Paul Gratiani. Dix anecdotes méconnues sur la tour Eiffel, le monument payant le plus visité du monde

Inaugurée le 31 mars 1889, la Tour Eiffel est depuis cette date un symbole connu dans le monde entier, et l’un des monuments les plus visités au monde. Découvrez dix anecdotes méconnues sur l’édifice.

Elle est l’un des monuments les plus célèbres de la France voire du monde. Depuis sa construction, la tour Eiffel fascine et attire de nombreux curieux du monde entier : ils sont (hors période de pandémie de Covid-19 ) entre 6 et 7 millions à la visiter chaque année, c’est l’édifice payant le plus fréquenté du monde.

Amanda Keravel, rédactrice en chef France du guide du Routard et François Vey, auteur d’un livre sur les secrets de la Dame de fer (La tour Eif­fel, vérités et légendes, éditions Per­rin, 2018) nous racontent dix anecdotes méconnues sur l’édifice parisien inauguré lors de l’Exposition universelle de 1889.

1. Elle aurait pu porter un autre nom

La tour Eiffel aurait bien pu s’appeler… la tour Bonickhausen. Car l’ingénieur Gustave Eiffel, ayant participé à la construction de la tour Eiffel à Paris, n’est pas né sous le nom que l’on connaît aujourd’hui. Sa famille étant d’origine allemande, son nom de naissance est Gustave Bonickhausen. « Au début, Gustave Eiffel a gardé son nom allemand. Puis, lors de la guerre franco-allemande de 1870, ce nom est devenu encombrant pour ses affaires », explique François Vey.

Ses démarches engagées auprès du Conseil d’État pour changer de patronyme ont fini par être acceptées en 1881, soit quelques années tout juste avant la conception puis la construction de la tour. Ce qui explique donc qu’elle s’appelle la tour Eiffel et non la tour Bonickhausen.

2. Gustave Eiffel ne l’a pas imaginée et a racheté les brevets des premiers inventeurs

L’histoire a retenu le nom de Gustave Eiffel. Mais comme le rappelle Amanda Keravel, « Gustave Eiffel n’est pas l’inventeur de la tour ».

« Entouré d’ingénieurs brillants, il leur a proposé de plancher sur un projet pour l’Exposition universelle de Paris de 1889. Maurice Koechlin et Émile Nouguier, deux ingénieurs, ont donc imaginé ce projet et dessiné un prototype », complète François Vey.

Puis, un architecte, Stephen Sauvestre, a eu l’idée de la forme telle qu’on la connaît aujourd’hui. Emballé par le projet, Gustave Eiffel a alors racheté les brevets déposés par les deux ingénieurs et convaincu tous les cercles politiques et industriels de construire le monument. C’est aussi lui qui a assuré le financement de l’ouvrage. C’est pourquoi le nom de ce grand industriel et chef d’entreprise, très introduit dans le milieu politique de son époque, a été utilisé pour nommer la tour.

3. À l’époque de sa construction, elle était la plus haute tour du monde

« Construire la plus haute tour du monde, c’est un peu le grand projet fantasmé de tous les ingénieurs de l’époque », explique François Vey. Au moment de concevoir la tour Eiffel, l’objectif était alors de construire une tour de 1 000 pieds, soit environ 300 mètres. Pendant des années, la tour Eiffel a donc été le plus haut bâtiment dans le monde.

« C’était une véritable prouesse technique pour l’époque. Les Américains étaient très curieux, voire jaloux. Les journaux américains ont fait leur une sur l’ouverture de la tour, des délégations américaines sont venues la voir », rappelle François Vey.

Il a fallu attendre 1930 pour qu’elle soit détrônée par le Chrysler Building à New York (319 mètres), puis 1949 par l’Empire State Building (381 mètres). Aujourd’hui, d’autres tours atteignent plus du double de la hauteur de la tour Eiffel comme celle de Taipei (508 mètres) ou la Burj Khalifa à Dubaï (828 mètres).

4. Elle a échappé plusieurs fois à la destruction

« Lorsqu’elle a été mise en place, la tour Eiffel n’était qu’une attraction, elle n’avait pas d’autres fonctions. Le contrat signé à l’origine prévoyait donc sa destruction », précise Amanda Keravel. La concession était prévue pour vingt ans à partir de 1890. En 1910 donc, le monument aurait dû être démonté.

Mais c’était sans compter sur la détermination de Gustave Eiffel. « Pendant une grande partie de sa vie, il s’est battu pour une prolongation de la concession », développe François Vey. La concession a finalement été reconduite un grand nombre de fois. Et puis, le succès public ainsi que les différentes utilisations de la tour Eiffel pour les nouvelles technologies l’ont rendue indispensable. « Aujourd’hui, plus personne n’imagine une démolition », sourit Amanda Keravel.

La tour Eiffel est l’un des symboles de la ville de la Paris et de la France. (Photo : Patrick Kovarik / AFP archives)

5. Réquisitionnée par l’armée, occupée par les Allemands : elle a joué un grand rôle dans les deux guerres mondiales

De toute son histoire, la tour Eiffel n’a été fermée au public que trois fois. Lors de l’épidémie de coronavirus donc, mais aussi à l’occasion des guerres de 1914-1918 puis de 1939-1945. « En 1914, elle a été réquisitionnée par l’armée française pour servir de centre d’écoute des radios allemandes », explique François Vey.

Les informations recueillies ont permis d’identifier un lieu d’attaque déterminant pour la bataille de La Marne. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont occupé la tour pour utiliser l’antenne située à son sommet. Libérée en 1944, elle a été utilisée par l’armée américaine comme lieu de détente : une boîte de nuit a été installée au premier étage. Elle n’a été rendue à la France qu’en 1946.

Hors de ces conflits, elle a été utilisée pour de nombreuses expériences faites par l’armée. Un édifice rappelle ce passé militaire. « Un bunker est installé à son pied. Aujourd’hui, il abrite les machineries des ascenseurs. Il sert également pour la livraison de la nourriture des restaurants de la tour Eiffel. Comme les restaurants sont petits, certains plats sont mêmes préparés dans ce bunker », révèle Amanda Keravel, qui a pu visiter ce bâtiment.

6. Elle a joué un grand rôle dans le développement de la télévision

Grâce à la tour Eiffel, les Français ont pu voir en direct le couronnement de la reine d’Angleterre en 1953. « L’antenne a permis de capter les images britanniques et leur transmission en France », pointe Amanda Keravel. Une anecdote qui illustre l’importance du monument pour les télécommunications.

Au cours de son histoire, l’antenne mise en place à son sommet a été utilisée pour de multiples expériences sur la propagation des ondes. « En 1903, les premières expériences de télégraphe sans fil ont été menées sur la tour », ajoute François Vey. Utilisée également pour la radio, elle sert désormais à diffuser la TNT à Paris.

7. Un escroc a prétendu la vendre… avant de s’enfuir avec le magot

En 1925, un escroc a réussi à vendre la tour Eiffel, sans jamais la posséder. « Victor Lustig a lu un article expliquant que le monument coûtait très cher à réparer. Il a alors eu l’idée de faire croire qu’elle était à vendre. Il a envoyé une offre à plusieurs ferrailleurs expliquant qu’il la vendrait au plus offrant tout en précisant qu’il fallait absolument garder ce projet secret jusqu’à la vente », raconte Amanda Keravel.

Deux ferrailleurs sont tombés dans le piège et ont signé un gros chèque. Et puis Victor Lustig s’est enfui avec l’argent. « La victime était tellement honteuse qu’elle n’a jamais porté plainte », conclut la rédactrice en chef France du Routard.

8. Elle n’a pas toujours été marron et trois teintes de couleurs sont encore utilisées

Lorsque l’on regarde la tour Eiffel, on n’aperçoit qu’une seule couleur sur tout l’édifice. Il s’agit pourtant d’un effet d’optique ! « Gustave Eiffel avait conçu une technique : pour que la couleur paraisse uniforme vu d’en bas, il faut utiliser trois teintes. Du plus foncé en bas, au plus clair en haut », dévoile Amanda Keravel. Une astuce encore utilisée aujourd’hui.

Par ailleurs, elle n’a pas toujours été marron. « C’est un édifice peint et repeint constamment. Entre la couleur originelle et aujourd’hui, il y a eu un peu moins d’une dizaine de couleurs différentes officielles. Il y a eu du brun rouge, du marron, de l’ocre, du beige », énumère François Vey.

9. Elle rétrécit pendant l’hiver, bouge pendant l’été

Comme tous les édifices élevés, la tour Eiffel est sensible à son environnement. En hiver, les faibles températures peuvent la faire rétrécir de 4 à 8 centimètres. Lors des fortes chaleurs en été, le métal fait bouger le bâtiment. Le fer est en effet soumis au phénomène de dilatation thermique ce qui peut agrandir la tour de quelques centimètres et peut avoir aussi pour conséquence d’incliner la tour. Si le soleil chauffe d’un côté, le monument peut pencher de l’autre côté, de quelques centimètres.

En revanche, la tour est très peu sensible au vent. Et ce pour une raison très simple : « sa construction laisse passer l’air », souligne François Vey.

10. D’ici 2024, elle devrait avoir un nouveau visage

En 2024, la tour Eiffel sera plus que jamais au centre des regards du monde entier, les Jeux olympiques se déroulant en France, « C’est d’ailleurs le symbole qui a été utilisé pour le premier logo de Paris 2024 », rappelle François Vey. Un plan de modernisation est à l’œuvre pour le quartier.

Plusieurs aménagements sont prévus pour favoriser les promenades. Un grand jardin reliera le Trocadéro au monument, les deux étant actuellement coupés par une route. Des kiosques d’information et des stands de restauration devraient par ailleurs être installés sur l’esplanade et dans les nouveaux jardins autour de la tour Eiffel. De quoi donner un nouveau visage à la Dame de fer qui a déjà dépassé son 130e anniversaire.

 © Paul Gratiani

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