Le climat de la guerre froide plane sur les pourparlers de sécurité entre les États-Unis et la Russie à Genève

 

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que les pourparlers sur la sécurité qui s’ouvriraient entre les États-Unis et la Russie à Genève ce lundi 10 janvier ne progresseraient pas, tant que la Russie maintiendra « un pistolet pointé sur la tempe de l’Ukraine ». La Russie a répondu en exprimant sa « déception » face aux « signaux de Washington et de Bruxelles selon lesquels les États-Unis insistaient pour obtenir des concessions russes unilatérales ».

Dans l’espoir d’atténuer certaines des frictions, les deux chefs de délégation, la vice-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, ont organisé dimanche soir un « dîner de travail » imprévu, à la recherche d’un petit terrain d’entente avant le début des pourparlers, le lundi.

Sous-entendant que d’autres sanctions étaient en cours de mise en place, Blinken a fait remarquer : « Nous sommes prêts à répondre avec force à une nouvelle agression russe. » Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a averti qu’en cas d'”autre incursion” en Ukraine, quatre groupements tactiques des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Canada et de la France se tiendraient prêts “à proximité des frontières avec la Russie” si l’ordre venait à tomber.

Pendant ce temps, les formations russes restent massées à la frontière ukrainienne. Et des milliers de soldats russes ont été transportés par avion au Kazakhstan pour renforcer un allié en proie à un soulèvement populaire. Avec moins de fanfare, les troupes russes ont également organisé un débarquement à Tombouctou, au Mali, en Afrique de l’Ouest, pour aider à combattre le péril d’Al-Qaïda après un retrait partiel des forces françaises.

Noss sources militaires notent que la dernière fois que la Russie a effectué un pont aérien de troupes à l’échelle de son intervention au Kazakhstan, c’était en 2015-2016, lorsque les forces russes ont débarqué en Syrie pour sauver le régime d’Assad. Ils sont toujours là

Samedi, après que des milliers de personnes sont mortes et que des bâtiments gouvernementaux ont été détruits, le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev a affirmé que le soulèvement de quelque 20 000 “terroristes” avait été surmonté. Il a signalé 3 000 arrestations mais, suggérant que les troubles persistaient, il a ordonné aux forces de sécurité de tirer pour tuer sans sommation.

Le Kremlin prévoit un sommet de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), qui a également envoyé des troupes de « maintien de la paix » pour aider à réprimer la violence qui déchire le Kazakhstan. Aux côtés de la Russie se trouvent l’Arménie, la Biélorussie, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan, le membre le plus important et le plus riche.

Pour planter le décor des pourparlers de Genève, le président Joe Biden, lors de deux appels téléphoniques, a averti Vladimir Poutine des graves conséquences si les dizaines de milliers de soldats russes massés à la frontière ukrainienne organisaient une invasion terrestre. Les sanctions pourraient inclure le cercle restreint de Poutine, l’annulation du pipeline d’énergie Nord Stream 2 vers l’Allemagne ou même la rupture des liens entre Moscou et le système bancaire mondial. Les Européens craignent l’impact de ces mesures. “Quelle que soit la solution, l’Europe doit être impliquée”, a déclaré la chef de la commission européenne, Ursula von der Leyen.

Cependant, tous les alliés occidentaux de l’OTAN rejettent collectivement le projet de traité proposé par Moscou avec les États-Unis qui propose le retrait des forces de l’alliance occidentale de tout pays dans lequel elles n’étaient pas présentes avant 1997, gelant ainsi la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie. Moscou insiste sur le fait que l’Occident a renié son accord après la fin de la guerre froide selon lequel l’OTAN ne s’étendrait pas aux anciens pays du Pacte de Varsovie près des frontières de la Russie. Sur ce plan, le Kremlin demande des avancées concrètes dans les pourparlers de Genève.

Blinken, cependant, a peu confiance dans la diplomatie à laquelle l’administration Biden s’est engagée. Concernant le pont aérien militaire russe vers le Kazakhstan, il a commenté : « Une leçon de l’histoire récente est qu’une fois que les Russes sont dans votre maison, il est parfois très difficile de les faire partir.


L’armée russe a entre-temps débarqué dans quatre « maisons » et s’en sort sans encombre : l’Ukraine, le Kazakhstan, la Syrie et le Mali. Poutine ne cache pas sa détermination à étendre l’influence de la Russie dans le monde au moyen d’une intervention militaire et de gagner des alliés en soutenant leurs régimes en difficulté. Les menaces de Biden, l’acuité de Blinken et les négociations avec l’Occident ne risquent guère de détourner Poutine de sa stratégie visant à ancrer la Russie et à promouvoir ses intérêts en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Afrique.

L’ancien ambassadeur des États-Unis en Ukraine, John Herbst, a déclaré que l’accumulation de troupes russes était un « bluff gigantesque » sur le principe de Tchekhov. “Vous mettez une arme chargée sur la scène dans l’acte un et on doit s’en servir et tirer à l’acte trois.”

Les progrès risquent donc d’être faibles aux pourparlers de Genève. Et bien que Washington puisse être disposé à brandir l’arme des sanctions contre Poutine, l’Europe devra être assurée qu’elle ne se verra pas présenter la facture des retombées.

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