PTAH. Hypatie, une femme libre d’Alexandrie

Alfred Seifert (1850–1901) , Hypatie, 1901, huile sur panneau

Nous sommes à Alexandrie Ad Egyptum, un soir de mars de l’an 415, une pluie douce et fine se répand sur la ville, le Phare éclaire toute la Méditerranée, la vie s’écoule paisiblement semble t’il dans cet illustre grand port de “notre mer” Mare Nostrum… et pourtant un drame se prépare…

Hypatie, belle et jeune femme célibataire, savante, mathématicienne et philosophe néoplatonicienne, rentre chez elle, après une longue journée d’enseignement au muséum et à la Bibliothèque, elle a assisté ensuite à un dîner chez Oreste sur l’île de Pharos, où elle a encore pris la parole pour fustiger les pratiques violentes contre la liberté de cultes et de penser imposée par la l’Église d’Alexandrie, … il est tard, elle  est fatiguée, et décide de rentrer, elle est conduite par son cocher Julius, la calèche se balance doucement sur les pavés, elle ferme les yeux dans la fraîcheur du soir, tout est calme, quand soudain à la sortie de l’Heptastade, en direction du gymnase par l’avenue de la porte du soleil, une foule hurlante de fanatiques haineux, sortie de nulle part, bloque sa calèche.

Elle est arrachée de son siège par ces fanatiques extrémistes hystérisés, ils la projettent violemment au sol, elle est trainée, sur le parvis du Césareum,  ils hurlent à la mort de l’impie, lui déchirent ses vêtements et la lapide à mort à coups de tessons, lui arrachent les yeux, la démembrent, avant de porter ses restes au Cinarôn, pour les brûler.

Comme le précisera plus tard Socrate le Scolastique :
« la jetant hors de son siège, ils la traînent à l’église qu’on appelait le Césareum, et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons ; l’ayant systématiquement mise en pièces, ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu ».

Les historiens considèrent la mort d’Hypatie comme un acte délibéré de Cyrille l’évêque d’Alexandrie à l’égard d’Oreste le jeune préfet  romain d’Égypte , établi en Alexandrie, libéral, et protecteur des philosophes et des savants mais surtout proche d’Hypathie.

Mais depuis un certain temps circulaient en ville de lourdes condamnations contre la jeune femme, on disait même qu’elle méritait la mort.

Même si d’autres témoins de l’époque, ne tiennent pas l’évêque pour principal et direct responsable de la mort d’Hypatie, tous les observateurs, reconnaissent que son enseignement au Muséum, ses actions, ses prises de positions philosophiques et religieuses, ses engagements pour la liberté de conscience et de culte et les déclarations enflammées pour un respect de l’autre, tenus en public par la philosophe savante, ont grandement contribué à attiser la haine à l’égard de sa personne et poussé un groupe d’extrémistes fanatiques dont certains moines chrétiens à l’assassiner… sur l’ordre implicite de l’Évêque Cyrille.

Il n’y a évidement aucun rapport avec des événements récents, et un autre professeur de philosophie lui aussi condamné à mort et décapité pour les mêmes raisons d’intolérances religieuses et fanatiques, que sont la promotion du libre arbitre et la liberté de conscience.

C’est juste un rappel historique, pour ne pas oublier… Oui ne jamais oublier que l’histoire repasse souvent les mêmes plats indigestes.

PTAH un enfant d’Alexandrie

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2 Comments

  1. Quelle triste fin pour cette femme “Hypatie” érudite et intelligente de surcroît.
    Les temps actuels n’ont rien changé dans certaines pratiques de pays dirigés
    par des fanatiques religieux ou pas.

  2. Bonjour,
    hélas il semble que toutes les femmes de tous les temps suscitent la peur et la méfiance parce que déjà elles enfantent et qu’elles détournent les hommes de leurs “devoirs”…etc Si en plus elles sont belles, intelligentes, savantes sans être ridicules, et païennes, c’est intolérable…Pauvres sorcières aussi…
    Je ne suis pas juif et je suis chrétien de naissance (ma foi je n’ai pas trop pu donner mon avis quand on m’a baptisé..) mais la bible m’intéresse beaucoup. Donc Eve viendrait d’Adam (je ne parle pas de Lilith ici) ce qui va à l’encontre de la science moderne : le sexe féminin a d’abord existé puis il a créé le sexe masculin (auparavant ça ressemblait beaucoup à la parthénogenèse). Il devait s’ennuyer sans doute…C’est donc une vérité qui a été entièrement renversée…
    Merci à la Tribune Juive d’avoir évoqué et rappelé l’existence d’Hypatie que je connais car j’ai un vernis de culture classique scolaire ayant fait du latin et du grec.
    Cordialement

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