Sarah Cattan. Quelle honte que de voir nos soignants, éreintés, manifester. Soutenons-les

Avant, Vous savez, « avant », « Avant le Covid », « Avant le confinement », « Avant nos peurs », « Avant nos morts », Avant, donc, pour peu que vous ayez dû passer par la case Urgences de l’Hôpital français, vous les aviez vus à l’œuvre, Eux que désormais nous appelons avec un respect accru Nos Soignants. Vous les avez vus En grève. En Grève mais Présents. En Grève mais Au labeur. Car enfin chacun sait qu’il est des métiers où l’on ne peut déserter, si noble fût la Cause.

Placardées sur des murs délabrés, et ce quel que fût le quartier où vous eûtes le loisir d’accoster, mené par quelque camion de pompiers ou autres ambulanciers, de pauvres affiches disaient, dénonçaient, criaient, hurlaient leur détresse : travailler, exercer avec cette indigence de moyens, mal entendus depuis si longtemps, que dis-je, Non entendus, ils avaient lancé, bouteilles à la mer, la liste de leurs besoins. Leurs besoins pour nous soigner. Pour nous sauver. Pour d’abord nous recevoir, parfois.

Ces feuilles A4, griffonnées, mal scotchées, disaient ce qu’ils enduraient et à les lire, ça fichait … la honte.

D’ailleurs, d’une manière générale, ça se sentait, aux Urgences : quel que fût le temps d’attente, plus personne ne bougonnait : En grève Mais Présents.

Un verre d’eau ? Mais c’est qu’ils n’avaient pas de gobelets de carton. La perf était obturée ? Mais ils ne l’avaient pas, le pied adapté. Je ne peux être la seule à avoir dû la tenir, cette perf, de mes mains, faute du matériel adéquat. Les heures qui défilaient, faute d’une pauvre place dans un lit, et tout ça dans une chambre, chacun sait la gageure que souvent ce fut, c’est, et ce sera demain.

La passation ne se faisait pas bien au moment tant redouté du changement d’équipe ? Mais c’est qu’Ils attendaient, parfois vainement, celui ou celle supposé leur succéder. Combien n’en avez-vous pas vus, vous aussi, cernes sur un visage marqué, enchaîner pour un autre tour de garde.

Lorsque Agnès Buzyn déserta

C’est la Faute à Benjamin, me direz-vous? Je n’oublierai cependant jamais que nos soignants, éberlués, virent alors leur Ministre les abandonner. Passer la main. Refiler le Dossier Urgences à l’Hôpital. Agnès Buzyn, sommée par son Président d’aller entreprendre la conquête de Paris, accepta. Vite fait. Des états d’âme, elle conta, pleurnichant indécemment, en avoir eus. Des états d’âme qui ne l’empêchèrent guère de se barrer. Loin. Loin. Loin. Ça pue un peu, les Urgences. Ether et pauvreté. Maladie et misère.

Quand arriva le Covid, nos dirigeants eurent l’indécence d’encenser et de surenchérir les applaudissements que les français offraient, faute de mieux et en guise de soutien, à leurs soignants, devenus, de héros qu’ils étaient déjà, Super Héros.

Ils demandaient des masques. Leur furent promises … des médailles

On suivit, scandalisés, indignés, éberlués, ces soldats en guerre à laquelle ils se rendirent, désarmés, usant de sacs poubelles à défaut de blouse et surmultipliant le danger de contagion, dépourvus des masques appropriés. On suivit et on suivra demain nos médecins convoqués par un Conseil de l’Ordre à côté de la plaque pour demander à ces preux pourquoi ils avaient osé plébisciter la molécule que l’on sait, et on relayera la chose.

Je ne sais comment nos dirigeants osèrent rendre, soir après soir, hommages tant appuyés à ceux-là-même qu’ils avaient oubliés si longtemps. Leur furent promises primes et médailles, même si personne n’oubliera non plus la réponse faite à cet infirmier qui disait que de médaille, il n’en avait cure : Eh bien vous ne la prendrez pas !

Fut alors annoncé un Plan. Une sorte de Deal du siècle. Ségur, qu’il s’appelait.

“C’est ahurissant qu’il faille une manif, après le Covid, pour se faire entendre”

Pourtant, ne voilà-t-il pas qu’hier, entre deux scandaleuses marches menées par Assa and C°, nous les entendîmes, eux, épuisés lorsqu’ils n’en étaient pas morts, manifester. Manifester au lieu que de jouir de quelque repos de guerrier, le temps qu’il durerait.

Quoi ? Mais que faisaient-ils sur le pavé ? C’est ahurissant qu’il faille une manif, après le Covid, pour se faire entendre, titra à raison ma collègue Laure Daussy, alors que nos media choisirent de nous conter les mésaventures  d’une péronnelle qui attira sur sa seule personne toute l’attention et divisa la France : la donzelle, toute infirmière qu’elle était, et que l’on vit se faire arrêter par la police, – d’aucuns diront … molester par les bourreaux, ne s’était-elle pas conduite comme la racaille qu’elle ne pouvait ne point être, ce qui suffit pour faire … ce qu’ils appellent … le buzz

Ils réclament du “fric”…

Quelques media, tout de même, braquèrent micros et cameras sur les autres, appelés par le Collectif Inter-Hôpitaux à une manifestation monstre, ledit Ségur de la Santé n’avançant guère. On en entendit, furibards, dénoncer ce Plan foireux, cette manière de les moquer, en somme. Et qu’ils fustigeaient des discours sans la moindre annonce claire. Une foultitude de textes et des Commissions à gogo. Des Des Commissions et des Réunions à n’en savoir que faire. La santé doit échapper aux lois du marché, avait pourtant, durant le confinement, seriné le Président. Mais Eux, ils n’entendaient guère causer de la chose. De leurs plaies. De ce Service public en danger de mort.

… Et des “embauches”. Et puis Des Lits!!!!!

De salaires encore moins. Ils répétaient, Ô qu’ils étaient vulgaires à causer fric, qu’ils se situaient, eux, médecins et soignants français, à la 28e place de l’OCDE, en termes de salaire. Toute vergogne bue, Ils demandaient, les jeanfoutres, outre du pez, du fric, ( sic ), des Embauches ! Ce Presque gros mot dans les écoles et les hôpitaux. Et vous savez quoi ? Ils demandaient …Des lits. Se rappelant que si nombre de malades du Covid avaient dû être véhiculés loin, loin, pour y être soignés, et certains jusqu’en Autriche, l’épidémie de bronchiolite de l’automne dernier avait obligé au même processus, et que, s’agissant avant-hier de nourrissons et hier de malades à intuber, ils redoutaient demain, qu’à Dieu ne plaise, de nouveaux malades d’une potentielle … deuxième vague de … Covid.

Ils redisaient, chacun à sa façon, la gifle de la médaille. Ils exigeaient … un meilleur salaire avant que la situation ne précipitât des départs en nombre que nous paierions tous fort cher. Ils dénonçaient la privatisation de l’hôpital prônée par d’aucuns, redoutant un mercato, écrivit dans Charlie Laure Daussy.

L’Histoire de cet effondrement, ils la faisaient remonter à quelque vingt années, lorsque le médecin ingénieur s’en vint remplacer le médecin artisan et que les chirurgiens, escortés de leur staff, se mirent à l’horloge de la médecine industrielle et louèrent des blocs à l’heure, l’Hôpital s’étant métamorphosé en véritable … Entreprise : il s’agissait désormais de faire du chiffre, et fissa.

Hier, Colères qu’ils étaient, ils parlaient jusqu’à plus soif devant les micros tendus, fustigeant des méthodes peu scrupuleuses, dénonçant dotations et autres attributions de budgets en cours, appelant de leurs vœux ce temps révolu où la Recherche pénétrait l’Hôpital et où la Sécurité sociale se basait sur le seul principe du juste soin au moindre coût. Ils parlaient, écoutez bien, de soins solidaires remboursés à 100% par la sécurité sociale.

Les soignants ont besoin de Nous

Lorsqu’ils demandèrent que nous fussions plus nombreux à les accompagner, les prochaines fois, il fallut bien entendre que donc nous n’avions pas été là, cette fois. Sans reproches, ils nous disaient qu’ils comptaient revenir. Battre le pavé. Et qu’ils comptaient sur Nous.

Et moi je me disais qu’il avait, deux jours avant, suffi à une Assa Traoré de dire haut et fort Je veux et J’exige pour que tremblât et puis presque pliât tout le Palais, et pour qu’Elle s’enflammât de plus belle, la décidément fort déraisonnable, et décidât de porter diverses plaintes, la dernière, la plus cocasse et non moins confondante étant déposée à l’encontre du … Préfet Lallement

Et moi je me disais que sans doute nous avions eu grand tort de nous conduire en êtres civilisés lorsque fut refusée la reconstitution de l’assassinat de Sarah Halimi, et à nouveau lorsque son assassin fut désigné … inapte à supporter l’ombre-même d’un procès, victime qu’il était de quelque stupéfiant devenu magiquement … circonstance atténuante,

Et je me disais comme vous que nous avions aussi, in fine, accepté sans broncher que nulle explication ne fût jamais donnée concernant, dans la même affaire, l’attitude questionnante des deux brigades accourues aussitôt et restées postées là, jusqu’à voir tomber de ce quatrième étage le corps fracassé de cette Femme,

Je me disais, donc, sans exhorter jamais à quelque action violente, qu’il fallait bien reconnaître que les bonnes manières, la civilité, ça ne payait plus guère et qu’en somme, quelque chose clochait gravement en notre beau pays, dirigé qu’il était depuis trop longtemps par des personnages que nous ne respections plus … parce que … Respectables, ils ne l’étaient plus guère.

Anne Ma Sœur Anne Ne vois-tu rien venir

Et c’est pourquoi après avoir soutenu notre police je me promettais d’être là, à leurs côtés, et de marcher résolument derrière nos soignants, Mais encore de m’intéresser de très près à ces Hommes et Femmes qui, dans le même désarroi, – pour ne pas parler de défaite –  escomptaient sur des esprits bien faits qui ne se contenteraient pas d’être guidés … par leur … destin ou ne nous promettraient pas quelque normalité à faire peur, plutôt que sur quelque pavé consistant.

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2 Comments

  1. « Lorsque Agnès Buzyn déserta » ?
    NON. Trop simple (d’esprit). Stop récupération. Stop propagande.
    Stop nous prendre pour ce que nous ne sommes pas.

    Agnès Buzyn, très réticente, a dû quitter son poste de ministre sur injonction impérieuse de Macron pour tenter, in extremis, de sauver les meubles à Paris après la débandade (filmée ?…) de Benjamin Griveaux.
    Remplacée au pied levé par Olivier Véran qui continue sans démériter lui non plus.

    Buzyn et Véran sont médecins. Soignants, donc. Tous les deux, à leur manière, dans leur rôle. A raison de 20 heures par jour sept jours par semaine.
    Applaudir donc. Stop cracher dans la soupe.

    Sinon, les défaillances logistiques révélées par la pandémie ? Elles datent de quand ? D’avant la présidence Macron ou d’avant SA NAISSANCE ?

    Comment faire dans un pays où la majorité de la population ne paie pas d’impôts sur le revenu mais exige tout et de suite sur un plateau d’argent ?
    Sinon on mettra un gilet jaune et on cassera du flic ?

    Comment ne pas déshabiller l’hôpital pour habiller la meute lyncheuse et suicidaire ?

    Un minimum de respect pour l’intelligence du lecteur ne ferait pas de mal ici.

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