Raphaël Nisand – Le bouleversement Joe Biden

Les Etats-Unis sont fascinants. On disait la démocratie américaine fatiguée et à bout de souffle. Or voici que plus de 160 millions d’électeurs ont exprimé leur vote de toutes les façons possibles.

Les américains et au-delà d’eux le monde entier se sont passionnés pour le duel BIDEN-TRUMP avec souvent la sensation que la vie du monde allait dépendre de l’issue de cet affrontement. Et de fait les électeurs et l’opinion ne sont pas trompés puisque cette alternance démocratique constitue un vrai bouleversement dans le monde entier.

Le nouveau président devra certes prendre en compte l’opinion républicaine, les partisans de TRUMP et l’opposition au Congrès mais il appliquera en politique étrangère et à l’intérieur un programme à l’exact opposé de celui du sortant.

Le président élu Joe Biden prononce son discours de victoire, le 7 novembre 2020. Photo : Reuters / Jim Bourg

Là où Donald TRUMP avait appliqué de fortes baisses d’impôts sur les sociétés, Joe BIDEN a promis de revenir à l’impôt et au niveau de la lutte contre la pandémie il s’est posé en protecteur de l’ensemble des américains, ce que Donald TRUMP n’avait pas su faire pour diverses raisons.

En politique étrangère c’est apparemment le total contre pied par rapport à l’administration précédente.

Tout d’abord la nouvelle administration devrait renouer avec les institutions internationales critiquées ou quittées par Donald TRUMP. C’est ainsi que les USA vont à nouveau s’impliquer dans l’OMS, l’UNESCO, les différentes commissions onusiennes, et l’OMC.

Les démocrates promettent également de réintégrer sans condition les accords de Paris contre le réchauffement climatique dénoncés par Donald TRUMP, de redonner vie à l’accord international sur le nucléaire qui avait été signé par Obama avec l’Iran etc.

Dans le conflit israélo palestinien les démocrates comptent renouer avec l’approche à 2 états et inciter fortement israéliens et palestiniens à revenir à la table des négociations dans cet objectif. Ça, ce sont les idées, mais après il y a le réel et le réel risque de contrarier les objectifs affichés.

Les institutions internationales avaient été combattues par l’administration précédente parce qu’il y régnait une majorité anti-démocratique et très souvent anti-américaine. A l’OMS la Chine avait joué un rôle délétère en s’assurant une sorte de complicité de l’institution. Il en allait de même à l’OMC , l’organisation mondiale du commerce, où c’est en principe une diplomate nigériane qui est pressentie pour la diriger.

Pas sûr non plus que l’Iran revienne facilement à la table des négociations et surtout cette réorientation risque d’indisposer très vivement les alliés sunnites de l’Amérique ; l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe apeurés par les menées iraniennes.

Il en va de même pour les accords de Paris .

Un retour véritable signifierait le renoncement pour les américains au pétrole de schiste et au charbon .

Cette nouvelle politique risquerait de mettre sur la paille de nombreux américains.

Encore que l’Amérique puisse faire comme tout le monde semblant de respecter les accords de Paris.

Par exemple la Russie et la Chine ont signé et ne respectent rien sans que personne n’y trouve à redire, et la France elle-même vient de s’associer au consortium de recherche de gaz en Méditerranée orientale et de relancer le recours à l’énergie thermique issue du charbon suite à la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. En France on renoue avec les énergies fossiles .

Comme quoi une fois de plus, en politique, nécessité fait loi.

S’agissant d’Israël il n’est pas sûr que les palestiniens soient plus favorables que les israéliens à la solution à 2 états.

En fait ce que ne veut pas comprendre la gauche internationale c’est que les palestiniens n’ont jamais renoncé à leur volonté réitérée par la totalité de leurs dirigeants de créer une Palestine islamique sur la totalité du territoire après avoir détruit Israël.

Joe Biden est trop fin connaisseur de tous ces enjeux diplomatiques pour les ignorer, ceci d’autant plus que la Turquie, encore membre de l’OTAN semble devenue incontrôlable et multiplie les aventures militaires dont l’une risque de donner un bain de sang prochain dans le haut Karabakh au détriment du malheureux peuple arménien. C’est là que risque malheureusement d’être l’urgence .

Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca

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5 Comments

  1. Biden, selon cet article, « …appliquera en politique étrangère et à l’intérieur un programme à l’exact opposé de celui du sortant ».

    On aurait tendance à demander « qu’en savez-vous ? ».
    D’autant que la suite de l’article relativise cette péremptoire affirmation.
    En doutant et de sa capacité et de sa volonté de révolutionner quoi que ce soit face au « réel » qu’il connait mieux que quiconque.

    Nous serons un peu plus malins à partir du 20 janvier.
    Mais d’ores et déjà il y a fort à parier sur des changements plutôt internes (Covid, impôts, immigration) mais très peu de changements (sauf symboliques, du bout des lèvres) en politique extérieure.

  2. Mais ce clown n’est pas encore élu officiellement. Il faut attendre pour cela le 13 décembre. Ce clown est accusé de fraude massive et d’entrave à la démocratie.

  3. Il faudrait d’abord être sûr qu’il se souvienne de la liste de ses promesses.
    Ce n’est pas gagné !

    Il ne fait déjà pas la différence entre un garçon et une fille.
    Il a notamment présenté sa sa petite-fille comme étant son neveu.

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