Lydia Guirous: «Rama Yade, une micro-pensée et un macro-narcissisme»

Par Lydia Guirous

Publié le 23/11/2021 à 13:07, mis à jour le 23/11/2021 à 16:45

L'ancienne secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy vit désormais à Washington.
UDI vice president Rama Yade attends a political Rally UDI-MODEM in Lyon, France on April 30,2014 and campaigns for european elections. Photo by Vincent Dargent/ABACAPRESS.COM | 445533_005 Lyon France

FIGAROVOX/TRIBUNE – Rama Yade a suscité de vives réactions après un entretien dans L’Express dans lequel elle qualifie le wokisme de «noble combat». Pour l’essayiste, l’ancienne secrétaire d’État est une enfant gâtée qui fait preuve d’ingratitude envers la France.

Lydia Guirous est essayiste et auteure de Le suicide féministe et Assimilation : en finir avec ce tabou français aux éditions de l’Observatoire.


L’interview de Rama Yade donnée à L’Express a fait grand bruit et c’était le but qu’elle recherchait après des années dans le désert médiatique.

Sa conversion de la dernière heure au wokisme est une forme de chant du cygne d’une enfant gâtée qui se voyait Présidente de la République. N’oublions pas que cette fonctionnaire du Sénat a vu les prétendues élites lui dérouler plus d’une fois le tapis rouge de la République. Aujourd’hui la voilà qui n’hésite pas, fidèle à son comportement d’enfant gâtée de la politique, à cracher dans la soupe, car celle-ci n’est plus assez bonne.

Serait-elle tellement biberonnée à cette sauce woke qu’elle en oublierait ses fondamentaux républicains et une loyauté vis-à-vis du pays qui lui a tant donné ?Lydia Guirous

Rappelons qu’elle a été ministre mais a également eu l’immense privilège d’être nommée ambassadeur de France à l’Unesco… poste dont elle démissionnera à cause du devoir de réserve qu’il imposait et du destin national qu’elle s’imaginait. La mode était alors à Barack Obama. Comment respecter la fonction et la réserve qui lui incombe quand on pense que la nation vous attend ?

Il est bon de rappeler ces éléments de contexte pour comprendre l’ambition et aujourd’hui la frustration qui conduisent Mme Yade à cracher sur la République et la France. Elle pensait être l’incarnation dont la Nation avait besoin et finalement elle atterrit dans un think tank américain en s’improvisant chercheur en discrimination et en wokisme… Serait-elle tellement biberonnée à cette sauce woke qu’elle en oublierait ses fondamentaux républicains et une loyauté vis-à-vis du pays qui lui a tant donné ?

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Si ses propos sont le fruit d’une frustration, cela ne doit provoquer chez nous qu’une compassion bienveillante. Mais prenons garde, car sur le fond ces déclarations sont dangereuses et sèment les germes de la division. Rama Yade, en reprenant les thèses de ceux qui haïssent la France au point de vouloir «canceler» «supprimer» ou «réécrire» son histoire, souffle sur les braises du séparatisme, voire de l’émergence d’une possible lutte des «races».

Nous savons bien que tous les apôtres du wokisme jouent sur la culpabilité coloniale de la civilisation occidentale pour promouvoir la discrimination positive en censurant tout ce qui n’est pas conforme à leurs intérêts. La culpabilité et la repentance deviennent ainsi des leviers de mobilité sociale et de revanche, sur fond de concurrence des minorités ethniques. Nous sommes là, loin, très loin de la République et de son universalisme.

Rama Yade se fait-elle la porte-parole d’un soft power américain qui ne cesse de dénigrer la République et notamment la laïcité ?Lydia Guirous

Je m’étonne toujours quand des Français font l’éloge du modèle américain. Rama Yade se fait-elle la porte-parole d’un soft power américain qui ne cesse de dénigrer la République et notamment la laïcité ? Un soft power qui s’installe aussi dans les banlieues et soutient des mouvements indigénistes et intersectionnels ? Quelle est la prochaine étape pour Rama Yade qui reprend les expressions de «violences policières» et de «contrôle au faciès» ? Une manifestation bras dessus bras dessous avec Assa Traoré ?

Finalement le problème de Rama Yade n’est pas tant sa pensée woke de convertie de la dernière heure, mais plutôt le problème plus large d’une génération qui pense pouvoir accéder aux plus hautes fonctions sans travail et sans construction méthodique d’une carrière, juste sur la base de ce qu’ils prétendent incarner physiquement ou socialement. Les réseaux sociaux leur apportant malheureusement une forme d’ivresse pathologique du pouvoir. Quelle tristesse, au fond : il y a tellement de choses à construire par le travail dans notre pays.

lefigaro.fr/vox/

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3 Comments

  1. Malheureusement, de nos jours, on ne voit qu ‘ à travers la race. Cette , mauvaise, habitude semble trouver sa source par l ‘importation, surtout par la gauche française, d ‘habitudes de penser propre aux U.S.A. .
    Raisonnons à partir de cette habitude :
    les Blancs sont ainsi coupable de l ‘esclavagisme , en l occurrence du commerce triangulaire. Une loi française ( la loi Taubira ) le leur rappelle.
    Poussons ce raisonnement jusqu ‘ au bout . Rama Yade est noire, née en Afrique Noire. Elle perçoit comme une agression le fait de passer devant une statue de Colbert, père du ” code noir ” alors que ce sont ses ancêtres noirs qui vendaient les esclaves noirs aux Blancs ( traite intra africaine ). Il faudrait que la France vote une loi complémentaire à la loi Taubira afin de rappeler cette vérité à tous les Noirs français, dont Rama Yade, issus directement d ‘ Afrique et donc descendants des vendeurs d ‘esclaves.

    Sur la traite intra-africaine j ‘ai trouvé un article qui me semble assez juste. Il s ‘intitule ” Une approche globale du commerce triangulaire “. Cet article est du “Monde Diplomatique ” , https://www.monde-diplomatique.fr/2007/11/DORIGNY/15328

    En voici un extrait :

    Un aspect particulier du commerce négrier [ dans le cadre du commerce triangulaire ] : le paiement des esclaves sur les côtes d’Afrique, auprès des royaumes côtiers qui s’étaient structurés autour de ce commerce lucratif, ne se faisait qu’exceptionnellement par des métaux précieux, et bien plus par des marchandises fabriquées : tissus, fers, vaisselle, armes blanches et à feu, alcools, bijoux… Ces marchandises dites de traite n’étaient pas – comme on l’a trop dit – de mauvaise qualité ou de piètre valeur : elles correspondaient à la demande des vendeurs qui n’auraient pas accepté longtemps d’être dupés par les Européens. En échange de captifs (le plus souvent à la suite de guerres ou de razzias), les rois africains qui contrôlaient la traite en amont obtenaient des instruments de prestige leur assurant un pouvoir souvent très étendu.”

  2. Les tribus africaines se faisaient la guerre autant que les roitelets médiévaux européens.
    Mai, disposant d’une technologie “moindre”, les guerres faisaient moins de victimes.
    La tribu perdante n’était pas exterminée: elle était vendu à l’esclavage. Souvent les hommes adultes exterminés et les femmes et les enfants vendus à l’esclavage.
    Le commerce des esclaves était une branche économique intra-africaine florissante.
    Les Arabes, descendant du Sahara, étaient les premiers à “adopter” cette activité. En revanche, les européens, débarquant par les côtes atlantique d’Afrique et disposant de colonies aux Amériques, augmentaient le volume du commerce, le rendant “triangulaire”.

  3. A lire : “Le génocide voilé” de l’historien sénégalais Tidiane N’Diaye qui montre que la traite arabo-musulmane a dépassé en ampleur et en horreur la traite transatlantique. Traite arabo-musulmane qui en outre s’est étendue en Europe de l’est et en Europe du sud. Ne pas enseigner ces faits historiques et les passer volontairement sous silence relève d’une forme de négationnisme d’État.

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