Marc Brzustowski. Le Drian, Polony, Blinken… croient le djihad soluble dans un Traité de Westphalie à la sauce orientale

Ou la diplomatie Couscous-Boulette des YakaFaucons

On évoque souvent l’échec de la « Hasbara« , l’art de la diplomatie publique, dont serait affectée la politique extérieure et l’effort de communication de l’Etat d’Israël, devenu bègue comme Moïse, mis dans l’incapacité d’expliquer clairement ses positions.

Jérusalem est continuellement pris en défaut et contraint de justifier son recours au droit à l’autodéfense contre ses ennemis cruels, d’autant que ceux-ci optent, depuis Yasser Arafat, puis la révolution iranienne, pour la guerre terroriste ou dite « de basse intensité », par l’entremise de groupes marxistes radicaux (OLP, FPLP), mais le plus fréquemment islamistes dédiés (Hamas, Djihad, Hezbollah, Brigades d’Al Aqsa, « Fatah » -la Conquête, etc.), à partir de 1967, puis 1979.

Le combat, avec l’appui des Soviétiques, ayant donné lieu à une série de fiascos en matière de guerre conventionnelle, les groupements arabo-musulmans sont retournés aux sources du fondamentalisme issus des Frères musulmans du début du XXème Siècle, jusqu’à Al Qaïda et ses nouveaux « Haschichins » (Secte des Assassins du XIIème siècle), voire bien au-delà, avec les écrits Hanbalites ou Salafistes d’Ibn Tammiyah, un des premiers jurisconsultes organisateurs du djihad, repris et interprétés par l’Etat Islamique.

Or, l’Europe issue des la reconstruction post-Seconde Guerre Mondiale dispose de traités anciens, en matière de droits internationaux et de définition des frontières, de Souveraineté requise pour chacun, de règles du jeu.

Certes, celles-ci ont gravement été bousculées et remises en question par des mouvements idéologiques « révolutionnaires », de Napoléon à Staline, en passant par Hitler. Mais, elles ont pu être restaurées, non sans mal, voire améliorées par des systèmes d’alliances multiples, comme l’invention à risque de la CEE, l’Alliance Atlantique ou Otan, etc.

Finalement, comme dans les films américains, l’Etat de Droit, le « bien » des vainqueurs triomphe toujours ou presque du Mal : le Nazisme, l’Empire du Soleil Levant et même le Mur de Berlin finit par s’effondrer presque de lui-même…

Il ne peut en résulter qu’une vision triomphaliste du progrès inaltérable des « droits de l’homme » et que les pires totalitarismes et dictatures finissent toujours dans les poubelles de l’histoire…

Or, le Moyen-Orient, notamment, mais il n’est pas la seule région, résiste à ces modèles théoriques tirés de l’expérience européo-américaine et ne veut pas entrer dans le cadre fixé par le « néocolonialisme diplomatique » du club des pays dits avancés… Le conflit dit israélo-« arabe » ou Israël contre l’Iran chiite, implicitement ou explicitement contre la vision islamiste de la nouvelle Turquie d’Erdogan et ses sponsors qataris, à travers leurs groupes supplétifs en lisière des lignes d’armistice précédentes, définissant provisoirement les « frontières » de l’Etat Juif est, pour l’Islam politique, le lieu même de la Guerre, au sens métapolitique, le Dar al Harb, par opposition au Dar Al Islam, le lieu déjà conquis, pacifié par l’imposition des obligations de la Dhimmitude aux peuples jugés « inférieurs » : Juifs, Chrétiens, Bouddhistes ou Hindouistes, etc. Les autres y sont souvent réduits den esclavage, comme on y a assisté dans le cas des Yézidies, en Irak-Syrie, il y a moins de 5 ans.

Forgées par leur propre histoire des conflits, les formes modernes de gouvernance ne disposent plus du langage, des codes, ni des niveaux d’argumentation et d’interprétation qui leur permettraient d’accéder à la compréhension, ni au décryptage des conflits qui affectent un jeune pays démocratique du Moyen-Orient, aux prises avec les techniques de guerre terroriste employées par ses ennemis les plus tenaces, type Hamas, tout dernièrement. 

A minima, il leur a semblé intégrer certains éléments de ces enjeux, à partir du 11 Septembre 2001, puis des séries d’attentats embrasant les capitales européennes, de Madrid, à Londres en passant par Bruxelles et Paris.

Mais très vite, ce partage a minima d’un même destin face aux mêmes maux retombe pour redonner libre cours aux bonnes vieilles coutumes de la « diplomatie », telle que pratiquée depuis Talleyrand, renforçant chaque fois un peu plus le sentiment « d’isolement » du combat singulier que mène seul Israël face aux « coups » de semonce de la part de forces qui ne semblent pas pouvoir vaincre, mais seulement emporter des « victoires » symboliques passagères, purement tactiques, faire des dégâts pour éroder une légitimité…

Ces méthodes s’en prennent systématiquement aux civils, donc aux éléments les plus exposés, les plus vulnérables, que la démocratie doit à tout prix protéger. Elles semblent s’apparenter à une « lutte armée », se prétendant de « résistance » contre une armée moderne, entraînée et menée soi-disant « au nom » d’un peuple « occupé », alors même que les premiers tracés de lignes d’armistice sont la conséquence d’une guerre d’Indépendance contre 5 armées régulières arabes, qui, toutes ou parties, ont récidivé au moins deux fois (1967 et 1973), soit pour exterminer dans l’œuf le jeune Etat, soit pour contester des frontières sinaïtiques ou dans le Golan. Mais elles ne sont jamais parvenues à renverser la balance en leur faveur…

Dans ce rapport postmarxiste de déséquilibre des forces, il y aurait clairement un « faible » arabo-palestinien ou irano-chiite, au nom des nouveaux « damnés de la terre » (et pour cause! Puisqu’ils auraient été soi-disant « spoliés » de terres – qui n’appartenaient alors à personne, régies par les empires ottoman puis britannique-, par Israël comme premier occupant légitime d’un territoire libéré de la présence coloniale anglaise, à la même époque que l’Inde, avant sa guerre « nationalo-religieuse » avec le Pakistan) , et un « fort » : le jeune état juif renaissant de son Exil bimillénaire.

En réalité, on est juste face à un vide juridique que des recommandations temporaires ou résolutions de l’ONU ont tenté de palier, sans succès.

Pour essayer de comprendre le « hiatus » communicationnel ou malentendu persistant et qui, peut-être ne pourra jamais être totalement levé, il nous faut en passer par un rappel historique concernant les conséquences en Europe, du Traité de Westphalie du 24 octobre 1648, en matière de souveraineté et liberté des Etats, notamment à l’égard des religions et des guerres qu’elles ont engendrées pour imposer la vérité absolue de chacune contre toutes les autres.

Ils augurent de toutes les conceptions militaires et juridiques définissant la « Modernité », qui fait tant défaut en Islam, tenu à l’écart du mouvement général des grandes découvertes des « Temps Modernes » (qui accouchent de l’Amérique) : or, c’est précisément à ce type de situation politico-confessionnelle conflictuelle et permanente à laquelle on a affaire, non seulement en Israël face au Hamas/Hezbollah, mais dans toutes les zones à risque issues des conquêtes islamiques des premiers siècles de l’Egire (Andalousie, Afrique subsaharienne, Asie Centrale, marges de la Russie et de la Chine, Océanie…).

Les Traités de Westphalie modifient profondément les équilibres politiques et religieux en Europe et dans le Saint-Empire, ils sont aussi à la base du « système westphalien », expression utilisée a posteriori pour désigner le système international spécifique mis en place, de façon durable, par ces traités.

Les traités reconnaissent les trois confessions catholique, luthérienne et calviniste dans le Saint-Empire, les princes conservant le droit d’imposer leur religion à leurs sujets. la religion devient un domaine géré librement par chaque État, avec une laïcisation progressive des relations internationales qui permet aux états de s’émanciper des dogmes religieux. Les contestations les plus virulentes viennent du Saint-Siège, qui perd là une grande partie de son influence sur la politique européenne, et de l’Espagne.

Au cœur de qu’on appelle « ordre westphalien », ou encore « tournant westphalien » se trouve l’idée selon laquelle ces traités auraient vu la naissance d’un nouvel ordre international fondé sur l’affrontement d’États désormais souverains et égaux en droit, et participant par conséquent d’une stabilisation de l’ordre international après une époque de guerres civiles. Ces traités seraient ainsi à l’origine de principes élémentaires du droit international contemporain tels que l’inviolabilité des frontières ou la non-intervention dans les affaires domestiques d’un État.

Il faut toutefois garder à l’esprit qu’il s’agirait du point de départ d’un long processus aboutissant à la mise en place et la relative acceptation de ces règles ; par ailleurs les notions d’État et de frontière doivent être saisies dans leur réalité du XVIIe siècle. les États se reconnaissent mutuellement comme légitimes sur leur territoire propre. Sont objet de leur reconnaissance :

  • Une souveraineté extérieure : aucune autorité n’est supérieure aux autres et chacun reconnaît l’autre comme souverain sur son territoire.
  • Une souveraineté intérieure : l’autorité est exclusive sur son territoire et aucun État ne peut s’immiscer dans les affaires d’un autre État. [Que se passe t-il, si Trump veut l’appliquer à Jérusalem, par exemple?]
  • Un équilibre des puissances : les États ont le droit de s’allier pour éviter la montée d’une superpuissance. Aucune puissance n’a le droit de devenir une superpuissance [Voyons ce que cherchent à faire l’Iran et la Turquie néo-ottomane d’Erdogan].

C’est une nouvelle conception de la souveraineté qui perdura jusqu’à la bipolarisation de la guerre froide, et qui reste une norme juridique moderne. Avant leur restauration, ces conceptions suscitent la réaction des chercheurs nazis, pour qui le texte des traités est la matrice de l’impuissance politique du Reich et des Allemands : en 1943, deux historiens allemands affirment que la dissolution de la souveraineté du Reich en une multitude de principautés, reprenant en cela les arguments de Friedrich Grimm, mis en forme dans les années 1920, constitue la cause fondamentale de la perte de pouvoir du Reich, sur l’échiquier européen, entraînant la perte de contrôle de territoires germaniques. La mémoire nazie de ces traités insiste également sur les ferments de dissolution du Reich, œuvre juridique dotée, selon les théoriciens nazis, d’une « base raciale .

A lire et écouter les principaux protagonistes « antisionistes » de la Guérilla lancée contre l’existence d’Israël et sa souveraineté, reconnue par les « Nations » (mais encore faut-il en constituer une), aucun des postulats entrepris en 1648, il y a 373 ans ne sont à la veille d’émerger, dans les mentalités locales. Les accords franco-britanniques Sykes-Picot ont « tracé à la règle » le contours d’Etats, qui, à l’exception notables de quelques rares sont tous, actuellement, des « Etats-faillis », en particulier ceux-là mêmes qui entourent Israël (retirons l’Egypte de Sissi dirigée d’une main de fer) : Syrie éclatée, Irak multiconfessionnel partagé en trois sous-blocs ethniques, Jordanie disputée entre Royauté bédouine à la légitimité fragile, Frères Musulmans et Palestiniens irrédentistes toujours prêts au soulèvement, et surtout Liban otages d’un groupe terroriste devenu une armée…

Il est totalement utopique de vouloir imposer un énième « Etat en faillite » au cœur même de la Judée et Samarie historique ou/et à Gaza sans avoir redéfini tous les contours au nord à l’Est et au Sud, avides de provoquer l’édification d’un désert judenrein, du Jourdain jusqu’à la Mer, comme le hurlent les hordes de clans ultra-violents qui se répandent dans les capitales européennes et villes d’Amérique, comme si leurs hôtes étaient devenus totalement impassibles et aveugles à leurs revendications et à leur signification, depuis les temps anciens et à jamais oubliés des « guerres de religion » ou nationalistes à forte connotation ethnoreligieuse.

Sans compréhension des termes du Djihad, de la Dhimmitude dans laquelle se débattait la partie orientale du monde juif sous les Califats, aucun européo-américain ne chaussera les bonnes « lunettes » pour explorer les questions sensibles qu’il prétend explorer, et mieux, auquel il croit apporter des « solutions (à deux-Etats) : l’Etat-Nation au Moyen-Orient demeure une forme d’organisation disputée par des mouvements internes claniques ou infra-confessionnels qui rongent toute forme administrative centralisée… Il est probable qu’il faille réinventer autre chose, comme sous la forme des « Emirats » (Arabes Unis, confédération indépendante de Bahrein ou l’Arabie Saoudite, par volonté et répartitions internes entre les « principautés ».

Un gros chantier de « déblayage » conceptionnel et de confrontation des visions du monde s’annonce : qui aura le courage de le mener à terme, avec les précautions qui s’imposent dans la traduction des représentations, d’un monde « postmoderne » à l’autre (oriental et entraîné par les conceptions héritées des divers fondamentalismes en vigueur)?

Le dernier conflit à Gaza et la marginalisation perceptible de l’Autorité Palestinienne corrompue, mais issue d’un mixte de bourgeoisie musulmane ou chrétienne itinérante de Bagdad à Damas en passant par le Caire et, rarement par Jérusalem, dans les années 1930, devenue marxiste avec les conseillers soviétiques, puis qui s’est réislamisée durant la Seconde Intifada, pour tenir le défi du Hamas, définissent les enjeux, dangereux y compris pour l’Occident perméable, qui s’imposent.

 ©  Marc Brzustowski

Yahya Sinwar arrive au passage de Rafah entre l'Égypte et Gaza le 18 octobre 2011, après avoir été libéré par Israël dans le cadre d'un échange de prisonniers contre le soldat kidnappé Gilad Schalit (crédit photo: REUTERS)
Yahya Sinwar arrive au passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza le 18 octobre 2011, après avoir été libéré par Israël dans le cadre d’un échange de prisonniers contre le soldat kidnappé Gilad Schalit (crédit photo: REUTERS)

Source: Terre-des-Juifs.com 27 mai 2021

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