Maxime Tandonnet. Lecture. 2024, les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu. Marc Perelman

Les jeux Olympiques de Paris ne sont plus à l’ordre du jour de l’actualité écrasée par la crise sanitaire.  Pourtant 2024 est déjà tout proche. Marc Perelman, professeur d’université, philosophe et architecte, lance le débat avec un temps d’avance.

Les JO n’ont pas eu lieu? En tout cas, tels qu’ils nous sont présentés. Avec justesse, le penseur s’indigne d’un nouveau culte, une nouvelle religion fondée sur la globalisation nihiliste. Après l’incendie de Notre-Dame de Paris, les autorités françaises se sont fixées pour objectif une reconstruction achevée « en 2024 pour l’ouverture des JO ».  Voici l’un des plus beaux chefs d’œuvre de l’histoire de l’humanité, symbole du génie architectural et mystique asservi à l’événement planétaire: bel exemple de relativisme et d’abêtissement de notre époque…

Le mensonge et la manipulation des esprits emportent tout sur leur passage. Le coût annoncé de ces JO serait officiellement de 6, 8 milliards d’euros. Or l’expérience montre que le coût réel de cette manifestation dépasse toujours fortement les prévisions. Les JO de Pékin ont coûté 36 milliards €, soit 12 fois plus que prévu…  Une France dont les finances publiques sont exsangues, avec un endettement de 117% du PIB, rongée par la pauvreté qui touche 9 millions de personnes, n’aurait-elle d’autre priorité ? Et ne parlons pas de l’immense chantier qui va perturber la vie quotidienne pendant des années…

Sommet de l’hypocrisie: faire passer les JO pour un événement populaire.  « 77% des Français en faveur des jeux? » Au cours de l’été 2024, les JO se feront sans les Parisiens et les habitants de la banlieue. « Quant au monde qui vient chez nous pour les JO, comme le prétend Anne Hidalgo, il faut apprécier le sens exact de ces termes. Il s’agit plutôt de la réduction de ce « monde » aux seuls sportifs et aux touristes dans  un Paris « ville-monde » qui sera déserté par une majorité de Parisiens partis en vacances et qui, pour certains, auront profité de l’occasion pour louer au meilleur prix leur logement. » D’ailleurs, affirme-t-il « le risque est grand que les stades soient peu remplis ».

Hypocrisie toujours. Marc Perelman se livre à une critique acerbe et particulièrement convaincante de l’idéologie des jeux olympiques et sa formalisation en 1938 dans la Charte olympique. Ainsi, les JO seraient une sorte de concrétisation du « bien », de la générosité, de la justice et de la paix entre les hommes. « Le but du mouvement olympique est de contribuer à la construction d’un monde meilleur et  et pacifique en éduquant la la jeunesse par le biais d’une pratique sportive en accord avec l’olympisme et ses valeurs. » L’auteur pourfend le décalage entre la belle utopie affichée et la réalité historique de ce que furent les JO: exaltation de la force, de la performance et de la compétition, dérive dans la démence nationaliste et totalitaire à l’image, notamment des JO de Berlin en 1936 qui furent l’apothéose de la propagande hitlérienne: « pureté de la race aryenne, policiarisation et militarisation de l’Allemagne, chasse aux opposants (communistes) et aux Untermenschen (Juifs) ». 

Ce livre passionnant, anticonformiste, n’est évidemment pas une critique du sport mais de sa transformation en religion planétaire et de sa récupération à des fins idéologiques. Il fustige notamment l’hypocrisie de cette grande messe médiatique et universelle du « bien » au service du prestige de régimes totalitaires et sanguinaires (Berlin 1936, Moscou 1980, Pékin 2008). Avec un tel passé récent, les JO méritent-ils la sublimation de nature quasi religieuse dont ils font l’objet dans la perspective de Paris 2024? Telle est la question que soulève cet ouvrage.

© Maxime Tandonnet

Editions du Détour

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1 Comment

  1. Paris , avec ses rues en ruines, ses rats , ses chantiers debiles et innombrables va etre le lieu d un naufrage olympique plutot que de ” jeux ” quelconques , Mme Hidalgo en bonne apparatchik d un PS en voie de disparition va griller les derniers euros de la ville dans un chaos digne de cuba ou de la coree du nord ….. bref au secours , fuyons

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