Sarah Cattan. La mort de Saeb Erekat, ou 2 façons de faire du journalisme

Comment rendre compte de la mort, à l’hôpital Hadassah à Jérusalem, de Saeb Erekat, homme politique palestinien proche de Yasser Arafat, chef des négociateurs palestiniens pendant la présidence de ce dernier et Secrétaire Général du Comité exécutif de l’OLP.

Il y a ceux qui s’essaieront à une biographie la plus objective qu’il fût, et concédons que l’exercice n’est pas chose aisée ici. Il y a ceux, comme Jacquot Grunewald, qui livreront une anecdote, présenteront le défunt “vu par d’autres”, et laisseront le lecteur libre de sa lecture, le ton de laquelle est d’emblée annoncé dès le titre: “Plus que 970 ans à attendre”. Une pécadille quoi.

Et puis il y a l’inénarrable Askolovitch, biberonné aux lectures indigestes et partiales, ceux qui ont fait “roi” un des plus malhonnêtes qui fût, – je veux parler de Charles Enderlin, l’Albert Londres d’Askolovitch-, et qui vont pleurnicher “l’homme superbe qui aurait mérité d’entrer dans l’histoire”. Rappelons juste au Sieur Askolovitch que l’Histoire reconnaîtra ses “grands hommes”


Jacquot Grunewald. Plus que 970 ans à attendre…

“La mort, ce 10 novembre 2020, de Saeb Erekat, bras droit de Mahmoud Abbas et préposé aux négociations avec Israël, me rappelle qu’en juin 2009 et une fois de plus, l’Autorité palestinienne refusait les négociations avec Israël.

Au prétexte, si je me souviens bien, qu’Israël continuait à construire dans Jérusalem. “Les Palestiniens attendront mille ans, s’il le faut, pour négocier“, s’écriait Saeb Erekat!

En réaction, je publiais alors (sur SDV) une lettre de… Yasmin Erekat, datée du 20 rajab 2480 de l’an hégirien – 15 juin 3009. “Il faut se rendre à l’évidence” écrivait-il à l’un de ses collègues,” que mon vénéré aïeul s’est trompé. Il avait dit “mille ans”. Mais mille ans ont passé et il n’y a toujours pas d’interlocuteur palestinien pour répondre aux Israéliens. Il faudrait convaincre les frères de Gaza. Mais le jeune A’nier n’est pas plus commode que ne l’était son estimé aïeul. Il veut un désengagement unilatéral… qu’il pourra toujours nier d’avoir accepté. Le problème, c’est qu’il ne reste plus que la petite dune à l’est de Kalkilya où les Sionistes ne sont pas installés… A te lire, mon cher ami. Ne tarde pas trop“.
© Jacquot Grunewald


Fait pendant à ce billet celui de notre désormais célèbre Claude Askolovitch, lequel a Charles Enderlin comme “Maître es-journalisme”, et qui, lui, raconte ainsi Saeb Erekat sur France Inter:


“Je n’ai pas fini ce pourquoi j’étais né”, avait dit Saeb Erekat, l’homme qui en Palestine incarnait la paix

Le Monde, Libération, le Point, les journalistes Charles Enderlin et Danièle Kriegel racontent Erekat, que l’histoire a trahi.

On parle d’un homme de paix… Qui aurait mérité d’entrer superbe dans l’histoire mais l’histoire s’est dérobée à lui et Saeb Erekat, je le lis dans Le Monde, avait ce mot qui peut hanter bien des hommes, “Je n’ai pas fini ce pourquoi j’étais né“… Cette paix entre Israël et la Palestine qu’il avait incarnée plus que tout autre côté palestinien, il était de la Palestine le négociateur depuis trente ans, il incarnait “la solution à deux états” aujourd’hui déchirée, l’idée de deux pays, Israël et la Palestine, se partageant Jérusalem, un capitale commune. Jérusalem où Erekat est mort hier dans un hôpital israélien, Hadassah, victime du covid-19.

Je lis dans Libération que, contre la droite nationaliste furieuse qu’un hôpital hébreu ait accueilli le mourant, un diplomate israélien, Gilad Sheer, qui avait souvent bataillé avec Erekat,  avait pris sa défense. “Saeb Erekat a fait plus pour résoudre ce conflit que la plupart des Juifs et Arabes. Il a consacré sa vie à l’effort sisyphéen de mettre fin aux effusions de sang.”    

Erekat est raconté sur les sites du Monde, de Libération, du Figaro, de Jeune Afrique et sur la page Facebook d’un grand journaliste, Charles Enderlin, dont Erekat était un proche et le héros d’un documentaire vieux de 17 ans sur l’échec du processus d’Oslo, qui s’appelait “le rêve brisé ». Mais à la fin du film Erekat jurait qu’un jour la paix serait là.

Il était un homme tranquille de Jéricho qui démissionnait souvent et revenait toujours,  on lui avait reproché de trop céder aux israéliens. Quand Donald Trump et Benjamin Netanyahu s’étaient entendus pour exclure la Palestine de son destin, Erekat avait perdu. En juin dernier, raconte Libération, un de ses neveux  avait été abattu à un check-point par des soldats israéliens, qui l’accusaient d’une tentative d’attentat… Erekat n’avait pu obtenir que la famille récupère son corps. 

Ce même mois de juin, Erekat avait accordé à une autre grande journaliste, témoin de sa vie,  Danièle Kriegel, correspondante  en Israël du Point ,  une interview qui résonne en testament.

Je suis celui qui a promis à la population palestinienne que, lorsque j’aurais reconnu Israël, renoncé à la violence, accepté la solution à deux États et négocié, elle serait indépendante, libre et dans son propre État. Aujourd’hui, des membres de ma propre famille refusent de me serrer la main. Si les Israéliens annexent, je resterai dans ma maison, dans mon bureau en quarantaine pour toujours, j’aurai trop honte.”

Et ce mot, quarantaine, ajoute l’ironie à la tristesse, puisque c’est le Covid, après la politique devenue déraisonnable, qui a eu raison de lui?” 

© Claude Askolovitch



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6 Comments

  1. On ne peut pas imaginer que Claude Askolovitch dise un jour du bien d’Israel , il est tordu comme sa plume !
    Il y en a qui respirent l’intelligence et d’autres qui semblent en apnée définitive
    L’arrogance intellectuelle des gens de gauche qui sont convaincu de détenir la vérité

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