Sarah Halimi. Suite

Le Rassemblement au Trocadéro organisé par le Groupe Agissons pour Sarah Halimi y est pour beaucoup: Plus que jamais, Ils et Elles écrivent sur “L’Affaire Sarah Halimi”. Regret que la chose vînt si tard. Car aujourd’hui, même le CRIF, si longtemps … frileux, s’y met!

Tard. Très tard. Mais des interventions qui restent bienvenues et que nous saluons.

Sauf si elles viennent nous raconter à nouveau le drame.

Sauf si elles viennent s’en mêler, même manquant des éléments légitimant pour en parler.

Sauf si elle viennent ajouter du désordre au désordre, pour ne pas dire… des approximations à des approximations: je pense ici aux interviews données ad nauseam par les Experts Psychiatres qui ont eu à se prononcer sur le discernement de Traoré, et tout particulièrement par Paul Bensussan.

Concomitamment, 2 papiers: l’un, dans Le Point, et dont TJ s’est fait l’écho, est signé Nathanaël Majster: l’avocat avance des arguments étayant la préméditation qui a été refusée sans autre forme de procès: Comment ne pas l’entendre et ne pas ajouter ses remarques fondées à tous les manquements qui caractérisent l’Instruction…

L’autre est de notre collègue Timothée Boutry, un des premiers sinon le premier à avoir relayé le drame et celui qui l’a suivi avec la plus grande régularité, qui vient nous donner un papier intitulé: Kobili Traoré, déclaré pénalement irresponsable, a quitté l’unité pour malades difficiles, mais reste hospitalisé sous contrainte.

Timothée Boutry, se basant sur les témoignages de professionnels, explique ce qu’est une UMD ou Unité pour Malade Difficile.

Selon lui, Kobili Traoré demeurerait hospitalisé sous contrainte, son sort étant passé, depuis l’Arrêt confirmé par la Cour de Cassation, entre les mains de l’autorité préfectorale qui aurait pris un arrêté d’internement, son séjour dans un service plus sécurisé ne se justifiant plus.

Pour rappel, interpellé aisément dans la foulée du meurtre commis, Kobili Traoré avait quelques heures après été interné en psychiatrie, avant de prendre, compte tenu de son agitation et de la gravité des faits, le chemin de l’UMD de Villejuif.

Pour info, redisons que selon le Code de la Santé publique, ces structures accueillent des patients dont l’état de santé requiert la mise en œuvre, sur proposition médicale et dans un but thérapeutique, de protocoles de soins intensifs et de mesures de sécurité particulières. Timotée Boutry cite à l’appui les propos d’une psychiatre exerçant en UMD: Ce sont des unités plus sécurisées que dans une prise en charge classique. Les patients sont soumis à de plus grandes privations de liberté, les visites sont davantage réglementées. Il y a surtout beaucoup plus de personnel, l’encadrement est renforcé.

Son papier nous rappelle à raison que le passage en UMD est censé être temporaire. La situation des pensionnaires est obligatoirement réévaluée tous les six mois par une commission de suivi médical: Quand les patients vont mieux, ils ont vocation à retourner sur leur secteur d’origine, décrypte le docteur Michaël Bonnière, psychiatre dans une structure de réhabilitation sociale en Seine-et-Marne. La durée est très variable selon les situations. Elle peut se limiter à six mois ou durer plusieurs années. J’ai en tête le cas d’un patient qui y est resté huit ans.

Et de nous relater le cas de Romain Dupuy, le double meurtrier de l’hôpital psychiatrique de Pau en 2004, qui demeure maintenu à l’UMD de Cadillac: Alors que la commission s’est prononcée pour la levée de la mesure à trois reprises, le Préfet s’y est opposé à chaque fois.

Selon les informations de mon confrère, le meurtrier de Sarah Halimi ne serait plus en UMD depuis près d’un an et serait retourné dans un établissement psychiatrique classique en région parisienne, sa bouffée délirante aiguë s’étant révélée sans lendemain et le fait que Traoré ne souffrait pas d’une maladie chronique ayant fait que son séjour en UMD ne se justifiait plus médicalement.

Cet allègement de son régime d’internement n’a pas modifié son statut : il reste hospitalisé sous contrainte. Pour qu’il puisse retourner à l’air libre, les textes ont prévu plusieurs conditions à remplir. Il faut d’abord l’accord du service qui le suit. Le psychiatre ne vit pas hors du monde et on peut penser que la gravité du cas et sa médiatisation vont avoir une influence, avance un professionnel francilien. Le praticien doit être au service du patient et travailler à un projet de sortie, mais aussi au service de la société pour la protéger. C’est un équilibre difficile. Pour autant, tout patient a vocation à sortir. Ensuite, il faut recueillir l’avis de deux experts psychiatres. Leurs conclusions doivent être convergentes. En dernier ressort, la décision revient au préfet, termine le journaliste du Parisien.

Pour notre part, nous soulèverons quelques remarques:

Nul décidément ne sait avec certitude où se trouve donc le meurtrier de Sarah Halimi.

Nul ne sait si un traitement lui est administré. Rappelons qu’à l’Audience du 19 décembre 2019, le docteur Daniel Zagury, favorable à la comparution de Kobili Traoré devant la Cour d’Assises, avait posé la question de “garder en psychiatrie un sujet qui n’a plus de trouble justifiant son internement”, et que l’innénarrable Paul Bensussan avait, à la barre, admis s’être “trompé”, et avait reconnu que notre homme ne souffrait d’aucune pathologie.

Rappelons encore à nos lecteurs les photos qui ont inondé la toile et montrant un Traoré recevant moult “amis”, photos qu’il posta lui-même sur sa Page Facebook, laquelle fut fermée peu après.

Rappelons enfin que les informations données par Le Parisien ne sont pas de première fraîcheur, selon les mots-mêmes de William Attal, frère de Sarah Halimi: en effet, nombreux savent que Kobili Traoré a été de nouveau placé en UMD à Villejuif, “il y a 1 mois environ, après être resté 1 an et demi à Saint Maurice.

Nous pensons que sa trop grande visibilité et ses parties de tennis associées à la grande mobilisation ont fait le reste. Mais l’état de Mr Traoré ne s’est en aucun cas dégradé. Ce qui interpelle, C’est combien de temps l’a-t-on gardé en bonne santé à Villejuif”, demande William Attal.


Parallèlement, alors que sont prévus des événements sur “le” sujet, dont Un, organisé par Schibboleth Actualité de Freud et intitulé L’Extermination de Sarah Halimi. Le Symbolique et le Sujet en question(s) aujourd’hui en France, les enfants de Sarah Halimi annoncent que “des possibilités d’une réouverture du dossier leur ont été proposées”, et nous attendons sereinement que soit validée la demande de Tenue d’une “Commission d’enquête Parlementaire” telle que demandée récemment par les Députés Habib et Le Grip.

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