Sarah Cattan. Molière à l’Elysée

Hier mercredi, Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, en lieu et place du décompte quotidien qu’il nous livre chaque soir lors de son point presse, a procédé différemment, nous donnant le nombre de morts dus au Covid-19 depuis le 1er mars, soit 17 167. Le chiffre des décès communiqué mardi étant de 15 729, cela signifie qu’il y a eu en France 1 438 morts en 24 heures.

Comment ne pas s’interroger sur ces informations illisibles, contradictoires, qu’il s’agît de l’utilité du port de masque (voilà que le Président s’affirme entièrement « contre » cette idée bientôt saugrenue) ou qu’il s’agît de la baisse du nombre de décès. Comme il eût été réconfortant d’écouter la parole présidentielle sans que le moindre doute ne vînt vous ébranler: le nombre de décès doit être communiqué, les manques et besoins aussi, et pour finir, les français sont assez adultes pour entendre, en guise de réponse à leur principale interrogation, un “Nous ne savons pas encore”, au lieu que de dates butoir basées sur peu.

Le bon Professeur Salomon

La réponse, le bon professeur Salomon vous la livre, imputant la faute tantôt à des pannes d’ordinateurs, tantôt à des week-ends trop longs. Ainsi, il a fallu sans sourciller l’écouter nous expliquer que la hausse exorbitante des chiffres par rapport à la veille était causée par un rattrapage de saisie de données à l’issue du week-end pascal. On se croirait chez Molière, lorsque Frosine livre à Harpagon le montant de la dot de la belle Marianne, montant calculé à partir des dépenses qu’elle ne fera point.

Ce gouvernement, outre ses graves manques face à la pandémie, irait-il tromper son peuple, un déconfinement au 11 mai sous-entendant évidemment que la médecine a la main sur la pandémie, alors que seul un état des lieux à cette date aurait un sens. Notre Président irait-il mettre fin au confinement pour de seules raisons économiques, après s’être fait bonne figure avec la triste aumône en guise de prime aux soignants les plus pauvres, ou encore avoir annoncé une probable ouverture des écoles, laquelle ouverture interroge elle aussi quant à l’application des … gestes barrières.

Un Président, une histoire de masques, et le retour en grâces de cette pauvre Agnès Buzyn

Comment ne pas s’interroger après avoir lu l’interview que notre Président a accordée au Point, interview dans laquelle il se range résolument aux côtés d’Agnès Buzyn, laquelle aurait tout de suite vu le risque, car elle a une expertise sur le sujet, laquelle aurait donc pris des décisions très rapidement, et assume paradoxalement totalement le maintien du premier tour des Municipales. A le lire, on lui aurait fait de mauvais procès concernant la pénurie de masques, entre autres : sa ministre de la santé aurait commandé, avec le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, du matériel à Santé publique France, et aurait activé les agences régionales de santé, mettant en branle l’organisation du dispositif sanitaire de crise.

Le Président: “Je refuse de recommander le port du masque pour tous”

Je refuse de recommander le port du masque pour tous, finit-il, ajoutant que jamais le gouvernement ne l’a fait : Si nous le recommandons, ce serait incompréhensible. Les soignants en souhaitent davantage, c’est normal et c’est bien l’objectif de notre agenda de production que de répondre à cette attente. ( Comprenne qui pourra )

Les masques auront été d’évidence le maître mot de l’histoire : où sont passés ceux de cette cruche de Roselyne ? Marisol Touraine parle de 750 millions de masques en réserve en 2017, Et Véran de 1 milliard en 2013, déplorant certaines décisions qui auraient conduit à réduire le stock à 150 millions de spécimens en … 2020.

Qui a fauté ? C’est pas moi C’est celui d’avant Et celui d’avant-avant

Distribution des news éléments de langage : Après avoir eu droit aux élucubrations d’une Sibeth Ndiaye à laquelle nous n’imputerons pas tous les torts, nous apprîmes qu’il fallait puis qu’il ne fallait pas porter lesdits masques, lesquels étaient trop compliqués à mettre mais que les élèves de maternelle, in fine, sauraient aisément manipuler, après que la même nous eût servi que le Président avait opéré une gestion parcimonieuse de la chose, en bon père de famille ( sic ), Nous assistâmes, hier soir, au Retour en grâce d’Agnès Buzyn. Geste d’apaisement d’Olivier Véran en pleine polémique sur les masques, un Olivier Véran chargé de recentrer le débat (sic), et de cesser de rejeter la faute sur Ceux d’avant.

Alors quoi? Le gouvernement assurait au départ qu’il ne servait à rien d’en porter si l’on n’était ni soignant ni malade. Et semble maintenant dire qu’il sera indispensable d’en avoir pour le déconfinement. Sauf que le Président dit l’inverse.

Et les lits d’Hôpitaux ?

Et les lits d’Hôpitaux ? Accusée d’avoir participé à la réduction de leur nombre, Marisol Touraine, l’ex-ministre de la Santé, rejette la faute sur François Hollande : Je n’ai pas gagné tous les arbitrages, bien sûr, mais je n’ai jamais hésité à remonter jusqu’au président de la République. J’ai arraché des compromis parce que j’étais têtue, je me battais. Au risque de déplaire. Mais c’est aussi cela être ministre. Voilà qui s’appelle faire du Buzyn.

Ainsi, à chacun, aujourd’hui, de faire avec. Si vous habitez les Hauts-de-France, sachez que Xavier Bertrand a annoncé l’arrivée dimanche d’une première commande de masques. Mais le Président de la région attend maintenant qu’Emmanuel Macron précise la doctrine (sic) à appliquer concernant le port desdits masques.

Sachez encore que 7 entreprises viennent d’être agréées par la Direction générale de l’armement pour en fabriquer.

Sachez que le Professeur Sydney Ohana a annoncé chez … Jean-Marc Morandini, le double de Hanouna, qu’il en a acheté, de ses propres deniers, 500 000, mais que ceux-là seraient bloqués … à Roissy. Sachez encore que plein de tuttos sur YouTube vous indiquent comment les fabriquer … maison.

“On est loin d’être sortis de l’auberge”, prévient le coprésident du Comité de pilotage recherche Covid-19 de l’AP-HP

Parce que là, au moment où je vous écris, le Pr Philippe Gabriel Steg, chef du service de cardiologie à l’hôpital Bichat à Paris et coprésident du Comité de pilotage recherche Covid-19 de l’AP-HP, prévient sur les ondes qu’on est loin d’être sortis de l’auberge. (Sic) On est à un plateau, pas une redescente, explique-t-il. Les réanimations sont pleines à un niveau très haut, le double ou triple du chiffre normal. Les personnels de réanimation sont épuisés, cela fait des semaines qu’ils se succèdent, souvent sans repos. Donc oui, il y a une diminution du nombre nouveaux cas qui se présentent à l’hôpital mais on est loin d’être sorti de l’auberge, si il devait y avoir un rebond on serait mort. La situation est loin d’être réglée.

Pendant ce temps, les chercheurs … cherchent, et les médecins soignent

Pendant ce temps, les chercheurs … cherchent. Sachez qu’à Bordeaux, Coverage, un essai clinique innovant pour le traitement précoce du Covid-19 est en cours :  Cet essai, dont la première inclusion de patients a lieu aujourd’hui mercredi 15 avril, comparera quatre traitements différents, chez des personnes de plus de 65 ans, traitées à leur domicile.  

Le quartier général du projet Coverage s’est installé dans un gymnase. Il prépare… l’après confinement et le suivi des patients qui ont été frappés par le Covid-19. Ce projet, chaperonné par le CHU, fédère la communauté scientifique universitaire. L’hydroxychloroquine fait partie des traitements proposés.

Sarah Cattan

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