Guy Konopnicki. Ce siècle avait un an

Ce siècle avait un an… Le 11 septembre 2001, j’étais sur le point d’achever un livre, une Lettre à Salima et à ceux qui nous écrivent tant, en réponse à un genre littéraire en vogue, la Lettre aux Juifs.

Un an plus tôt, Israël, qui négociait à Camp David un accord de paix avec les Palestiniens, avait reçu une vague d’attentats pour toute réponse à sa proposition de partage d’autorité sur Jérusalem. Et quels attentats !

Je me souviens d’avoir écrit alors : “Nous sommes sortis du siècle d’Auschwitz et de la Kollyma pour entrer dans celui de la ceinture de bombes“. Le Hamas avait lancé cette vague meurtrière pour empêcher tout accord entre l’Autorité Palestinienne et Israël. Arafat, au lieu de saisir la paix et d’isoler le Hamas, avait choisi la surenchère, en lançant les Brigades d’Al Aqsa. Des gamins fanatisés, dont les familles étaient payées par l’autorité palestinienne, se faisaient exploser au milieu des civils, dans les rues, les cafés, les bus, à proximité des écoles et des synagogues, ou dans un hôtel où se déroulait un mariage. En France, on manifestait contre les ripostes de Tsahal. Israël était coupable de vouloir la paix et des marxistes en retraite prenaient fait et cause pour les islamistes du Hamas. Ceux qui avaient tant aimé les révolutions dont les morts se comptaient par millions s’indignaient pour chaque terroriste palestinien tué par les forces israéliennes. Et ils manifestaient à Paris, en feignant de ne pas entendre les mots d’ordre scandés en arabe, appelant à égorger les Juifs.

Ce fut, pour le vieux militant de gauche que j’étais déjà, une rupture avec des amis de longue date

Ce fut, pour le vieux militant de gauche que j’étais déjà, une rupture, avec des amis de longue date, sans parler de quelques maîtres que j’avais jadis admirés.

Une amie, Salima, m’avait écrit, pour décliner une invitation, parce qu’elle ne pouvait faire la fête avec des “sionistes”.  J’écrivais donc ce livre, répondant aux auteurs de lettres à leurs “amis” juifs, quand le terrorisme passa d’Israël aux Etats-Unis, le 11 septembre 2001…

J’ai évidemment modifié mon texte, et le titre s’est imposé à moi, au vu des premières réactions : “La faute des Juifs“. Car bien sûr, il se trouvait des gens qui s’indignaient, pour la forme, de la monstruosité du mode opératoire, pour aussitôt justifier les crimes par le soutien des Etats-Unis à Israël.

La France ne tarda pas à être frappée à son tour.

Je ne regrette pas les ruptures affectives de ce début de siècle. Je regarde, de loin, ces anciens amis, qui se croient toujours de gauche, en justifiant l’obscurantisme et le terrorisme islamistes. Mon livre, La Faute des Juifs, achevé en septembre 2001 est sorti chez Balland en janvier 2002, je n’ai rien à retirer, ni à ajouter, sinon, hélas, la longue liste des crimes perpétrés depuis.

Non, je ne regrette pas les amis perdus, parce qu’ils se sont murés dans leur antisionisme. Je pleure d’autres amis, assassinés par les islamistes, Tignous, Wolinski, Honoré, Cabu, Charb, Bernard Marris…

Notre vie a changé, radicalement, au tout début de ce siècle.

© Guy Konopnicki

Guy Konopnicki

Né après, du côté de La Place de la Nation, sur la Ligne 9 du métro parisien, sensible Au Nouveau chic ouvrier, ce qui n’interdit pas l’Eloge de la fourrure et moins encore celui de La France du Tiercé, Guy Konopnicki redoute Le silence de la ville, s’inquiète de La gauche en folie, assume La faute des Juifs et avoue avoir un peu évolué depuis Le jour où De Gaulle est parti…

Ces titres et quelques autres le définissent, romancier et journaliste, Konop dans la Série Noire et Chroniqueur à Marianne.

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