Danielle Khayat. Jean-Pierre Lledo, itinéraire d’Alger à Jérusalem

1°) Mabatim.info – Jean-Pierre Lledo, vous êtes en France depuis début octobre pour la présentation de votre film « Israël, le voyage interdit ». Le terme de film est du reste réducteur pour décrire ce monument en quatre époques, qui correspondent à des moments fondamentaux de l’année juive : un road-movie qui fait découvrir Israël et sa population – le plus souvent chassée ou contrainte de fuir – venue de toute la terre ; une quête identitaire en compagnie de votre fille Naouel qui, elle aussi, découvre sa famille et ses propres racines longtemps occultées ; un hymne d’amour à une terre et à un peuple, qui émeut aux larmes et fait rire aux éclats en l’espace de quelques minutes… La critique a été unanime pour saluer votre nouvelle œuvre.
Qu’avez-vous pensé des réactions du public, puisque vous avez été – jusqu’à ce que le confinement tombe à nouveau sur le pays – présent à des projections-débats dans plusieurs villes ?

Jean-Pierre Lledo – Malgré le covid, qui a malheureusement été un sérieux adversaire, souvent les salles ont affiché « complet ». Les spectateurs ont beaucoup aimé. L’honnêteté de la quête, la diversité et l’authenticité des personnages, l’humour de certains d’entre eux, l’histoire d’une transmission avec ma fille qui a fait l’unanimité et beaucoup bouleversé. Et surtout la lenteur qui leur permettait de s’imprégner des paysages, des commentaires de l’auteur, sans parler du travail de la monteuse[1], remarquable justement de par son invisibilité, ce qui, selon leurs dires, relevait d’un respect du spectateur. C’était notre but, et les auteurs sont toujours contents lorsque leurs motivations profondes sont perçues. Cette unanimité concernait aussi les spectateurs non-juifs et cela était aussi très important pour nous.

2°) Mabatim.info – Interrompues par le nouveau confinement ordonné par le Gouvernement français, les projections reprendront-elles ensuite ? Et la sortie du DVD est-elle déjà programmée ?

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JPL – D’après les rumeurs, de nouvelles mesures « d’assouplissement » du confinement seront bientôt proposées, et dans ce cadre, les salles de cinéma rouvriraient. Et l’on espère, pour ne plus être refermées ! Pour notre film, ce sera un nouvel épisode. L’avant-première avait eu lieu le 28 janvier 2020 dans une salle comble de 500 spectateurs au Forum des Images. La sortie du film programmée le 22 avril 2020 fut annulée par le premier confinement. Le film est finalement sorti le 7 octobre 2020, pour être frappé d’abord par le couvre-feu qui fit annuler plusieurs séances-débats, la troisième semaine, ensuite et à nouveau par la fermeture des salles. Pour nous qui avons commencé à travailler sur ce film en 2012, c’est éprouvant. En compensation, nous avons cependant des centaines de mails de retours enthousiastes de spectateurs qui nous disent parler du film autour d’eux, donc on peut s’attendre à ce que ce bouche-à-oreille facilite sa re-sortie à laquelle se prépare notre vaillant distributeur, Nour Films, dont le projet est d’accompagner le film en France durant une année entière. En temps voulu, le DVD bien sûr sortira aussi et Patrick Sibourd, le distributeur, tient à en faire un bel objet, avec divers bonus et en trois langues : français, hébreu, anglais.

3°) Mabatim.info – Vous n’êtes pas seulement cinéaste, mais également écrivain. Vous avez récemment publié, dans « Tribune Juive », une réponse, aussi documentée et argumentée que cinglante, à Julien Cohen-Lacassagne qui, à la suite de son maître à penser Shlomo Sand, s’emploie à démontrer, contre toutes les évidences historiques, qu’il n’existe pas de peuple juif. Vous a-t-il répondu ? Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?

JPL – Non pas de réponse. Il aurait été bien en peine. Son livre est un copié-collé de la thèse de son maître. Les Berbères prennent la place des Khazars, pour « authentifier » l’inauthenticité du peuple juif d’Afrique du Nord !

Simple professeur d’histoire-géographie dans le Lycée français dit « international » d’Alger en tant que coopérant, il ne maîtrise absolument pas son sujet. Et quand un idéologue écrit, il ne peut faire que de l’idéologie. Le plus piquant, c’est que pour crédibiliser sa thèse, il ait senti le besoin de manipuler son propre nom. Connu jusque-là dans Mediapart comme Lacassagne, il adjoint subitement le Cohen maternel ! Nouvel exemple de cette terrible maladie du peuple juif, aux multiples symptômes : la haine de soi. En vérité, c’est pathétique, et j’ajouterais normal : on ne traverse pas impunément plus de trois millénaires de persécutions et d’humiliations. Faut choisir : disparaître à jamais ou survivre et endosser le passif, donc payer la note.

4°) Mabatim.info – C’est toujours à l’écrivain que s’adresse cette question. Vous publiez, concomitamment à la sortie de votre film, un livre intitulé « Le voyage interdit. Alger-Jérusalem » (Ed. Les Provinciales) qui, en dépit de son titre, ne constitue pas le scénario du film, mais retrace votre parcours depuis l’Algérie – que vous considériez comme « votre » pays – jusqu’en Israël où vous vivez désormais, en passant par un long séjour en France où, écrivez-vous, vous viviez « halluciné, physiquement ici, et mentalement en Algérie » que vous avez dû quitter brutalement en 1993 en raison des menaces sur votre vie après l’arrivée des islamistes sur la scène politique algérienne. Une cruelle désillusion ou un réveil au réel après des années en apnée idéologique ?

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JPL – Apnée, oui l’image est exacte. Je m’étais arrangé une existence qui avait exclu toute interrogation sur mes origines. Croyant ne pas avoir d’autre pays, je me voulais donc Algérien. Les débats interminables des intellectuels algériens, après l’indépendance, sur une identité en quête d’arabité, d’islamité ou d’amazighité, m’exaspéraient. Je comprends pourquoi, aujourd’hui. Ils mettaient à mal mes défenses, et mes propres refoulements. Et ce que je vais découvrir dès ma première rencontre avec Israël en Juillet 2008, instinctivement, par le flair si vous voulez, c’est que là réside mon peuple. Et moi qui me croyais depuis 1993 exilé d’Algérie, je comprends que j’avais été jusque-là en exil d’Israël. Il a été trop long et je m’en veux beaucoup.

5°) Mabatim.info – Votre livre pulvérise la fable qui nous est servie depuis des décennies sur les motifs de l’exode de la quasi-totalité des non-musulmans lors de l’accession de l’Algérie à l’indépendance Dans votre trilogie précédente, « Algéries, mes fantômes », « Un Rêve algérien » et l’apothéose « Algérie, histoires à ne pas dire », interdit par les autorités algériennes, et on comprend pourquoi, vous aviez déjà interrogé de nombreux Algériens, notamment communistes, qui racontent que, très vite s’est imposée l’idée d’épuration ethnique, portée par le FLN-ALN, afin que l’Algérie soit un pays strictement arabo-musulman, et qu’elle a motivé les massacres effroyables de civils non-musulmans – bientôt rejoints dans l’horreur par ceux des Harkis abandonnés par la France quand elle quitte l’Algérie.
Pourquoi votre livre ne rencontre-t-il pas l’écho qu’il mérite alors qu’il rétablit une vérité historique, pourquoi ce silence autour de sa parution ?

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JPL – Il y a, je crois, plusieurs raisons. Certains doivent considérer le livre comme un doublon du film, ce qu’il n’est pas, malgré la proximité des titres, et le film a peut-être éclipsé le livre. Avec le confinement, les librairies sont fermées. Olivier Véron fait un travail formidable de rigueur éditoriale, centrée sur le rapport au judaïsme et à l’histoire juive, mais Les Provinciales restent encore une petite maison d’édition sans attaché de presse. Mais là ne sont pas les raisons principales, à mon avis. Ce livre, plus encore que le film « Algérie, histoires à ne pas dire », traite d’une question taboue en Algérie, mais aussi en France. Je vous rappelle que ce dernier film, interdit en Algérie, n’a été acheté par aucune TV française, publique ou privée. On a l’impression que l’historiographie française de la guerre d’Algérie, chapeautée par l’historien officiel Benjamin Stora, fait tout ce qu’elle peut pour ne pas troubler le narratif algérien. La France, qu’elle soit de droite ou de gauche, préfère s’enliser dans la repentance plutôt que faire éclater la vérité historique. Ce faisant, si elle rend un fier service au totalitarisme de l’État algérien, elle en rend un très mauvais au peuple algérien qui sait, lui, que la dictature instaurée depuis 1962 ne tire sa légitimité que de ce filon de plus en plus mince du mensonge quant à sa propre histoire, qu’il s’agisse de l’histoire ancienne qui exclut toutes les traces non musulmanes, ou de l’histoire récente de la guerre d’Algérie, présentée comme une « guerre de libération » alors qu’elle s’est voulue avant tout une guerre d’épuration. Le récent ouvrage de Roger Vétillard, « Guerre d’Algérie, une guerre sainte ? » aux éditions Atlantis, en donne des centaines de preuves. Et alors qu’une Commission franco-algérienne vient d’être mise en place en vue d’une « réconciliation » pour fêter le 60e anniversaire de la fin de cette guerre en 2022, je viens pour ma part de m’adresser au Président de la République française pour lui rappeler qu’un pays démocratique ne peut se comporter comme un pays totalitaire qui refuse à ses propres historiens, par exemple, l’accès aux archives du FLN-ALN.

6°) Mabatim.info – Que pensez-vous des pitoyables mais scandaleuses tentatives des deux côtés de la Méditerranée pour renforcer cette fable manichéenne des « gentils musulmans » colonisés et des « méchants non-musulmans » colonisateurs ?

JPL – Ne pouvant tirer une légitimité venue des urnes et du présent, les États totalitaires sont obligés de la tirer de l’Histoire, mais d’une Histoire frelatée, fausse, arrangée de mille manières. Pour ce qui est de l’Algérie, l’on expliquera par exemple le déclenchement de la lutte armée le 1er Novembre 1954 par l’impossibilité de recourir à des moyens politiques afin d’accéder à l’indépendance. Or cela est complètement faux ! Si l’on observe la période 1920-1950, l’on constate une croissance géométrique des associations, des partis, de la presse, des meetings, des manifestations en tous genres, des militants, etc. Ce qui laissait augurer d’un accès concerté à l’indépendance, avec tous ses habitants, ainsi que le souhaitait, entre autres, Albert Camus. Et j’affirme que la guerre a été déclenchée pour empêcher cette issue. D’ailleurs « creuser le fossé entre les communautés » a été la rengaine des chefs de l’ALN. La création du FLN en 1954 a été le premier coup d’État contre la société civile algérienne en pleine expansion, et les créateurs du FLN en furent les premières victimes. Les militaires en tirèrent immédiatement profit et ce sont eux qui dirigent l’Algérie jusqu’à aujourd’hui !

Naturellement ce faux narratif concernant « la guerre de libération » ne fait que s’ajouter à la caricaturale description de ce que fut la colonisation, laquelle ne saurait être que française, ni ottomane, ni arabe, ni musulmane… Or en toute logique, les premiers à rendre hommage à la colonisation française, cela devrait être les dirigeants algériens, ce qu’a d’ailleurs fait le Président Bouteflika au tout début de son règne, en affirmant que « la colonisation avait introduit la modernité… par effraction ». En effet, c’est la colonisation qui a déterminé les frontières actuelles de l’Algérie, au détriment d’ailleurs de la Tunisie et du Maroc. C’est elle qui a même inventé le nom « Algérie ». C’est elle qui a fait reculer le tribalisme et contribué par le développement des transports à créer un espace national, ce qui, plus tard, favorisera le développement du nationalisme politique lui-même, dont les concepts viendront aussi de France, par le truchement de l’école républicaine et de mouvements politiques nés sur le sol français ! Et je passe sur tous les autres apports, dits « matériels »

7°) Mabatim.info – Quelle part revêt, selon vous, cette imposture historique dans la montée des exigences islamistes et des revendications identitaires d’une partie non négligeable de la population arabo-musulmane vivant en France et le plus souvent de nationalité française – droit du sol oblige ?

JPL – Partout dans le monde musulman, l’islamisme a tenté, et dans certains cas réussi, de prendre la place d’un nationalisme qui a échoué sur tous les plans, sauf celui de la corruption, triomphante, tirant ses bénéfices du vol éhonté des richesses naturelles. Je m’empresse de préciser que le mot ne doit pas faire illusion : le nationalisme arabe n’a rien à voir avec celui à l’origine des démocraties européennes, fondées sur la liberté, sur la séparation du politique et du religieux, et où les intellectuels ont pu jouer un rôle essentiel. Le nationalisme arabe a été tout le contraire. Fondé sur la dictature, le mensonge historique, la répression, et sur l’imposition d’une identité fabriquée qui ne correspondait pas aux identités réelles. Mal-être matériel et mal-être spirituel, l’islamisme a cru que le moment était venu de se débarrasser de ce nationalisme de pacotille et d’apparence, car en vérité il avait déjà gangréné ce dernier depuis sa naissance. C’était sans compter avec la force des militaires qui ont repris l’initiative, et chassé leurs chefs, lesquels ont été accueillis à bras ouverts par les pays d’Europe, au même moment où la jeunesse déstructurée, et privée d’idéal, ne voyait sa survie que dans la fuite vers cette mythique Europe. La jonction entre les deux ne pouvait qu’être explosive, puisque les gouvernants d’Europe donnaient en pâture aux islamistes cette jeunesse en quête de repères, créant ainsi des États dans l’État… Si l’Europe ne réagit pas tant qu’il est temps, elle s’enlisera et périra.

8°) Mabatim.info – Votre voyage en Algérie en janvier 2008 fut le dernier, et vous écrivez que vous le pressentiez. Avez-vous néanmoins conservé des liens avec ce pays et vos amis, ou certains d’entre eux, alors même que vous vivez à présent en Israël – mot tabou en Algérie, remplacé par l’expression d’« entité sioniste » comme en Iran, ainsi que vous le rappelez ?

JPL – Il y a deux tabous en Algérie, deux choses dont on ne peut parler librement : ce qui s’est passé réellement durant la « guerre de libération » notamment vis à vis des non-musulmans, et Israël. Lorsque j’ai explosé le premier tabou, mon film a été interdit et attaqué par ceux qui avaient été mes compagnons de lutte pour la démocratie, ce qui était la démonstration qu’il n’y avait pas d’intelligentsia, si l’on considère comme telle un ensemble capable d’indépendance vis-à-vis de la doxa nationaliste.

Puis en 2009, à l’occasion de la guerre à Gaza, se déclencha une campagne antisémite d’une violence incroyable bien orchestrée dans l’ensemble du monde musulman. Ayant assumé depuis les années 80 en Algérie une position de leader intellectuel, je m’adressai à mes collègues résidant en France, en leur proposant d’organiser une riposte contre les imams algériens auteurs de propos révoltants. Je récoltais une avalanche de propos tous plus orduriers les uns que les autres, de la part de mes plus proches amis avec qui j’avais lutté depuis des décennies contre la torture et pour la liberté d’expression. Et je n’avais parlé que d’antisémitisme. Alors vous imaginez, quand ils apprirent mon départ pour Israël. En quelques jours, mes carnets d’adresse devinrent obsolètes. Il ne me reste plus que quelques amis algériens de par le monde, qui tiennent sur les doigts d’une seule main. Dois-je encore avouer que je n’en souffre d’aucune manière ?

9°) Mabatim.info – Durant votre séjour, la France a été confrontée à une série d’attentats sanglants : l’assassinat de Samuel Paty à Conflans Sainte Honorine (78), celui de fidèles devant et dans une église à Nice.
La capitale de l’Autriche, Vienne – ville devant laquelle fut stoppée la conquête ottomane le 12 septembre 1683, au terme d’un siège de deux mois – a également été le théâtre d’une attaque terroriste qui a fait plusieurs victimes. Tous ces attentats sont le fait d’islamistes. Vous qui avez vécu la montée de l’islamisme en Algérie, quelles réflexions vous inspire cette vague qui nous submerge depuis 2012 ? Pensez-vous, comme Boualem Sansal qui exhorte l’Occident en général et la France en particulier à une réaction forte et sans état d’âme, que c’est une guerre qui nous a été déclarée et que nous nous refusons à voir comme telle ?

JPL – Une guerre, parfaitement. C’est la première chose que j’ai dite, lorsqu’après l’assassinat du grand écrivain Tahar Djaout, je suis arrivé à Paris, fin juin 1993. Je croyais que nous, les démocrates algériens, allions trouver dans la société politique et surtout médiatique de puissants alliés contre nos assassins islamistes. Or nous dûmes bien déchanter. Le Monde (Jacques de Barrin), Libération (Josée Garçon), le Nouvel Obs (René Backman) justifiaient la violence islamiste qui commençait à cibler des intellectuels et des artistes (le mardi !). Et malgré l’exportation massive du terrorisme islamique sur le sol européen aujourd’hui, on ne voit aucune prise en charge sérieuse de cette menace. Et ce, alors que les tueurs ont même réussi à s’infiltrer dans le corps en principe le plus surveillé, celui du renseignement.

Face à la montée de l’islamisme, l’Europe des Lumières est dans un état de sidération. Prête à tendre le cou, encore et encore. Est-ce dû à sa fascination orientaliste ? Ou plus prosaïquement à cause du pétrole ? Ou à son antisémitisme masqué désormais en anti-israélisme ? Pourtant des intellectuels du monde arabe, tel Boualem Sansal, ne cessent de tirer la sonnette d’alarme depuis des décennies. Rien n’y fait. Les élites continuent de trahir l’idéal des Lumières. Un jour, je l’espère le plus tôt, les peuples européens se mettront en colère contre elles.

10°) Mabatim.info – Qu’avez-vous envie de nous dire avant de repartir sous le soleil d’Eretz-Israël ?

JPL – Les Juifs hier pour l’Europe et le monde musulman, Israël aujourd’hui pour le monde, sont le canari qui signale l’explosion à venir. Bonnes gens, soyez attentifs à son chant.

Merci Jean-Pierre et Shalom ! DK

Propos recueillis par Danielle Khayat, Magistrat en retraite, pour MABATIM.INFO

[1] Ziva Postec, également monteuse de Shoah de Claude Lanzmann

Pour en savoir plus :
https://www.jeanpierrelledo.com/
France Culture : « Israël, le voyage interdit » ou le retour du refoulé
Causeur : Jean-Pierre Lledo: « être à sa place, enfin »

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