Raphaël Jérusalmy. Le Manuel bleu contre l’antisémitisme et la désinformation ( 13 )

Depuis la fin février, dans le cadre de la diffusion du Manuel bleu contre l’antisémitisme et la désinformation, Raphaël Jérusalmy et son Editeur David Reinharc ont proposé à certains medias une forme de collaboration, un cadeau en réalité : Les dix-sept chapitres du Manuel bleu sont ainsi offerts aux Lecteurs de TJ à raison d’un chapitre par semaine, introduits chaque fois par Raphaël Jérusalmy lui-même : “Voici le treizième épisode du Manuel pour cette semaine. Il est assez d’actualité“, m’a-t-il écrit sobrement hier…

Extrait de la semaine

Malgré les restrictions qui leur furent imposées, les communautés juives ont contribué pendant des siècles aux avancées de la médecine, du commerce, de la philosophie et des sciences, à travers l’Europe. Les périodes de libéralisation et de progrès social des sociétés occidentales ont toujours coïncidé avec une humanisation du traitement des Juifs, comme ce fut le cas dans la Florence de Laurent le Magnifique et des Médicis, à l’aube de la Renaissance.  Aujourd’hui, en dépit d’incessants appels au boycott, le monde entier bénéficie et fait plein usage des inventions israéliennes (telles que la clef USB, la caméra en pilule, Waze, l’irrigation au goutte-à-goutte) et les talents et accomplissements israéliens se voient reconnus et primés dans d’innombrables festivals ou congrès. Ce qui excite plus encore la rage des boycotteurs.

Le boycott

Les campagnes actuelles de boycott anti-israélien descendent en droite ligne des pratiques de mise à l’index pratiquées du temps où, bien avant qu’Israël existe, les Juifs ne possédaient ni terre, ni état.

1. Le boycottage anti-israélien, sous sa forme officielle, voit le jour le 02 décembre 1945, date à laquelle la Ligue arabe lance un appel formel au boycott des marchandises ‘juives’ et ‘sionistes’. Dans les années qui suivirent, ce boycott fut étendu à toute firme étrangère commerçant avec Israël. Certaines cédèrent (Pepsi Cola), d’autres pas (Coca Cola). L’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, le Bahreïn et les États du Golfe ont depuis quitté les rangs du boycott. Mais pas le Liban, la Syrie ou l’Iran.

2. Même si elle appelle à le faire, l’Autonomie palestinienne ne pratique pas elle-même ce boycott. Ses échanges commerciaux avec Israël représentent 58% de ses importations (et 84% de ses exportations) avec un taux de croissance économique de 3,2% pour 2015. Les salaires des Palestiniens travaillant tant en Israël que dans les ‘implantations’ (auxquels les boycotteurs européens leur demandent de renoncer) constituent une source de revenus indispensable à la population et à l’économie. Or les ouvriers et agriculteurs palestiniens sont les premières victimes des campagnes de boycott, et les plus touchés. Puis les commerçants. C’est d’ailleurs le but caché de ces campagnes comptant sur les mises au chômage qu’elles entraînent pour attiser le mécontentement et briser tout espoir de coopération entre les deux peuples.

3. Bien que la chargée de la politique étrangère de l’Union européenne, Mme Federica Mogherini, ait déclaré que « l’UE rejette les tentatives de la campagne BDS d’isoler Israël, et est opposée à tout boycott d’Israël » (15 sept. 2016), l’UE et certains états membres pratiquent un boycott ‘sélectif’ quant aux produits israéliens provenant des zones faisant l’objet de différends territoriaux entre Israël et l’Autorité palestinienne. Ces produits se voient étiquetés selon des critères clairement politiques et discriminatoires dépourvus de tout bienfait humanitaire. Alors que les marchandises en provenance de nombreux pays où les droits de l’homme, de la femme et de l’enfant sont bafoués en permanence ne tombent sous le coup d’aucune signalisation de cet ordre.

4. Au boycott économique s’ajoutent les boycotts académique, culturel et sportif qui constituent un empiètement de la politique au sein de domaines qui devraient en être exempts par nature. La preuve en est que, malgré quelques victoires ici et là, les appels à ces boycotts sont rejetés par la majorité des institutions. Et ce, non pas par sympathie pour Israël, mais pour des raisons déontologiques évidentes et des motifs de liberté de pensée et d’indépendance d’esprit sans lesquelles ces institutions n’ont effectivement aucune raison d’être.

5. Nombre de militants pour la paix désapprouvent le recours au boycott. Citons, pour exemple, ces phrases diffusées par le site web du mouvement La Paix Maintenant et condamnant le boycott scientifique : « Nombreux parmi nous, membres de la communauté scientifique et académique, sommes actifs dans La Paix Maintenant et dans la nouvelle Coalition Israélo-palestinienne pour la Paix. D’autres ont des opinions opposées, évidemment. Quoi qu’il en soit, nous considérerions tous un boycott académique des académies et Universités israéliennes par les Européens comme un acte inadapté et immoral de punition collective, indigne de nos collègues de la communauté académique en Europe. » (15 janvier 2002). Le fait est qu’aucune avancée vers une paix avec les Palestiniens, si minime soit-elle, n’a jamais émané d’un boycott quel qu’il soit. Mais d’initiatives diverses d’ouverture et de dialogue.

6. Plutôt que de s’étendre sur le bien-fondé ou non des campagnes de boycotts menées contre Israël, il suffit de se pencher sur la principale d’entre elles, BDS, afin d’en déceler la motivation profonde, mais aussi le danger bien réel qu’elle représente. Les dégâts économiques causés par ce mouvement sont relativement limités. Mais BDS sème ses graines de haine parmi les étudiants, qui sont les décideurs et les cadres de demain. Et la jeunesse en général. Autrement dit, la menace de BDS pèse plus lourd sur l’avenir que le présent. Elle se fonde sur une stratégie à long terme.

7. BDS (Boycott Divestment Sanctions) n’est pas une levée de boucliers spontanée en faveur de la cause palestinienne. C’est une opération montée de toutes pièces dont le quartier général est à Ramallah et dont le cerveau, Omar Barghouti, est un adversaire déclaré de la solution de ‘deux peuples, deux états’. Le manifeste officiel de BDS, rédigé en juillet 2005, proclame vouloir lutter contre Israël afin de « mettre fin à son occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes ». Phrase que Barghouti lui-même clarifie en souhaitant qu’Israël « redevienne une terre pure et musulmane débarrassée de la domination sioniste. »  De fait, BDS est lourdement financé par les ennemis existentiels d’Israël, dont le Qatar (qui a sponsorisé et tenu la grande Conférence BDS-Qatar d’août 2016).

8. Les actions de BDS cherchent à décourager toute tentative de conciliation, comme l’exemplifie le cas Soda Stream, une firme dont les usines situées au cœur de la Judée-Samarie employaient Israéliens et Palestiniens de façon indiscriminée et à égalité des salaires dans le but déclaré de contribuer au rapprochement et à la paix. Fort contrariés par le succès de cette initiative, les gens de BDS entamèrent une campagne acharnée contre cette firme israélienne. Malgré la meilleure des volontés et face à une baisse des ventes dans plusieurs pays, Soda Stream se vit dans l’obligation de relocaliser ses usines dans le désert du Néguev. Plus de 500 travailleurs palestiniens perdirent leur emploi. Ajoutons, pour lui rendre hommage, que l’actrice Scarlett Johansson dût renoncer à son rôle d’ambassadrice de l’association Oxfam (2014) pour avoir participé à une publicité de Soda Stream. Celle-ci, ayant fait polémique, fut de plus déprogrammée de la finale du Superbowl. Malgré toutes ces pressions, Scarlett Johansson n’écouta que sa conscience et continua de représenter la firme et l’idéal qui gênaient tant BDS.

9. Après une inquiétante progression, BDS et d’autres organes de boycott paraissent perdre les soutiens qu’ils s’étaient acquis. Depuis 2016, on assiste à un réveil des consciences et à une nette démarcation de ces groupes. En août 2016, le concile des étudiants de l’université de Leipzig vote une résolution condamnant BDS pour « antisémitisme ». Les étudiants considèrent que BDS représente une menace pour la liberté académique et que le mouvement leur rappelle clairement le ‘n’achetez pas aux Juifs’ de la période nazie. Ce concile des étudiants stipule enfin que BDS a pour but « l’abolition de l’Etat d’Israël ». Certains syndicats et associations ayant soutenu BDS par le passé, se rétractent aujourd’hui et constatent que sa démarche est contreproductive. La Bank of Ireland, la Commerzbank d’Allemagne, le Crédit Mutuel français, ont clôturé les comptes bancaires de BDS pour la même raison. Mais l’UE est loin d’avoir adopté les résolutions qui s’imposent.

10. La perte de vitesse de BDS est due à deux facteurs supplémentaires : la contre-attaque d’Israël, menée depuis 2014 dans les médias, sur le web et au niveau diplomatique, sous l’égide du ministère israélien des affaires étrangères. Mais surtout l’action des dirigeants et forums communautaires juifs qui ont alerté leurs élus nationaux et européens, et les institutions de leurs pays, en leur rappelant que tout recours à l’arme du boycott sape les fondements mêmes de la démocratie.

BDS se voit aujourd’hui accusé d’antisémitisme par d’autres que les Juifs. A BDS de prouver le contraire. Dans la lutte contre les racismes, il n’est pas bon d’être uniquement sur la défense. Il faut savoir attaquer. C’est la leçon à tirer du célèbre “J’accuse” d’Emile Zola. Accusez les ennemis de la paix et les racistes (ce sont généralement les mêmes). Accusez-les principalement de mentir. Car ce qu’ils boycottent avant tout, c’est la vérité, comme nous l’exposerons dans notre prochain chapitre consacré aux mystifications.

© Raphaël Jérusalmy

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Manuel bleu contre l’antisémitisme et la désinformation. Octobre 2019. Editions Valensin David Reinharc

Participez à la diffusion du Manuel bleu auprès du public juif (synagogues, mouvements de jeunesse, institutions…) aussi bien que non-juif (étudiants, décideurs, journalistes). Offrez-le à vos amis et à vos proches. Concernant les Associations ou les Institutions, il est possible de commander des exemplaires “personnalisés”, avec le logo de l’Institution et une préface de son Président.

Ecrire à la maison d’édition. Par courrier : Editions Valensin – David Reinharc, 16 boulevard Saint-Germain, 75005 – Paris. Par mail : editions.valensin@gmail.com


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Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, Raphaël Jerusalmy a fait carrière au sein des services de renseignements militaires israéliens avant de mener des actions humanitaires puis de devenir Marchand de Livres anciens à Tel-Aviv. Il est aujourd’hui écrivain, auteur de plusieurs romans publiés chez Acte Sud. Il est également expert sur la chaîne de télévision i24news.

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