La Tribune de Nathalie Bianco. “J’en ai marre des Tribunes”

600 personnalités de la culture, 300 sportifs, 50 universitaires, quelques anciens présidents, des humoristes (à ne pas confondre avec les précédents), des Imams, des prêtres, les étudiants de la Sorbonne, Nabila des “anges de la téléréalité”…

Il en manque encore, ça ne fait pas le compte.

Et qu’en pense Jessica des “Marseillais”, la rivale de Nabilla ? Les deux intellectuelles de Dubaï seront-elles enfin sur la même ligne républicaine ? Quel est l’avis de Cyril Lignac ? Si on fait mariner Marine, a-t-on une chance de l’attendrir ? Quelles sont les consignes des coachs de The Voice ? N’y aurait-il pas eu des fausses notes au premier tour ? Où est l’analyse de Bernard Montiel ? Celle de Cristina Cordula ? Pourquoi l’Amicale des Boulistes de Pézenas ne s’est-elle pas encore prononcée ? Et l’Association des prothésistes dentaires, ils attendent quoi pour signer une tribune ? Sans compter l’insoutenable silence du club Léo Lagrange de Pouilly en Auxois et du Kids Club de Palavas les Flots.

Parce que, depuis une semaine, on n’y échappe pas : Tout le monde veut nous expliquer quoi penser, quoi faire et pour qui voter. Tout le monde se mets en tête de nous “ouvrir les yeux”. Vous papotez tranquillement sur les réseaux sociaux, vous pensez causer musique, people ou cuisine et hop… un relou débarque et vous informe de ce qu’il fera le 24 avril.

Jamais je n’ai autant regretté que Facebook ne propose pas un bouton “Je m’en fous” ou “Lâche moi la grappe”.

Non pas que je prenne le sujet des élections à la légère, au contraire, mais j’ai beaucoup de mal avec toutes ces injonctions qui ne me laissent aucun répit, aucun espace pour penser par moi-même.

Quitte à se faire traiter de traitres-abstentionnistes-complices, de sales nazis, de pigeons ou de pauvres moutons sans cervelle, vous permettez qu’on prenne le temps de choisir à quelles insultes on va s’exposer ?

Et surtout vous permettez qu’on fasse ça en silence, sans avoir besoin d’informer la terre entière de notre choix ?

Heureusement dans la “vraie vie” les choses sont plus simples. Je reviens du marché, par exemple ; j’ai trouvé de jolis petits navets et le maraicher n’a pas tenu à m’expliquer ce qu’il pensait des abstentionnistes. J’ai acheté du fromage de chèvre, sans que la vendeuse ne m’inflige un cours d’histoire sur les origines du RN. Quant à mon boucher, à qui j’ai fait part de mon hésitation pour mon menu de Pâques, il n’a pas profité de mon envie de Navarin d’agneau pour me glisser que les électeurs de Macron étaient tous des moutons. Encore mieux, quand je lui ai dit que j’envisageais peut-être de faire un rôti de saumon pour changer, il s’est contenté de hausser les épaules et de me dire “C’est vous qui voyez”. J’ai bien senti que ça ne lui plaisait pas mais il ne s’est pas mis à hurler “Ceux qui veulent faire du poisson, vous pouvez quitter immédiatement ma liste d’amis !!”

Les “vrais gens” de la vraie vie sont beaucoup moins chiants que sur les réseaux sociaux. Ils sont aussi beaucoup plus humbles que toutes ces “personnalités” qui s’imaginent que nous attendons leurs consignes pour voter. Je suis tellement excédée que je songe même à faire moi aussi une tribune, pour dire que j’en ai marre des tribunes. J’en ai parlé à mon boucher, il est d’accord pour signer. Mais pour le rôti de saumon, en revanche il ne veut rien savoir.

© Nathalie Bianco

Nathalie Bianco, Militante laïque, membre de l’association #réseau1905, est Auteure de romans: Les Courants d’air. 2019. Independently published. Les Petites. 2021. Sixiemes Editions. Les Printemps. 2022. Sixiemes Editions.

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3 Comments

  1. La plupart de ces individus sont des neuneus incultes, dépourvus de talent et ne connaissant rien d’autre que leur petit cercle Parisien. Ce sont des ploucs qui ne quittent jamais leur petit village de Saint germain des Prés et qui savent à peine qu’il existe un monde extérieur. Persuadés d’incarner le camp du bien, ils élèvent le troupeau de mouton dont ils font eux mêmes partie et mangent avec les doigts leur caviar à 100 euros. Ils sont sales et sans retenue : Des nantis privilégiés qui donneraient volontiers des leçons de morale et qui sont toujours prêts à défendre les causes les plus abominables du style Aiwsa Traore.
    La véritable France d’en bas : la Macronie et tout ce qui est macro compatible.
    Jérôme Onyx

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