathisants ou électeurs qui déplorent ce rapprochement. Nous marchons vers une désintégration complète de la politique française sans le moindre signe d’une recomposition possible à ce stade.

  • La stratégie de la conflictualité, proprement Révolutionnaire, déployée par Jean-Luc Mélenchon risque-t-elle de porter ses fruits pour la grande journée de mobilisation et de grève générale prévue pour le 7 mars ? Le gouvernement sera-t-il obligé de reculer et de retirer son projet de réforme des retraites face à la rue, à la mobilisation et en cas de débordements le 7 mars ?   

La vérité, absolument taboue – personne ne le dit –  est qu’il a déjà beaucoup reculé. L’âge du départ à la retraite à 64 ans, compte tenu des 43 annuités obligatoires visait à faire travailler plus de 43 ans les personnes ayant commencé à travailler avant 21 ans, c’est-à-dire n’ayant pas fait de longues études. Cette mesure s’inscrivait dans la logique habituelle du mépris : faire payer la France populaire, ou périphérique. En principe l’exécutif a peu ou prou accepté, grâce à la pression de quelques réfractaires de LR, que nul ne soit obligé de travailler au-delà de 43 annuités (même s’il reste plusieurs poches d’iniquité dans la dernière mouture du projet). De fait, cela veut dire que le report de l’âge du départ à 64 ans est en passe d’être abrogé. Mais silence: il ne faut surtout pas le dire pour préserver l’illusion de la mise en œuvre d’une promesse présidentielle. Maintenant, le pouvoir macronien et le mouvement social s’affrontent autour d’une coquille en grande partie vidée de toute substance. Dans ce genre de situation, tout peut arriver. La prise de conscience que cette réforme est proche du néant peut certes aboutir à apaiser les esprits. Mais parfois, les grandes révoltes ou révolutions éclatent pour des symboles. Songeons à mai 1968 déclenché pour des broutilles. Dans le contexte d’impopularité et d’extrême tension sociale, une véritable explosion est évidemment possible. Dans ce cas, l’annonce du retrait symbolique des 64 ans interviendrait sans doute trop tard pour arrêter le mouvement.

© Maxime Tandonnet

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