Amselem Des Bastides. C’était un 16 juillet. La nuit en plein jour à Paris

C’était un 16 juillet à Paris.
Elle s’appelait Hanna Et habitait au 18 rue Popincourt
.
………………” zingen vel ikh dir a lidele… »
Et je te chanterai une chanson…
J’suis tombée du train… Ou peut être qu’on m’a jetée
J’me souviens plus très bien
Je suis Boubélé une poupée de son et de chiffon
J’ai failli rater le train
Quand les gendarmes sont venus nous chercher
Elle m’avait oubliée cachée sous le lit
J’ai tellement pleuré que le monsieur en uniforme
Le gentil, pas l’autre à moustache, a accepté de m’accompagner
On est remonté et Boubélé m’attendait sous le lit.
Le train avait quitté la gare de Drancy en fin d’après midi
Plus de trois heures pour dépasser Meaux à cause des saboteurs
Enfin la nuit tombée le train est reparti… vers où ?
Vers la nuit sans lune et sans étoiles.
Entre Meaux et Château Thierry Boubélée est tombée sur les voies
Je ne me suis pas fait mal… J’étais rembourrée de vieux chiffons
J’ai crié mais le bruit des roues métalliques était plus fort
Puis la petite lumière rouge s’est évanouie et le silence m’a enveloppé.
Au petit matin le long de la voie des enfants sur le chemin de l’école m’ont découverte
Elle m’a glissée au fond de son son cartable sans rien me demander
Et c’est ainsi que j’ai été adoptée et rebaptisée Poupée
Poupée, j’ai aimé ça ressemblait à Boubélée
Et les jours et les mois se sont écoulés
J’ai attendu longtemps qu’on vienne me chercher
Les années ont passé et personne n’est venu me chercher
Je suis repassée devant la voie de chemin de fer
Les trains filent et plus personne ne se souvient de moi
Et puis j’suis qu’une poupée mais j’ai compris en regardant le ciel
Les étoiles sont revenues dans ce ciel de plomb
J’ai appris à compter jusqu’à Six millions
Mais il y en a une qui brille plus fort là haut…
J’étais la Boubélée de Hanna et nous vivions
Là haut au 18 rue Popincourt.


« shlof, shlof, shlof !
der tate vet forn in dorf,
vet er brengen an epele,
vet zayn gezunt dos kepele!
Les poupées aussi se souviennent le jour maudit de la rafle du Vel d’hiv.
Et je re publierai ce texte jusqu’à la nuit des temps pour ne pas oublier qu’il y a eu la nuit en plein jour un 16 juillet à Paris.

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