Le Billet de Pierre Saba. Les beaux quartiers

La Victoire
Les Français juifs, une longue histoire à l’avenir incertain relatée dans deux ouvrages

La situation des Français juifs est délicate.

Ils constituent la troisième communauté juive du Globe. Ils participent à la démographie nationale à moins d’un pour cent. Ils cristallisent la majorité des délits et crimes racistes perpétrés sur le territoire national. Ils subissent des atteintes considérables à la sécurité civile, publique et privée, scolaire et universitaire, confessionnelle, personnelle et professionnelle. Leur solidarité avec l’existence de l’Etat d’Israël contrevient à la politique extérieure des gouvernements de Droite et de Gauche. Elle constitue désormais un acte de bravoure et de danger dans les aires dirigées par les djihadistes si puissants en France. Il en est de même de l’identité juive qui ne peut plus se développer que dans le cadre de regroupements de personnes et de mesures de sécurités drastiques.

Face à la haine antisémite, les représentants communautaires laïcs et religieux doivent désormais consacrer à la sécurité des biens et des personnes des compétences de police générale et de corrélation avec l’autorité publique, ce qui ne relève pas nécessairement de leurs formations.

Ils doivent également manifester le mécontentement de “représentés” sur la solidarité avec l’existence d’Israël dans un pays qui est bien loin de les suivre sur ce sujet.

Il leur faut aussi combattre les innombrables initiatives antisémites et anti-israéliennes qu’actionnent sans relâche les groupes de pressions antisémites et anti-israéliens dans le pays.

Bref, ça ne va pas.

Face à cela, les Français juifs ne sont pas unis. Certains se groupent autour des représentants communautaires officiels et d’autres les contestent.

Pour les partisans de l’encadrement officiel, tout est fait et rien de plus ne saurait modifier quoi que ce soit. Pourtant, le niveau des réactions communautaires aux initiatives hostiles à Israël (ONU…) ne permet aucune amélioration notable. Idem des propagandes anti-israéliennes et de l’absence d’équité de l’information des media publics français, etc., etc. Au-delà des satisfecit de l’encadrement communautaire, sa gestion forme majoritairement un échec manifeste.

Pour les adversaires de l’encadrement officiel, à la contestation de ses méthodes s’ajoutent deux éléments.

Le premier est la contre-productivité que constitue le maintien de « bonne figure » face au Pouvoir en dépit de la situation communautaire. Cette acrobatie est assimilée à une courtisanerie obséquieuse et inutile. Sans toucher à la dignité des personnes, l’analogie est à la fois pertinente et exacte.

Le second est la supposée appartenance sociale des responsables communautaires. C’est parce qu’ils habiteraient les beaux quartiers, les riches banlieues, qu’ils occuperaient des fonctions professionnelles supérieures, qu’ils seraient déconnectés des douleurs et des difficultés que vit la majorité sociale des Français juifs. C’est à minima non vérifié et non général, et faux à maxima. Même à admettre la prétention, rien ne prouve que les beaux quartiers, les statuts sociaux et socio-professionnels supérieurs soient exonérés du danger d’être juif : les voyous et la pègre antisémites, en France, se déplacent sans distinction de géographie humaine ni sociale. Le niveau de vie ne garantit nullement la protection contre la haine intérieure de voisinage ni professionnelle. Par ailleurs, l’information circule, des riches vers les pauvres et des pauvres vers les riches. Il en est de même de l’identification sociale du plus bas vers le plus haut (aspiration sociale) et en sens inverse (aspiration idéologique). Rarissimes sont devenus les hermétismes en termes d’information et d’identifications…

Reste vraiment à espérer l’union des forces juives. Elle est indispensable à la lutte contre l’antisémitisme, la haine d’Israël, l’insécurité confessionnelle, la diminution des droits élémentaires, les manipulations politiques exercées par les uns comme par les autres et la communication avec les pouvoirs publics.

Si saisir l’encadrement communautaire est inefficace et sans résultat, si cet encadrement suscite les désaccords et les mécontentements, il est possible de ne pas le réélire et de présenter des candidats à l’occasion des prochaines élections communautaires. Il est même possible de se constituer en organisation parallèle !

Dans l’intervalle, il est possible et souhaitable de saisir son député, son sénateur, son maire, d’écrire au chef de l’Etat (site digital ou courrier à l’Elysée). Devant tant de difficultés et d’obstructions, il convient d’utiliser l’ensemble des moyens mis à la disposition des victimes d’injustices et de délits antisémites.

Les Français juifs en ont assez. Ils ont raison de dénoncer, de critiquer, de proposer. Ils vivent l’injustice des crimes et délits d’antisémitisme.

Ils n’ont nul besoin de se désigner réciproquement comme leurs propres ennemis.

© Pierre Saba

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3 Comments

  1. Français juifs ???? Ou Juifs français ??? Ça ne veut plus rien dire. Le courage de faire face à la réalité est plus que jamais impérieux….Que ce soit Macron, Le Pen, Melenchon, Roussel, Jadot
    Le choix est vite fait : tous des anti juifs et ou des Islamophile.
    Alors…?
    Direction Israël…..!!!!
    COURAGE !

  2. Pour commenter cet article, je citerai Péguy, Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.
    Que voit-on ? Des Juifs de cour, pour reprendre une expression de Saral Cattan (je me fous de savoir s’ils habitent ou non les beaux quartiers) qui n’ont pas joué leur rôle dans l’affaire Halimi, l’affaire Georges Bensoussan, et plus récemment dans l’affaire Jéremy Cohen.
    Je ne parlerais pas de la caution des personnalités juives, Crif en tête, à l’exposition ‘Juifs d’Orient’ qui se terminait par la Nakba, catastrophe supposée des palestiniens, sans oublier l’antisémitisme des musulmans tant en France que dans les pays arabo-musulmans.
    Enfin, comme le rapporte G.W. Goldnadel, le vote Zemmour a été majoritaire en Israêl ! Il y a donc une majorité de Juifs en Israël qui se fout des consignes du Crif et ils ont bien raison et je pense qu’en France cela a été pareil.

  3. Malheureusement, le déni de réalité caractérisant les beaux quartiers n’est pas un mythe et est valable pour les Juifs comme pour les Non Juifs. Depuis que je suis née j’ai toujours vu une haute bourgeoisie vivant dans une bulle, totalement hors sol et moralisatrice. C’est un problème général pour la société entière : parmi les électeurs de Mélenchon et Jadot figurent beaucoup de fils ou filles de riches issus des quartiers privilégiés.

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