Raphaël Jérusalmy. Le Manuel bleu contre l’antisémitisme et la désinformation ( 14 )

Extrait de la semaine

Il n’y a pas de racisme modéré. Le racisme est excessif par nature. Il est débordement, intempérance, brutalité, débauche. Rappelons que, bien des fois par le passé, nombre d’énormités “verbales” se traduisirent concrètement par des massacres et des pogroms. Car lorsque la violence des mots ne peut aller plus loin dans l’excès, le passage à la brutalité physique est inévitable.

Les mystifications

Parmi les “énormités” antisémites qui illustrent la nature outrancière du racisme, nous avons choisi celles où la démesure atteignait son paroxysme.

1. D’après la résolution 3379 de l’Assemblée générale des Nations unies (votée en 1975), le sionisme serait “une forme de racisme et de discrimination raciale”. Cette résolution, aussi aberrante soit-elle, ne sera révoquée qu’en 1991, de façon laconique. Voici le texte intégral de cette révocation (46/86) : “L’Assemblée générale décide d’abroger la décision contenue dans sa résolution 3379 du 10 novembre 1975.”

En fait, il ne s’agit ici ni d’une excuse, ni de l’aveu d’une erreur, mais d’une manœuvre diplomatique pour qu’Israël accepte de participer à la Conférence de Madrid. Il faudra attendre, le 21 juin 2004, à l’occasion de l’ouverture de la première conférence des Nations unies sur l’antisémitisme, pour entendre le Secrétaire général Kofi Annan dire : “Force est de reconnaître que les actions de l’Organisation des Nations unies en matière d’antisémitisme n’ont pas toujours été à la mesure de ses idéaux. Il est déplorable que l’Assemblée générale ait adopté en 1975 une résolution dans laquelle elle assimilait le sionisme au racisme…”

Si nous rappelons ici cet évènement “déplorable”, c’est qu’il va réapparaître comme un diable hors de sa boîte, en 2001, à la Conférence de Durban contre le racisme.

2. Dès son ouverture, cette Conférence se vit détournée de ses objectifs par une poignée de pays arabes exigeant le rétablissement de la résolution 3379 mentionnée ci-dessus. La majorité des débats furent consacrés à ce thème, au détriment de toutes les autres causes et victimes de par le monde (à commencer par le drame tibétain). En soi, ce “traitement de faveur” représentait déjà une forme manifeste de racisme et de discrimination. Tout comme le vocabulaire d’une virulence dont seul Israël fit les frais, alors que des états pratiquant des ségrégations religieuses ou ethniques notoires, et même l’esclavage, se trouvèrent totalement épargnés. La plupart de ces états étant d’ailleurs ceux-là mêmes qui réclamèrent et votèrent les sanctions et les résolutions condamnant Israël. Et continuent de le faire jusqu’à l’heure actuelle. On compte parmi eux des “modèles” incontournables du mépris des droits de l’Homme, comme le Soudan et la Mauritanie, et surtout de la Femme, comme l’Arabie saoudite, l’Afghanistan ou le Qatar.

3. Un nouveau terme entre alors en usage dans le lexique de la haine antisémite : apartheid. Nous voilà de nouveau dans le registre de la banalisation des souffrances du peuple juif. Ou plutôt de la négation pure mais aussi de celles subies par les Noirs d’Afrique du Sud et de certains états américains. L’utilisation cynique du mot “apartheid” fait double-emploi. Elle désolidarise la destinée d’Israël de celle du peuple juif. Et donc s’en prendre à Israël, ou même le détruire, n’a rien à voir avec le reste des Juifs. A cela, vient se surajouter une nouvelle instigation, franchement discriminante puisqu’elle cible distinctement les Noirs, éveillant en eux des sentiments d’amertume soudain reportés des Afrikaans, et des Blancs en général, sur les Israéliens. Il s’agit bien là d’une exhortation à la haine. En parlant de “génocide”, la propagande antisémite faisait du Palestinien, le “Juif” d’une nouvelle Shoah. Par une pirouette de génie, elle en fait aussi le “Noir” d’un nouvel apartheid.

4. Ce dérapage embarrassant de la Conférence de 2001 se verra corroboré par le refus de nombreux pays d’assister à celle de 2009, toujours à Durban, ou de conditionner leur participation à l’abstention de toute “stigmatisation d’Israël ” (France) et “utilisation du processus de Durban pour banaliser ou nier l’Holocauste” (Grande-Bretagne). Mais, de leur côté, les antisémites de tous bords ont aussi tiré la leçon de Durban et des résolutions de l’Onu : celle de la capacité de survie du mensonge.

5. L’ultime degré de perversion antisémite est la négation de l’identité même du Juif. En l’arrachant à ses racines en terre d’Israël, comme le firent les Romains. En le privant de ses traditions et de ses rites comme le firent les nazis. En tranchant tout lien de parenté des Juifs avec l’Etat juif, comme le font les “antisionistes”. Mais l’UNESCO vient d’inventer une nouvelle formule, à laquelle même Titus et Hitler n’avaient pas songé. Titus avait emporté les objets de culte juifs à Rome et fait brûler le Temple. Hitler avait ordonné de détruire jusqu’au moindre vestige du judaïsme et de la culture juive. Alors qu’il suffisait tout simplement d’en nier l’existence. Et de mentir comme nul ne l’avait osé auparavant.

6. En octobre 2016, l’UNESCO publie le texte d’une “décision” concernant les lieux saints situés dans les “territoires palestiniens occupés”. De par son énoncé et le choix des termes usités, ce texte dénie tout lien du peuple d’Israël avec Jérusalem. Et occulte le caractère juif du Mont du Temple. Le Mur des Lamentations (qui en est la muraille occidentale) y est uniquement désigné sous sa dénomination arabe. Non contente de passer sous silence toute allusion risquant d’évoquer la judéité de ces lieux saints, ce texte énonce une demande de discontinuation des fouilles archéologiques menées sous l’esplanade des mosquées et sous le Mur que cette esplanade surplombe. Cette requête est d’autant plus intéressante que les avocats de la cause palestinienne rejettent toute notion d’antécédence territoriale et d’ancienneté de présence sur la terre d’Israël comme justifiant un droit quelconque sur cette terre. Alors, en quoi cette excavation de vestiges antiques les gêne-t-elle ?

7. Et en quoi peut-elle bien gêner l’UNESCO dont la vocation suprême est la préservation des patrimoines ? L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, créée le 16 novembre 1945, a pour but de “contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre les nations…” Et d’encourager la restauration de monuments et de vestiges, la menée de fouilles archéologiques et la conservation des trésors culturels. Cela inclut la préservation du nom que diverses cultures, disparues ou non, donnèrent aux sites qui en étaient le berceau (comme les noms indiens de sites américains).

8. Or non seulement l’UNESCO exige de la “puissance occupante” d’arrêter les fouilles sur l’un des sites les plus capitaux de l’histoire humaine mais elle déforme cette histoire par omission et censure verbale, à l’encontre même de sa mission. Bévue aggravée par le fait que l’UNESCO n’ait jamais sanctionné les dégradations commises de 1948 à 1967, sous l’occupation jordanienne, lors de laquelle le Mur des Lamentations fut utilisé comme dépôt d’ordures et urinoir public. La Jordanie est d’ailleurs “Gardienne des lieux saints” musulmans de Jérusalem (pardon, il faudrait dire Al-Quds…) jusqu’à ce jour.

9. Le dilemme qui se pose à la lecture des déclarations de Durban, de l’UNESCO ou de BDS, est celui d’ignorer l’injure ou de la relever. A quel point est-il nécessaire de rectifier des déclarations d’une partialité si flagrante qu’elles se trahissent d’elles-mêmes. Ou de dénoncer des mensonges auxquels seuls les ignares et les gens de mauvaise foi puissent prétendre croire. Après tout, ce recours des antisémites à la calomnie et à l’omission sélective est un clair aveu de leur imposture. C’est en désespoir de cause qu’ils mentent. Car si la vérité était de leur côté ils n’auraient pas besoin de la déformer.

10. Se contenter d’une conscience propre et se retrancher derrière son bon droit, c’est oublier que toute cette haine finira par nous rattraper tôt ou tard. A la pointe d’un canon ou d’un couteau. A Tel-Aviv ou à Nice. C’est oublier que la focalisation sur Israël et les Juifs détourne l’attention d’innombrables injustices commises à l’égard d’autres peuples et nations qui, reportées au deuxième plan, ne bénéficient ni des rassemblements de solidarité, ni des comités de soutien, ni des aides financières dont jouit amplement la cause palestinienne. C’est oublier un devoir de mémoire envers toutes les victimes de cette lignée infernale de détracteurs et de menteurs, dont l’UNESCO et BDS ne sont que les derniers rejetons. C’est enfin oublier notre devoir envers les générations à venir.

Devoir d’autant plus facile à accomplir que la vérité est plus simple à dire que tout mensonge. Nos prochains extraits seront consacrés à ces vérités qu’il nous appartient de diffuser.

© Raphaël Jérusalmy

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Manuel bleu contre l’antisémitisme et la désinformation. Octobre 2019. Editions Valensin David Reinharc

Participez à la diffusion du Manuel bleu auprès du public juif (synagogues, mouvements de jeunesse, institutions…) aussi bien que non-juif (étudiants, décideurs, journalistes). Offrez-le à vos amis et à vos proches. Concernant les Associations ou les Institutions, il est possible de commander des exemplaires “personnalisés”, avec le logo de l’Institution et une préface de son Président.

Ecrire à la maison d’édition. Par courrier : Editions Valensin – David Reinharc, 16 boulevard Saint-Germain, 75005 – Paris. Par mail : editions.valensin@gmail.com


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Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, Raphaël Jerusalmy a fait carrière au sein des services de renseignements militaires israéliens avant de mener des actions humanitaires puis de devenir Marchand de Livres anciens à Tel-Aviv. Il est aujourd’hui écrivain, auteur de plusieurs romans publiés chez Acte Sud. Il est également expert sur la chaîne de télévision i24news.

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