Cannes, clap de fin

Une fois de plus, le Festival de Cannes – plutôt son jury en l’occurrence – a créé la surprise en jouant l’audace : décerner la Palme d’Or à TITANE, le moins consensuel des films en compétition, le plus clivant, tant sur la forme que sur le fond. Actuellement en salles, le public pourra se faire une idée de cette expérience cinématographique assez déstabilisante, à laquelle il faut être préparé (interdit aux moins de 16 ans) et à même de garder la distance nécessaire.

La Française Julia Ducournau est donc entrée dans l’histoire du Festival depuis 24 heures. Son film extrême, pétri de rage, de violence ostentatoire et décomplexée, de névroses et d’intrigues aussi opaques qu’horrifiques a au moins le mérite de ne laisser personne indifférent en créant une atmosphère hypnotique et répulsive à la fois. C’est sans doute pour cette patte et cette folie créative, cette mise en abîme des comédiens qui s’y sont abandonnés (Vincent Lindon et Agathe Roussel, impressionnants) et surtout cette mise en lumière de la monstruosité surgie du quotidien qui auront impressionné des artistes emblématiques de ce Jury 2021 comme Mylène Farmer (une évidence !) ou Spike Lee entre autres.

Le reste du Palmarès est parfois enthousiasmant, frustrant aussi comme toujours.

Très mérité Grand Prix (partagé) pour UN HÉROS, le profond et magnifique film iranien d’Asghar Farhadi qui vous tient en haleine par la force d’une intrigue intelligemment menée, et toujours en écho aux maux de la société occidentale ; sur le fléau des réseaux sociaux en particulier.

Prix de la mise en scène très bienvenu pour ANNETTE de Leos Carax tout comme le sacre de Renate Reinsve, la formidable actrice norvégienne de JULIE de Joachim Trier.

On remarquera par ailleurs l’absence total d’illustres vétérans : Paul Verhoven (Benedetta), Nani Moretti (Tre Piani), Jacques Audiard (Les Olympiades), Wes Anderson (The French Dispatch)…

On aurait aussi aimé une mention spéciale au très inspiré BERGMAN ISLAND de Mia Hansen-Love, une éloquente analyse autour de la création artistique et de ses influences sur notre quotidien.

Un regret particulier ? L’absence de FRANCE du très barré Bruno Dumont (!) avec Léa Seydoux (en salles le 25 août) et qui, là encore dans une mise en scène et en forme assez inédites et déstabilisantes, vous projette dans l’univers superficiel et terriblement anxiogène, tel qu’il est perçu par cette journaliste star en plein questionnement existentiel…

À retenir !

Rendez-vous en mai 2022 pour la 75ème édition ? 💫😉

Laurent Ghanassia

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