Charles Rojzman. Folies

Les malades mentaux sont enfermés dans des institutions psychiatriques mais la société regorge de fous en liberté, hommes et femmes : pervers, narcissiques, sociopathes, paranoïaques, dépressifs à l’excès.

Certains se font remarquer, d’autres sont plus discrets. La violence est leur langage de communication sous toutes ses formes : maltraitance, humiliation, abandon, culpabilisation.

Cette folie n’épargne personne, parce que nous avons tous, plus ou moins, été des êtres blessés, que ce soit dans notre vie familiale ou dans notre vie sociale.

Certains ne s’en sortent pas trop mal, en claudiquant un peu et en surmontant leurs malaises grâce à une forme ou l’autre de résilience mais d’autres s’enferment dans la haine et le ressentiment.

Dans une période de crises multiples, où les peurs et les souffrances s’accumulent, les folies ordinaires se réveillent, un peu partout, chez les puissants comme chez les plus humbles. C’est ainsi que s’explique l’irrationalité des comportements qui s’expriment par l’intimidation ou la soumission, l’égoïsme le plus cruel ou la philanthropie affectée, la violence gratuite ou l’adhésion aux thèses les plus délirantes.

Une démocratie ne peut résister aux tentations totalitaires que si elle est forte et ses citoyens, du haut en bas de l’échelle sociale, en bonne santé mentale. Alors, avant de crier au loup, balayons devant notre porte. Les mensonges répétés des propagandes, la novlangue qui fabrique des mots pour inventer des ersatz de réalités, l’opacité des décisions politiques prises dans des cénacles hors d’atteinte et irresponsables, l’étendue et la généralisation des corruptions, les administrations pléthoriques et souvent inefficaces, la soumission politique aux experts et hauts fonctionnaires technocrates, les algorithmes qui orientent nos choix, les violences de la vie familiale et professionnelle, l’insécurité qui se diffuse dans le tissu social, l’enseignement en déroute et la véritable culture réservée à une minorité, l’immigration de masse qui puise les ressources et détruit le tissu culturel homogène qui fait l’identité d’une nation, la division du pays en identités et idéologies de plus en plus antagonistes ou indifférentes les unes aux autres, la création de zones du territoire échappant à la loi commune et pour parachever le tout une pandémie qui incruste la peur et la méfiance dans toute notre vie quotidienne, c’est vraiment avec tout cela qu’on peut résister à un totalitarisme sournois et terrorisant, ressuscitant des visions du monde archaïques et régressives?

Notre malheur que nous croyons externe est avant tout interne. C’est notre faiblesse qui fait la force de nos ennemis. Leur pouvoir d’attraction et de nuisance est inversement proportionnel à notre vide spirituel et moral. Notre faiblesse vient pour une bonne part de la somme de nos malaises, dans la famille, le travail, dans toutes nos relations.

L’absence de créativité, dont notre système éducationnel au sens large est responsable, est aussi une de source de nos dépressions, de notre haine de nous-mêmes. Les liens qui se distendent avec nos proches, nos voisins, notre patrie font de nous des êtres égoïstes et indifférents au sort des autres. Le fait que nous n’acceptions pas aisément ce que nous sommes, avec nos ombres, nos failles et nos blessures fait de nous des victimes irresponsables. Les choix que nous faisons de politiciens arrogants face aux humbles et peureux face aux véritables dangers et défis du temps prouve notre absence de lucidité et de détermination.

Un grand chantier de rénovation humaine et sociale commence par un état des lieux, honnête et réaliste. Le sentiment d’impuissance peut disparaître de nos cœurs, de nos têtes si nous parvenons à voir ce que chacun peut faire à l’endroit où il vit, où il travaille, en toute conscience et responsabilité. Ensuite, il faudra choisir les leaders qui peuvent diriger ce chantier, nous motiver, nous mobiliser.

Les dangers extérieurs devront être maîtrisés par la force, mais cette force indispensable doit s’appuyer sur notre force intérieure, sur la guérison de nos malaises individuels et collectifs.

© Charles Rojzman, Thérapie sociale

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1 Comment

  1. Nos sociétés sont psychiatriquement malades. Il suffit de voir notre classe politique, nos médias et ceux qui les fréquentent : on y trouve un gros pourcentage d’individus dépourvus de toute empathie et experts en manipulation (ce sont les les caractéristiques des psychopathes).

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