Martine Eckerling. Miami. Immeuble Champlain

C’est le second week-end et Shabbat que va vivre l’Immeuble Champlain qui s’est effondré à Miami le 24 juin dernier.
Mes pensées vont forcément vers ces familles éplorées, celles dont on a déjà trouvé les victimes et celles qui attendent et qui vivent un double cauchemar.

Tous ces gens qui, la journée d’avant, discutaient les plans du week-end, d’un retour possible d’une vague de Covid, de potentielles tempêtes tropicales, de tout un quotidien qui n’est pas venu.
Ces gens n’ont rien fait de fou, ils ne se sont pas mis en danger, ils n’ont pas pratiqué de sports extrêmes, ils n’ont pas voyagé dans des pays instables. Ils se sont seulement mis paisiblement au lit, chez eux, à la maison. Et d’une minute à l’autre, ils ont été enterrés vivants dans le lieu même où ils se sentaient les plus en sûreté et à l’abri de tout.
Ils n’ont été coupable de rien…

Mais désormais que la catastrophe est arrivée, et c’est le propre des catastrophes de nous y conduire, tout le monde se pose des questions et tout le monde veut des réponses.
Alors forcément, de même que les secouristes fouillent les décombres, une armée d’ingénieurs, de fonctionnaires et bien sûr d’avocats vont jouer le film à l’envers et fouiller les paperasses de toutes les institutions de la ville ( construction, zoning, urbanisme, etc), les plans et permis des entrepreneurs et les minutes des assemblées des copropriétaires de l’immeuble sinistré.
Et forcément on va pointer du doigt et il faudra trouver des coupables et des responsables ne serait-ce que pour les avocats qui affûtent déjà des pages et des pages de procès en dommages et intérêts.

Et on va voir tout un tas de causes inhérentes à Miami faire surface. Il n’y a pas d’endroit parfait mais Miami, telle une médaille, montre deux visages. D’un côté le soleil toute l’année, les palmiers, des kilomètres de plage, des vues à couper le souffle, de l’autre l’humidité qui ronge tout, la salinité, les ouragans, la corruption et un certain laisser-aller.

Dans toutes les copropriétés, particulièrement à Miami , Miami Beach, North Miami Beach, South Beach, Surfside, Sunny Isles, les propriétaires payent des charges mensuelles très élevées , en plus des impôts fonciers qui s’élèvent annuellement à 2% du prix d’achat. C’est le prix à payer pour le privilège d’être en front de mer…
Chaque immeuble, tous les 40 ans, doit subir une inspection qui est sensée vérifier la structure et les principaux systèmes (électricité, ascenseurs, plomberie, etc) pour obtenir un certificat qui continue à autoriser l’habitation en toute sécurité dans les lieux.

Le problème vient que du fait du climat, les structures se corrodent et s’altèrent beaucoup plus rapidement et cela entraîne souvent des frais énormes de remises aux normes ou en état.
Il incombe alors à la copropriété de répartir ces frais aux prorata des propriétaires sous forme soit d’une augmentation des charges mensuelles, soit d’un « assessment » dont le montant peut être très substantiel. Il n’est pas rare d’avoir des appels de fonds pouvant aller de $20.000 à plus de $300.000 par appartement.

Évidement de telles sommes ne sont pas budgétées par la plupart des propriétaires et posent un réel problème pour une grande majorité d’entre eux.
D’où des discussions et des atermoiements sans fin afin d’éviter ces frais et de reculer l’échéance d’avoir à les débourser pour faire ces travaux.

C’est ce qui s’est passé tragiquement dans cet immeuble et qui d’ailleurs commence à donner du grain à moudre à d’autres copropriétés.
Aujourd’hui même, à North Miami Beach, un autre immeuble vient de décréter l’évacuation obligatoire de 156 familles, presque 300 résidents, après une inspection. Comme on dit en anglais: «  Better safe than sorry » (mieux vaut prévenir que guérir).
Il est probable que d’autres immeubles suivront, que d’autres inspections font être faites «  en urgence » et qu’au vu de cette catastrophe, personne ne trouvera plus rien à y redire.

© Martine Eckerling

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