Michel Onfray. Crise sanitaire: Le Droit d’être sceptique

EDITO. La Haute autorité de santé (HAS) a approuvé hier la vaccination des enfants à partir de 5 ans, au coeur de la Cinquième vague et en perspective de la Sixième…

L’annonce de trop pour Michel Onfray qui, face à tant d’informations contradictoires, revendique le droit au scepticisme. 

Mon éducation fait que, pour le meilleur et pour le pire, je ne manque pas de surmoi… Le socialiste libertaire que je suis, du moins que j’essaie d’être, ne saurait opter pour la destruction du surmoi au profit du seul moi ! Proudhon avait le souci de faire tenir dans une même main l’individu et la société, c’est également mon souci. L’individu contre la société, c’est la tyrannie des égos, nous y sommes ; la société contre l’individu, ce fut notre civilisation pendant des siècles, nous en sortons.

C’est lesté de ce bagage que j’aborde le monde et mon goût pour Rome me permet de composer avec cette structure psychique dont je ne suis pas dupe…

Voilà pour quelle raison j’ai défendu dès le départ de l’épidémie de covid, la chose se trouve dite dans La vengeance du pangolin, une république qui s’impose contre les revendications égotistes, subjectives, personnelles, individualistes. Comment ? Prendre la chose très au sérieux dès décembre 2019, je l’ai dit le 26 janvier 2020 sur un plateau de LCI où Jean-Michel Apathie voyait là un signe d’un tropisme fascistoïde pendant qu’un médecin médiatique prophétisait la grippette ; fermer les frontières ; éviter les rotations entre la Chine et la France, y compris avec les ressortissants français que la France aurait dû prendre en charge sur place ; confiner les seules personnes à risque sur le territoire français ;  fabriquer et faire fabriquer des masques par les particuliers,  puis les distribuer massivement ; consentir, faute de toutes ces décisions non prises, au confinement général ; puis, quand le vaccin est apparu, vaccination obligatoire pour tous. Tout a été fait dans le dépit du bon sens, je l’ai beaucoup dit, je ne reviens pas sur ces détails.

In fine, quand les vaccins ont été mis sur le marché, la théorie générale était : « plus nous serons vaccinés, plus nous obtiendrons rapidement l’immunité collective qui nous permettra de reprendre une vie normale ». J’ai souscrit à ce qui semblait être une remarque de bon sens dans le pays de Louis Pasteur.

C’était sans compter sur les mutations qui invalident en partie les vaccins dès qu’ils arrivent… Un variant surgit et les médias nous disent qu’il est terrible avant de nous dire que tel vaccin n’y répond pas, y répond peu, y répond mal, mais que celui-ci, c’est mieux, sans que ce soit pour autant formidable… D’où la deuxième dose, puis la troisième, puis la perspective d’une quatrième. On dit même que l’Europe en ayant préempté sept par personne il nous faudra envisager un piquage presque perpétuel.

Il est vrai qu’on n’a pas envie d’avoir pour compagnons de route des anti-vaccins qui se juchent sans vergogne sur les six millions de mort de la Shoah en grimant Macron en Hitler ou en Pinochet. On peut reprocher beaucoup de choses au président de la République, et on aura du mal à ne pas dire que je suis le dernier à lui en reprocher, mais la moustache d’Hitler sur le visage d’Emmanuel Macron ou le même revêtu du costume de Pinochet, c’est au-delà de ce qu’on peut supporter. Moi qui vomis la fachosphère de gauche qui fascise, nazifie, pétainise à tout bout de champ quiconque n’éructe pas comme elle (y compris Emmanuel Macron qui, bien qu’ayant gagné le soir du premier tour des élections présidentielles, s’en va à Oradour-sur-Glane et au mémorial de la Shoah avant le second…), je ne peux accepter cette banalisation du mal sous prétexte de lutter contre vaccins et passes sanitaires. Non, un centre de vaccination n’est pas un camp d’extermination où l’on tue des millions de juifs ; non, le professeur tel ou tel qui défend le vaccin n’est pas Mengele qui torturait comme le plus dépravé des monstres ; non, la privation de passe sanitaire n’est pas assimilable aux lois de Vichy qui invitaient à confisquer les biens des Juifs avant de les conduire à la chambre à gaz ; non, le mémorial du Mont-Valérien ne doit pas être profané avec une inscription qui écrit les deux S de passe sanitaire comme les deux S de la Waffen SS ; non, les défenseurs de la cause vaccinale ne sont pas assimilables aux dignitaires nazis qui ont décidé de la Solution finale à Wannsee le 20 janvier 1942 ; non, je ne suis pas le nazi que l’on a dit sur le net parce que je défends la vaccination obligatoire.

Je ne veux pas non plus avoir pour compagnons ceux qui, en lice pour les élections présidentielles, se demandent ce qu’ils doivent dire sur ce sujet non pas en regard de la santé publique et de l’intérêt général mais eu égard aux frémissements qu’ils obtiennent dans les sondages où ils gagnent tant de points parce qu’ils ont embouché la trompette de la nazification.

Si l’on peut et veut raison garder, il faut penser dialectiquement : entre « rien n’est grave » et « c’est l’apocalypse », entre « confinement généralisé pour tout le monde » et « abolition de toute contrainte, embrassons-nous Folleville », il faut trouver une mesure. Aristote, reviens…

Ce qui me décide à faire place au droit au scepticisme est cette récente décision d’autoriser la vaccination des enfants entre cinq (cinq !) et onze ans donnée par la Haute Autorité de Santé. Car, sachant ce que l’on sait, cette décision s’avère déraisonnable, elle dépasse l’entendement.

Il est dit que les enfants ne connaissent qu’une forme extrêmement banale de la maladie. Il y eut même un temps où l’on affirmait sans vergogne que le Covid les épargnait ! Les enfants ne risquent donc pas d’encombrer les hôpitaux avec des formes graves, ce qui semble la priorité gouvernementale. Sauf cas rares de comorbidité, et ils sont épsilonesques, puisque désormais il faut faire assaut d’alphabet grec, on pourrait éviter de piquer les enfants dès l’âge de cinq ans ! Car tabagisme, alcoolisme, infarctus, AVC, obésité, grand âge et SIDA dès l’âge de cinq ans, c’est signe d’une grande maturité !

On nous dit que les vaccinés peuvent transmettre le covid. C’est dire si la vaccination n’empêche pas la contagion par la transmission ! Elle n’arrête donc pas le massacre… Il existe des cas de triples vaccinés ayant contaminé des doubles vaccinés. À quoi bon dès lors vacciner sauf à jouer de cette scie musicale que le vaccin empêche les formes graves ? Ce qui reste à prouver, les reportages du journal de vingt-heures ne suffisent pas.

Je connais cette sophistique, c’est celle des tenants de la secte chamanique freudienne qui, en présence d’une personne en analyse depuis une trentaine d’années qui l’a laissée aussi atteinte qu’au premier jour, prétend que, sans elle, c’eut été pire ! À ce jeu-là, on gagne toujours en effet ! C’est la même logique qui fait dire à BHL que s’il n’avait pas incité au massacre de la Lybie, il y en aurait eu un plus grand encore qui s’est ainsi trouvé évité…

Car, quand ils seraient vaccinés pour une maladie qui les concerne à peine, les enfants pourraient tout de même la transmettre à leurs parents et à leurs grands-parents ! Comme le vaccin n’empêche pas la transmission, les enfants qui ne risquent pas d’avoir un covid grave le transmettront tout de même à leurs familles. Mais transmettre en étant vacciné, c’est mieux que transmettre en ne l’étant pas, semblent dire les défenseurs de cette mesure. C’est un paralogisme grand format…

Par ailleurs, bon petit soldat citoyen, après avoir eu le covid pendant dix-huit jours assez terribles, puis subi une injection quelques mois plus tard, je suis allé m’en faire inoculer une troisième. J’ai passé une journée du lendemain au fond de mon lit dans un sale état, le jour d’après fut passable… Je m’en suis ouvert à un ami qui se trouve à la tête d’un laboratoire de recherche génétique ; il m’a confirmé que, dans son labo, la plupart de ceux qui ont été vaccinés ont connu de sales épisodes dans les heures qui ont suivi. Sobre comme il est, mon ami m’a dit sans développer : « et ça, ça n’est pas normal ». Il n’est pas contre les vaccins, il a lui-même été vacciné, sa famille également, tout son personnel l’a été, il ne milite pas contre, il dit juste qu’autant d’effets secondaires pour un vaccin, ça n’est pas normal. Je ne dis rien de plus.

Un autre ami médecin me dit que le variant omicron est certes beaucoup plus transmissible, il me dit qu’il est aussi beaucoup moins agressif – en ajoutant : « mais ça on ne peut pas le dire sinon tout le monde renoncerait aux gestes barrières » qui sont selon lui les seuls moyens fiables d’enrayer l’épidémie…

Je considère dès lors que le droit au scepticisme peut être activé quand on a pendant si longtemps obéi sans rien dire et épousé toutes les volte-face d’un pouvoir indigent. Je rappelle que si Descartes est bien le fondateur du rationalisme moderne, il a aussi estimé que le « doute méthodique » faisait partie de la démarche rationnelle. Pas de possibilité d’établir une vérité certaine sans un temps sceptique.

Personne ne parle pour les enfants, je n’aurais pas cette prétention. Mais l’adulte que je suis ne permet pas qu’après les avoir privés de scolarité, y compris l’année d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, de convivialité scolaire, de jeux en plein air avec leurs copains, d’activités de socialisation, de l’entièreté des visages d’autrui ce qui ne favorise pas non plus l’apprentissage de l’altérité et de l’intersubjectivité, d’accompagnement de leur parentèle âgée dans la mort en maison de retraite, je hais l’acronyme EPHAD, on les instrumentalise en les vaccinant tout en sachant que ça ne les protégera ni de la pathologie ni de la transmission. Pourquoi donc ?

Ça suffit…

© Michel Onfray

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