Valérie Abecassis. La bêtise, le Liban et le Goncourt

Valérie Abecassis
BEYROUTH LIVRES 2022 / Le Festival du livre francophone au Liban se tiendra sans les auteurs français, accusés de sionisme

 La bêtise a ceci de rassurant en ce qu’elle ne déçoit jamais et comme l’eau, elle est partout. Mercredi 26 octobre devait s’ouvrir à Beyrouth l’évènement “Beyrouth Livres” parmi lequel une centaine d’auteurs français étaient invités. Et plus fort encore, à cette occasion une petite délégation française (bedonnante, ils déjeunent régulièrement et très très bien au Goncourt) devait annoncer les finalistes du fameux Prix littéraire au bandeau rouge.

La puissance du Goncourt, c’était la lumière qui devait éclairer pour un temps ce pays déchiré. Royaume pillé de ses richesses, vidé (en partie) de ses intellectuels, abandonné par sa bourgeoisie, ses artistes, ses merveilleux créateurs de mode et son peuple ou il n’est question que de débrouille, de trafics, de corruption, d’arrangements, de survie pour ceux qui peuvent et dont la descente vers le moyen-âge n’est qu’une question de temps.

Dernier signe offert par l’actu: la propagation “accélérée” du choléra et son eau contaminée.

Le Liban, ex phare du Moyen Orient, dont les députés libanais ont une nouvelle fois échoué à élire un successeur à leur président de la République Michel Aoun.

Le Goncourt et “Beyrouth Livres” c’était donc une pause, une halte, une parenthèse qui brassait des invités venus de partout, ou l’on aurait dû parler livres, littérature, fiction, docs, essais, échanges. Où les noms de Amin Maalouf, Khalil Gibran, Lamia Zadie, Selim Nassib, Ethel Adnan (artiste ) Selim Gosshub, Diane Mazloum auraient peut être été évoqués (même pas aborder la question du taux d’alphabétisation, d’accès à la culture gratuite, ou du ridicule nombre de livres traduits en arabe, non non même pas). On aurait dû parler de la vie.

Et voilà que Mohammad Mourtada, proche du mouvement chiite Amal, et accessoirement ministre de la Culture -(donc un type chargé de la Culture)-  accuse le 8 octobre certains auteurs participant au festival de soutenir “le sionisme”. Nous y voila.

Même si cet abruti a retiré son communiqué des réseaux sociaux, même si l’on peut imaginer qu’au Liban, comme partout sur la scène politique, ce ministre a été poussé par cette drogue qui consiste à vouloir absolument partager son opinion personnelle avec tous. On en reste bouche bée, affligée: Un crétin.

Selon l’AFP, M. Mourtada, (dont la formation est alliée au Hezbollah pro-iranien, ennemi juré d’Israël), n’avait pas précisé à quels auteurs il faisait allusion. Mais il avait affirmé qu’il “ne permettrait pas à des sionistes de venir parmi nous et de répandre le venin du sionisme au Liban”.

Pascal Bruckner. AFP / Ludovic Marin

Ainsi donc pour les nommer, Pascal Bruckner, Tahar Ben Jelloun, Pierre Assouline et Eric Emmanuel Schmitt (membre de l’Académie Goncourt) ont décidé évidemment de ne pas se rendre  au Liban. “Certains auteurs se sont désistés en raison de la situation sécuritaire dans le pays, et d’autres pour des raisons personnelles”, ont indiqué les organisateurs.

Mais la lumière est éteinte. 

Les auteurs en question on les imaginait plutôt barboter dans un hotel beyrouthin plaqué marbre, avoir un peu chaud et s’éponger le front, aller serrer des mains molles aux réceptions divers, dans les consulats et ambassades, chercher un peu d’alcool ( le monde des livres aime boire ) et refuser les baklawas plutôt que de parler Herzl et premier congrès de Bâle mais bon.

Mourtada aura confirmé une chose, pour ces abrutis-là Israël est partout et surtout dans les livres et dans le fond c’est tant mieux.

© Valérie Abecassis

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1 Comment

  1. “La puissance du Goncourt c’était la lumière qui devait éclairer pour un temps ce pays déchiré”…Un peu excessif, non ? Même si j’aime bien Bruckner, le Goncourt n’a pas plus de valeur que le prix Nobel de “littérature” et la France est aujourd’hui à peu de chose près aussi barbare et déchirée que le Liban.
    On n’est plus en mesure d’éclairer grand monde : le milieu éditorial parisien est à la littérature ce que les Tacos sont à la gastronomie…Et notre propre pays nous fait chaque jour un peu plus honte.

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