Stéphanie Zitoune. “Dis ils vont où les gens qu’on aime quand ils ne sont plus?”

Ils nous accompagnent.
Le temps des larmes, de la douleur aiguë causé par l’arrachement de l’être aimé, ainsi que celui du manque physique, ancrés si profondément en nous, nous empêche parfois de nous en rendre compte.
Ils sont  cet élan qui pousse les amoureux séparés par la vie à continuer malgré tout.
Ce même élan qui conduit cette épouse à soudainement trouver dans le tri douloureux des affaires de son aimé  un simple ticket de métro sur lequel a été griffonné par celui qui est parti: “Il faut vivre chaque instant comme s’il devait être le dernier”,  comme un message de résilience qu’il lui adresse.


 Ce sont les enfants disparus précocement qui tiennent la tête de leurs parents hors de l’eau et les poussent à reprendre  cette bouffée d’oxygène dont leurs cœurs étouffés étranglés par l’immense chagrin ont besoin.
Ils les ramènent à la vie.
 Ce sont eux qui chuchotent à l’oreille de leur fils ou de leur fille :
” Je suis là C’est bien ce que tu fais.
Blottis-toi dans mon souvenir, mais pas dans un souvenir passéiste qui t’empêche d’avancer et te rend esclave de ta propre existence.
Viens Je te fais la courte échelle vers ton lendemain , Je te berce d’amour même si mon enveloppe corporelle n’est plus.”


 Ils sont le frère et la sœur amputés d’une partie d’eux-mêmes à qui on vient souffler à l’oreille une nuit:
” Sèche tes pleurs Je vais bien…Je me grefferai  à ta vie dès lors que tu en auras besoin.
Il te suffira d’invoquer ma présence et je serai dans ta lumière”.
 

C’est la caresse du soleil que cette amie, dorénavant privée de son alter ego,  aime sentir sur sa peau, parce que cette dernière ayant perdu le combat contre la maladie  lui avait dit dans un sourire et le peu de forces qu’il lui restait:
“-Ne me fais pas le coup de me voir dans l’étoile la plus scintillante, je préfère viser plus grand. Je serai dans le soleil”.
 

Aujourd’hui cela fait pile poil un an que je sais que je ne pourrais plus caresser ta peau ni tenir ta main comme j’aimais à le faire.
Mais en fait ma jolie grand-mère, Tu es restée présente et vivante dans mon cœur ainsi que dans chaque parcelle de  mon être.
Tu t’y es  diffusée pour m’accompagner parce que tu avais compris que j’avais besoin de te ressentir plus  que jamais, alors même que je ne savais même plus si j’étais toujours reliée à la vie, tellement j’étais inerte à la suite de cet accident.
Celle qui assiste à mon impulsion de me lever de ce fauteuil roulant  un beau jour , C’est Toi.
Les bras qui me tiennent par la taille quand je fais mes premiers pas, un peu fébrile, entre les barres parallèles de ce centre de rééducation, C’est encore Toi.
C’est Toi qui surlignes ma pugnacité.
C’est Toi qui guides mes doigts sur le clavier de cet ordinateur.
Toi qui écrivais si bien et qui me répétais sans cesse d’oser.
Je suis en train de le faire, J’ose , Je suis en train d’écrire mon premier roman.
Peu importe le devenir de ce manuscrit, qu’il soit confidentiel ou édité.
Je le fais, j’écris, Tu es là.

Les gens qu’on aime ne meurent jamais.
Ils sont même le parfait opposé de la mort.
Mieux, Ils nous reconnectent à la vie, dès lors que la flamme de ce désir de vivre n’ est pas complètement éteinte.
Même si elle n’est plus qu’à l’état de  toute petite lueur au fin fond de nous.

“-Dis où vont les gens qu’on aime quand ils ne sont plus ?”
” Pour autant qu’on ait cette pulsion de vie en nous, les gens qu’on aime et qui ne sont plus SONT.
Ils existent juste autrement…”

© Stéphanie Zitoune

Stéphanie Zitoune

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