Amandine Hirou. Ecole: une note confidentielle révèle une offensive islamiste qui rappelle l’Affaire Paty

Une note des services de l’Etat datée du 27 août évoque en détail une mobilisation de la sphère islamiste sur les réseaux sociaux, ciblant la laïcité à l’école.

Al’approche de la rentrée scolaire, plusieurs messages, sur les réseaux sociaux, de comptes gravitant autour de la mouvance islamiste remettent en cause le principe de laïcité à l’école.

Une note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), datée du 27 août et que L’Express a pu consulter, évoque une offensive menée sur le Web visant à déstabiliser l’institution scolaire.

Le document énumère, avec force détails, les différentes stratégies en cours : encouragement à porter des vêtements marquant une appartenance religieuse à l’école, incitation à la prière au sein de l’école, chantage à la photo de jeunes femmes musulmanes dévoilées, conflictualisation entre personnels éducatifs et élèves…. 

Ces messages sont émis dans leur grande majorité, signale la note, par des comptes anonymes créés sur les plateformes TikTok et Twitter.

Des captures d’écran de ces comptes et des citations relevées sur les réseaux sociaux viennent appuyer ce constat.

“L’école n’est pas une excuse légiféré (sic) pour ôter son voile et retarder la prière”, avance ainsi un internaute. 

Le 23 août 2022, une influenceuse islamiste, suivie par 47 500 abonnés, publiait une vidéo sur TikTok, encourageant, en guise de défi, les jeunes femmes de confession musulmane à

“mettre une ceinture sur l’abaya [NDLR: longue robe portée au-dessus des autres vêtements] pour aller en cours pour pas qu’ils disent que c’est un vêtement islamiste”. Tandis qu’un utilisateur de Twitter livre ses “conseils pour prier au lycée”, d’autres acteurs considèrent également que “l’école/le travail ne sont pas des excuses pour ne pas prier à

l’heure”. “Ces expressions sont caractéristiques de la stratégie d’entrisme salafo-frériste visant à faire entrer des pratiques et rites religieux au sein de l’école républicaine”, stipule la note.

Celle-ci évoque également l’émergence d’une possible nouvelle “tendance”, à ce stade “encore marginale”, mais prise très au sérieux par le CIPDR : le “chantage à la photo, via la plateforme Snapchat”.

Dans certains lycées, “des jeunes femmes dévoilées qui portent le voile à l’extérieur de l’établissement” sont photographiées, “dans le but d’exercer sur elles une pression ultérieure”.

En toile de fond de tous ces messages : une remise en cause de la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école. “Cette loi est considérée, par les militants islamistes, comme la matrice de ‘l’islamophobie’ en France”, évoque la note. 

Celle-ci met également en cause le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) – qui

a remplacé le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) après la dissolution de ce dernier : “Le CCIE multiplie, ces derniers mois, ses appels à témoigner de situations qualifiées d”islamophobes’, notamment lorsque des jeunes filles se voient refuser l’accès à leur établissement scolaire en raison du port du voile”, écrit le CIPDR. Ces accusations trouveraient des relais “de plus en plus croissants” auprès du personnel des établissements scolaires qui, anonymement, remettent en question la neutralité religieuse à l’école. 

Et le CIPDR de citer un communiqué de personnels du lycée Charlemagne, dans le IVe

arrondissement de Paris : “Les élèves doivent pouvoir venir dans les tenues qui leur conviennent : trop couverts ou pas assez, c’est à elles et eux de décider!”

Quelques personnels d’établissemen participent “implicitement à la propagation de la rhétorique salafo-frériste à l’école”, dénonce encore le document.

Par ailleurs, il est ajouté qu’un certain nombre d’enseignants et de surveillants feraient régulièrement l’objet de critiques, voire de menaces sur les réseaux sociaux. Le CIPDR a observé ces derniers mois, “une recrudescence des messages menaçants”, visant particulièrement les conseillers principaux d’éducation dont l’identité “voire la domiciliation” ont été communiquées sur les réseaux sociaux.

Et les auteurs du texte de donner un exemple de cette tendance à la “conflictualisation” en citant le cas d’un parent d’élève. Dans une lettre vindicative, adressée à la direction du collège de sa fille, en Haute-Loire, ce père dénonçait l’interdiction faite à sa fille de porter une tenue “de type burkini” en cours de natation. Une façon, selon lui, “de participer à l’oppression et à l”islamophobie’ systémique dont seraient victimes les musulmans en France”. La vidéo accusatoire de quinze minutes, publiée sur YouTube, a été depuis retirée. “Cette agitation numérique rappelle le mécanisme ayant mené à l’assassinat de Samuel Paty”, conclut la note.

Près de deux ans après le meurtre de l’enseignant, l’institution scolaire a-t-elle véritablement tiré les leçons de ce drame et mis fin au fameux “pas de vagues”?

Comme le révélait L’Express le 21 septembre, le pôle national “Valeurs de l’école de la République”, chargé d’apporter un soutien opérationnel aux équipes sur le terrain, notamment sur les questions de laïcité, a envoyé, en ce début d’année scolaire, un courrier

d’alerte à toutes les académies, évoquant de nombreux éléments cités dans la note du CIPDR. Le 16 septembre, le ministère de l’Education nationale a, quant à lui, adressé une note à tous les recteurs pour rappeler les procédures à suivre en cas d’atteintes à la laïcité dans les établissements. Sans pour autant rentrer dans les détails de ces nouveaux modes

d’action constatés sur les réseaux sociaux. “Le ministère informe régulièrement les académies des tendances relatives aux atteintes à la vie scolaire, qu’il s’agisse des faits de violence, de harcèlement ou des atteintes aux valeurs de la République, en particulier à la laïcité”, déclare la Rue de Grenelle, sollicitée par l’Express. Sans se positionner sur cette inquiétante “recrudescence des messages menaçants” et sur les autres atteintes à la laïcité constatées par le CIPDR. Structure avec laquelle elle déclare travailler “très étroitement”.

Amandine Hirou, L’Express.

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