Covid-19 en Chine: Submergée par le virus, Shanghai isole aussi les cas négatifs

En Chine, la colère des habitants monte en raison des mesures mises en place pour enrayer la pandémie de Covid-19. 45 villes sont déjà concernées par des confinements plus ou moins stricts. Un concert de casseroles a retenti à Shanghai. Les habitants réclament à manger, et l’écrivent même sur les murs en projetant des lettres lumineuses sur les façades des immeubles. “Cela fait un mois qu’on est enfermés ! Je n’ai même plus d’œufs, même plus de produits essentiels, comme du riz ou de l’huile !”, hurle une femme. Cela fait cinq semaines que les habitants de Shanghai sont enfermés chez eux.

Plusieurs personnes testées négatives racontent avoir été forcées de quitter leur domicile pour s’isoler en dehors de la ville

En dépit d'un confinement à Shanghai et de mesures anti-Covid drastiques, des habitants sains se retrouvent eux aussi à l'isolement pour enrayer la contagion.
Les personnes positives au Covid-19 à Shanghai sont parfois isolées à plusieurs centaines de kilomètres de chez elle. © HECTOR RETAMAL / AFP

Négatifs et envoyés de force en quarantaine : en dépit d’un confinement à Shanghai et de mesures anti-Covid drastiques, des habitants sains se retrouvent eux aussi à l’isolement pour enrayer la contagion.

Largement épargnée depuis deux ans, la Chine affronte ces dernières semaines sa pire flambée épidémique de coronavirus depuis le printemps 2020. Dans la métropole de Shanghai, de loin la plus touchée et dont les 25 millions d’habitants sont confinés depuis un mois, toute personne testée positive, même asymptomatique, est envoyée dans un centre de quarantaine collective – au confort et à l’hygiène variables.

« On n’a pas eu le choix »

Il arrive que des habitants soient mis dans des cars en pleine nuit pour être évacués. Beaucoup d’habitants sont exaspérés par ces mesures d’isolement. D’autant qu’un test négatif n’est plus forcément synonyme de tranquillité.

Plusieurs personnes testées négatives racontent avoir été forcées de quitter leur domicile pour s’isoler en dehors de Shanghai. Certaines à des centaines de kilomètres de la ville. « On n’a pas eu le choix », affirme Lucy, une habitante qui préfère taire son nom de famille par crainte d’éventuelles représailles. « La police nous a dit qu’il y avait trop de cas positifs dans notre résidence. »

Selon les forces de l’ordre, rester c’était prendre le risque d’être contaminé. Et in fine d’alourdir le bilan officiel alors que la Chine poursuit une politique de zéro Covid. Shanghai a fait état lundi de 7.137 nouveaux cas positifs, un chiffre en léger repli sur 24 heures.

Un centre de quarantaine « effrayant »

Déplacée avec ses voisins au beau milieu d’une nuit, Lucy a été envoyée à plus de 400 km de chez elle, dans un centre de quarantaine de fortune de la province de l’Anhui (est). Cette habitante ne sait pas quand elle pourra retourner chez elle. Sa mésaventure est loin d’être un cas isolé. L’AFP a pu s’entretenir avec d’autres Shanghaïens également envoyés à l’isolement dans d’autres provinces.

Une habitante du quartier de Jing’an, connu pour son temple éponyme et ses cafés branchés, témoigne sous couvert d’anonymat. Dans sa résidence, les cas négatifs ont « tous reçu un appel » afin de quitter leur domicile, indique-t-elle.

Les cas positifs étaient quant à eux « transférés dans des hôtels pour (y) être isolés », précise cette habitante, qui se retrouve, elle aussi, dans l’Anhui dans un centre de quarantaine « effrayant ».

« Forte pression » du pouvoir et « mesures excessives »

Au vu des conditions sommaires, les compagnons d’infortune de sa résidence ont « perdu toute confiance dans les autorités de Shanghai », selon elle. Un autre habitant assure que la ferme opposition de ses voisins n’a en rien dissuadé les autorités de les confiner hors de Shanghai.

La mesure controversée reflète la « forte pression » du pouvoir sur les autorités locales pour atteindre le zéro cas, estime Yanzhong Huang, spécialiste des questions de santé au Council on Foreign Relations aux Etats-Unis.

Des dizaines de milliers de cas contact mis à l’isolement

Des fonctionnaires sont régulièrement limogés pour des manquements supposés, après l’apparition d’un foyer épidémique. Pour se prémunir d’une telle sanction, certains responsables sont donc tentés d’avoir recours à « des mesures excessives », relève Yanzhong Huang.

Déplacer des patients négatifs relèverait de la « prévention » selon les autorités, qui anticipent une augmentation des contaminations dans un périmètre déterminé. Selon l’agence officielle Chine nouvelle, plusieurs dizaines de milliers de cas contact ont ainsi été mis à l’isolement dans des provinces limitrophes de Shanghai.

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