Michèle Chabelski. Chroniques… Suite

Projet de week-end ensemble ? (2 Janvier)

Bon

Samedi 2 janvier 2021

Résumé des épisodes précédents

Michele a retrouvé Jacques pour un tête à tête à l’Ambroisie.

Une sorte de pèlerinage dînatoire sur les lieux de leur première rencontre privée.

Face à face assez calamiteux où Jacques a bravement résisté au tailleur pêche et aux talons aiguilles.

Les papillons sont morts.

Explication: cliente, femme mariée, je ne suis pas libre, on s’en fout, non on ne s’en fout pas.

Le temps a passé, les travaux sont terminés, elle est toujours mariée, mais plus cliente, une partie du barrage s’est effondré, elle n’a jamais complètement désespéré.

Sonnée mais pas KO….

La mâchoire tuméfiée, mais encore debout.

Ils se sont revus, mi-figue mi-raisin, enfin, disons deux fruits mûrs, prêts à choir, ont clôturé le dossier professionnel, se sont retrouvés sur le lieu du ratage initial , fiasco qui démange encore un peu, et voilà le jovial propriétaire du restaurant en train de leur décrire les locaux qu’il va occuper place des Vosges et dont il confiera la décoration à Jacques.

Passionnant dit Michèle avec l’enthousiasme d’un enfant devant un sapin de Noël saturé de jouets à qui on demande en préambule de réciter la table de multiplication par neuf.

Il finit par retourner à sa cuisine – ou à ses devis – et la chorégraphie gastronomique peut commencer.

La suite

Le tremblement ne cesse pas…

Les papillons dansent de nouveau la sarabande…

Les mains se frôlent s’agrippent, comme deux naufragés éperdus, soulagés de cette opportune rencontre…

Les yeux aimantés ne se séparent plus, le bleu, le noir, dans une palette inédite qui gomme les couleurs pour rayonner d’une lumière qui éclabousse le cœur…

Nous nous parlons peu, mais avec gravité, les mots sont dépassés, périmés, ils sont intrus dans cet écrin de désir où le dialogue s’écrit sur la peau….

Il ne peut cependant endiguer un flot de tendres railleries qui font tressaillir les papillons surpris par mes rires…

On vient à bout de la sauce crapaudine qui nappe la volaille. Le sommelier relaie le chef près de notre table pour s’informer sur la qualité du vin, Jacques est un œnologue averti, moi experte en eaux minérales plates…

Il est disert, compare les années, les côteaux, il brille de son savoir et de son amour pour le vin, il est presque capable de deviner la position géographique des vignes et le nombre d’heures d’ensoleillement d’un crû millésimé…

Il a goûté en primeur des vins encore en chai dans la région de Bordeaux, détaille la différence des différents bois constituant les fûts qui pourraient modifier le goût du nectar, anticipe avec délectation l’arrivée à maturité de châteaux d’exception pour l’année…

Jacques, l’expert œnologue évoque son envie d’une virée dans le bordelais en me guignant du coin de l’œil…

T’as entendu quoi, toi, dans cette histoire de pinard, de cru, de millésime coûteux ?

Moi, j’ai cru déceler un truc comme week-end à Bordeaux, tournée des châteaux, j’ai même entendu ortolans interdits goûtés sous une serviette posée sur la tête…

Moi, les châteaux Trucs et les bestioles proscrites me laissent d’ordinaire de glace, mais me voici, galopant de vignoble en vignoble, chaudement accueillie par le propriétaire du château d’un petit morceau de pain, et crachant bruyamment dans une bassine sur pied la gorgée de vin dont j’ai tapissé mes papilles curieuses et gourmandes…

Je ne bois pas de vin, qu’importe…

Mes nuits seront plus belles que mes jours….

Je rêve, le sommelier tourne enfin les talons, pas de dessert, l’addition, vite tavernier, la route est longue jusqu’à Capoue et ses délices, la volupté n’est pas très patiente, la fébrilité qui me laboure les côtes piaffe d’excitation, les papillons piaillent dans ma tête, vite, un coin tranquille, une alcôve luminescente aux reflets dorés, un écrin velouté où brasillera l’éclat fiévreux des yeux bleus posés sur moi…

Incandescente sera la suite…

Nous avons déménagé, les enfants et moi, dans le local princier qui incarne les rêves fous de leur père…

Sa concubine, ivre de rage, a quitté son mari, et demandé mon expulsion…

Paul l’a calmée en l’installant à trois cents mètres de chez nous et en la faisant escorter du même caniche nain que celui qu’il a offert à Melissa…

Abricot…

Il s’appelle Abricot…

La situation est intenable.

Je voudrais te parler, Paul…

Dépêche-toi, je suis pressé.

Alors, un peu plus tard. J’ai besoin d’un peu de temps.

Du temps, j’en n’ai pas gronde-t-il…

Dis-moi ce que tu as à me dire, qu’on en finisse…

Non, non, plus tard.

Quand tu reviendras.

Si je reviens, laisse-t- il échapper, dents serrées…

Il reviendra.

Et j’arriverai à le faire asseoir, les fesses au bord du canapé encore craquant du salon, pressé, excédé d’avance…

Et je lui dirai…

On est quoi aujourd’hui ?

Samedi ?

Ah oui !

Ben revenez demain dimanche, on aura le temps de bavarder tranquillement, je vous raconterai.

Ca va vous étonner peut-être, vous plaire sans doute…

Enfin….

On verra bien, hein!

Alors?

Demain ?

Même lieu, même heure ?

Que ce premier samedi de 2021 vous apporte enfin ce qui nous manque tant. L’espérance d’une vie normale, d’étreintes, de baisers, de peaux caressées dont on a presque oublié le velouté, d’enfants serrés, de copines bruyamment bisées…. du rêve…

La vie, quoi…

Excellente année 2021, on a trouvé une 3e souche, on a vacciné Mauricette, on a avancé le couvre feu à 18 h dans certaines régions…

Vous inquiétez pas, les gars, on s’approche.

De quoi?

Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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