Le Point de Vue d’Elie Sasson. Le traitre, le CAC 40, la république, et Zemmour

Elie Sasson

Le traitre…

En 2016, tandis que je m’interrogeais sur l’incapacité du plus grand nombre à voir la réalité de la personnalité de celui qui allait devenir notre prochain Président de la République, réalité qui me sautait pourtant aux yeux, qui transpirait à chacune de ses interventions publiques télévisées, c’était sans savoir qu’enfin, cinq années plus tard, les journalistes Davet et Lhomme, dans leur dernier livre « Le traitre et le néant », lèveraient le voile sur l’indéniable propension d’Emmanuel Macron à trahir, non seulement ses mentors, ceux qui lui ont permis d’en arriver là, mais aussi ses propres convictions.

Dans ce livre incontournable pour qui s’intéresse à la politique, l’égo surdimensionné du jeune Président, sa mégalomanie, son absence totale de scrupule, sa propension à se servir des autres dans sa quête du pouvoir pour ensuite les renier et les mépriser, son absence de conviction et de colonne vertébrale, s’étalent au grand jour à travers plus de 180 témoignages de proches. Le mot qui revient sans cesse aux lèvres des témoins interrogés : “traitre”. Traitre envers les gens qui l’ont aidé, somme toute assez commun en politique, mais surtout, plus grave, traitre à ses propres idées et convictions. Rien ne compte, si ce n’est être au sommet. Pour notre Président, il n’y a ni cap clair, ni objectif défini, hormis celui de régner, en usant de stratégies guerrières complexes. Un de ses livres préférés n’est-il pas « L’art de la guerre » de Sun Tzu ?

En 2016, donc, je m’interrogeais de façon peut-être triviale : comment faire confiance à un homme qui ne veut pas d’enfant ? Comment pourrait-il œuvrer pour l’intérêt du pays lorsque lui-même se moque du monde que nous laisserons à nos enfants ? Je vois déjà l’indignation de tous ceux qui ont fait le choix de ne pas devenir parents. Bien qu’ils ne soient pas condamnables et que leur choix soit respectable, admettons qu’on puisse être réticents à leur confier l’avenir de la nation. Penser à l’avenir lorsqu’on n’a pas de descendance, c’est juste penser à soi.

Et puis, plus important encore, je voyais l’insincérité de l’homme crever l’écran. Un piètre comédien, pensais-je. Les autres doivent le voir aussi. Mais non. Ne le voyaient peut-être que ceux qui comme moi avaient étudié les techniques d’acting et de jeu d’acteur. Tout sonnait faux. Sa grandiloquence enflammée frisant le ridicule devant les foules, sa maitrise de l’emportement face à un adversaire agressif, maitrise surprenante qui traduisait une absence totale d’affect.

Comme chacun sait, il fut élu. Et la cérémonie de célébration de sa victoire, dont chacun gardera en mémoire sa longue marche, délibérément seul, devant la Pyramide du Louvre, finira de me convaincre que nous venions d’élire un véritable monarque narcissique et mégalomane.

Certains pensent encore que ce casse politique du siècle n’a été possible que parce que l’homme est brillant et qu’il a su saisir une opportunité. Il faut être bien naïf.

Le CAC 40…

Les deux journalistes du Monde, dans leur dernier livre, relatent un diner qui se serait déroulé en janvier 2012. Bernard Attali, le frère de Jacques, recevait un certain nombre de grands patrons. Il leur demanda ce qu’ils attendaient de François Hollande s’il était élu. Ils répondirent qu’ils n’avaient qu’une requête : qu’Emmanuel Macron, ce jeune prometteur encore peu connu, soit nommé à l’Elysée avec le titre de Chargé aux affaires économiques. Et c’est exactement ce que fit Hollande. La suite, nous la connaissons. Il devint ministre, puis candidat à la magistrature suprême. Tous les obstacles qui se dressèrent devant Macron, dont François Fillon, disparurent comme par enchantement.

La question, à mon sens incontournable, est la suivante : « Si vous étiez ministre d’un gouvernement de gauche, promis à très un bel avenir politique, qu’est ce qui pourrait vous convaincre de brûler toutes les étapes, et de foncer tête baissée vers une candidature à la présidence de la République, trahir par là-même tous vos mentors, alors que tous les pronostiqueurs donnent le candidat de la droite vainqueur à 100 contre 1 ?».

Non mais allo, quoi !? Ce serait comme sauter en parachute, mais sans parachute.

Soit il faudrait être complètement inconscient, soit avoir la garantie absolue que l’entreprise serait un succès.

Il arrive un moment, même s’il est légitime de craindre de paraître un brin complotiste, où l’on serait coupable de ne pas, à minima, s’interroger.

Qui, sinon certains grands patrons très puissants, auraient pu garantir à Macron qu’il ne courait aucun risque ? Rappelons, s’il était besoin, que la plupart des entreprises du CAC 40 fabriquent et vendent, de plus en plus, ailleurs qu’en France. Elles ne peuvent espérer des marges importantes qu’à la condition de maintenir une forte pression sur les bas salaires, grâce à l’immigration et à la possibilité de continuer à délocaliser leur production, pour l’essentiel, dans les pays d’Europe de l’Est. Aussi, une politique fortement européiste, telle que Macron s’en est fait le chantre, et avant lui, Sarkozy, Hollande et les autres, doit rester en vigueur aussi longtemps que possible. Coûte que coûte. L’augmentation de la pauvreté, du chômage, la baisse du pouvoir d’achat, l’insécurité, la disparition des classes moyennes, sont autant de considérations dont elles n’ont que faire. Pour preuve, l’envolée de l’indice phare de la Bourse de Paris ne faisant que confirmer la totale décorrélation entre la santé du pays et celles des entreprises du CAC 40.

La république…

Comme l’écrivait Jean-Jacques Rousseau : « Jamais, dans une monarchie, l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du prince ; mais dans une république, elle peut aisément le mettre au-dessus des lois ».

On pourrait le traduire aujourd’hui en le reformulant ainsi : « La bourgeoisie ne peut imposer sa volonté sur un régime strictement monarchique, tandis qu’elle le ferait aisément, par le biais de la corruption, sur des dirigeants élus ».

Si Adolphe Thiers était un républicain monarchique, c’est bien qu’il avait compris cela. Lorsqu’un Roi impose une loi, le peuple peut en contester le bien-fondé en remettant en cause l’autorité supposée divinement acquise du monarque. Cette loi n’est après tout que la décision d’un homme. La légitimité à s’y opposer finit toujours par poindre lorsque les pauvres ont faim.

A contrario, lorsqu’une assemblée législative élue vote une loi, si le peuple la conteste, il peut lui être rétorqué qu’elle est le choix de la Nation et qu’à ce titre elle n’est pas contestable. C’est ainsi que l’élection au suffrage universel de nos députés, puis de nos présidents, fut considérée, et le reste encore, comme la meilleure arme à disposition des puissants pour imposer leur volonté à la nation.

A la seule condition bien entendu d’offrir des contreparties en échange de la nécessaire obéissance.

Nul besoin d’ailleurs que ces contreparties soient sonnantes et trébuchantes. Elles peuvent être tout bonnement des garanties de soutien, de succès, de réélection. Plus la ficelle est grosse, moins elle se voit.

De fait, encore aujourd’hui, on ne trouve personne ou presque enclin à dénoncer le caractère antirépublicain de tous les régimes reposant sur l’attribution des pouvoirs législatifs à des individus élus. Comme si l’idéalisme de l’homme, ou son besoin d’avoir foi en ses dirigeants, le rendaient imperméable à toute réflexion qui viendrait ébranler sa certitude naïve que la corruption n’existe pas. Comme si la quête de pouvoir et l’avidité des puissants n’était qu’un fantasme de romanciers ou de scénaristes et que le monde était forcément plus pur.

La vraie république, autrement dit, un régime dans lequel le peuple est roi, n’est envisageable qu’à travers le choix référendaire. Si le peuple s’exprime sans intermédiaire, choisit lui-même d’adopter telle loi, tel décret, telle modification de Constitution, alors oui, on peut effectivement se penser en République. Le reste n’est qu’un simulacre.

Un seul référendum a été proposé aux Français depuis des décennies. C’était en 2005. Le peuple avait mal voté. La suite, chacun la connaît.

Zemmour…

Le personnage irrite et déclenche les passions. Mais quoi qu’on pense de ses idées, il serait malhonnête de ne pas lui accorder le mérite de la sincérité. Il est lui-même en toutes circonstances. Les conseils des communiquants, il n’en a cure. Il rit comme une soupape, tressautant sur son siège où se balançant, dodelinant parfois, avec ce mouvement d’épaule enfantin lorsqu’il est amusé. Son visage est expressif et traduit ses humeurs sans filtre. Il n’a jamais trahi, ni ses soutiens ni ses idées. Il est protectionniste, mais pas de façon dogmatique. Défendre les intérêts des entreprises du Cac 40 n’est pas sa priorité. Il préfère s’atteler à défendre les classes moyennes en luttant contre le dumping social. Enfin, son rapport à la République est sain et honnête. Il n’est ni à vendre, ni à corrompre. Sa seule obsession reste la grandeur de la France. Il dit ce qu’il pense et fera ce qu’il dit sans céder aux pressions lobbyistes.

Emmanuel Macron, dans son allocution retransmise en direct le mardi 9 novembre 21, a désigné le polémiste comme son principal adversaire. Pas directement, mais entre les lignes. Comme l’écrivait Sun Tzu, il ne faut « jamais suivre les contraintes de l’adversaire ». En évitant soigneusement d’aborder les sujets de l’immigration, de l’insécurité culturelle et identitaire, de la montée de la violence, autrement dit les sujets imposés par Éric Zemmour, le Président de la République cherche à l’évidence à ne pas « suivre les contraintes de l’adversaire ». Ce faisant, il le désigne. Il ne fait pas que cela.

Cette stratégie a trois buts. D’abord faire croire qu’il ne veut pas participer à un débat qu’il fait mine de considérer sans objet. Tout va bien, circulez, il n’y a rien à voir. Ensuite, se placer au-dessus de la meute de suiveurs qui ne peuvent se retenir d’abonder dans le sens du polémiste, tout en déformant ses propos et sa pensée de façon éhontée. Enfin, désigner son principal adversaire.

Si même Emmanuel Macron a compris qu’Éric Zemmour était désormais son principal opposant, nul doute qu’il le restera jusqu’au deuxième tour des prochaines élections présidentielles.

Les enjeux pour l’un et l’autre sont cruciaux. Pour Zemmour, il en va du destin du pays. S’il perd, il retournera à ses activités journalistiques, ou s’orientera durablement vers une carrière politique. Mais dans tous les cas, on lui reconnaîtra de s’être bien battu et d’avoir été sincère.

Pour Macron, il en va de son ego et de la défense des intérêts des ravis de l’Europe. S’il perd, ceux dont il est probablement le pantin seront sans pitié et sa carrière politique sera terminée. Quant à son parti, il disparaîtra dans les oubliettes de l’histoire.

© Elie Sasson

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5 Comments

  1. Voici un texte magistral ! Oui macron est bien le fruit d une enorme magouille politico financiere , le PNF , monté par hollande et le PS a eu pour mission de detruire l adversaire en frappant sous la ceinture , apres s etre assuré d ecarter sarkozy .
    Oui ce pantin , plus acteur de theatre qu homme politique est manipulé , et son successeur designé vient d etre mis sur orbite du coté du Havre .
    Oui la France est entre les mains d une oligarchie politico financiere qui maitrise les medias a 95%
    Oui l immigration massive est un puissant outil de dilution sociale et de dumping social aboutissant a un effondrement d une partie du pays .
    Il faut regarder du coté de l UE pour trouver les commanditaires de cette mise en coupe reglée du pays , il suffit de voir comment sont traités les pays de l est recalcitrants pour comprendre que , desormais, les elections locales deviennent une ” formalité ” sans aucun effet .
    Oui Zemmour a raison sur la plupart des sujets economiques et politiques et il est certain que sa destruction prochaine est sur la table de nos maitres de l ombre d ores et deja .

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