Charles Rojzman. Thérapie sociale. Tout le monde ne s’adapte pas aussi facilement au confinement

Rod Taylor, Tippi Hedren et Jessica Tandy dans “Les Oiseaux” d’A. Hitchcock (1963) © MARY EVANS/SIPA Numéro de reportage: 51384112_000017

Il n’y a pas de guerre. Il y a un bouleversement de notre environnement qui nous impose ses lois qui sont celles de la nature éternelle et changeante. Face à cet environnement qui transforme le cours de nos vies humaines, une fois de plus, il est nécessaire de s’adapter, de trouver des ressources, mais aussi de regarder qui nous sommes, ce que nous faisons et comment nous fonctionnons, individuellement, en groupe, collectivement, socialement.

Une part de raison et une part de folie en chacun

Ce que cette crise sanitaire révèle, c’est cette nécessité de l’adaptation intelligente et en même temps notre incapacité partielle à affronter le réel. Des années de pratique thérapeutique m’ont appris que personne ne pouvait échapper au sort commun qui est notre part de raison et notre part de folie.

Cette crise révèle à la fois notre résilience et notre démence, la résilience plus ou moins grande de certains, la démence plus ou moins forte d’autres, la résilience et la démence de tous, à des degrés divers. Oui, personne n’est épargné. Les puissants comme les humbles. Le scandale Buzyn, parmi tant d’autres, démontre que les rois sont nus, que nous ne devons pas idolâtrer nos chefs, nos dirigeants et mépriser le peuple. Et inversement probablement.

Des années de pratique thérapeutique dans les contextes humains et sociaux les plus divers m’ont appris que la folie était le propre de tous les êtres humains, en fonction des circonstances et quels que soient l’intelligence, l’éducation, le statut social, la richesse matérielle.

Faibles et forts

Blessés dans l’enfance ou plus tard dans la vie sociale, par manque d’amour, de sécurité ou de reconnaissance, nous sommes plus ou moins, à des degrés divers, rendus incapables de voir la réalité de nous-mêmes, des autres, du monde. Serait-ce là la définition de la folie, cette hallucination devant le réel ? Les conduites dépressives, égoïstes, parfois monstrueusement, paranoïaques seraient-elle partagées, du haut en bas de l’échelle sociale ? Je le crois vraiment. Je le vois.

Si nous n’acceptons pas ce fait de l’existence de la folie ordinaire et de la violence, évidente ou peu visible, qui n’est autre que de la folie en acte, nous ne parviendrons pas à sortir de cette crise par le haut et nous retomberons toujours de crise en crise, sans trouver la paix et la sécurité que nous recherchons, même imparfaites et provisoires.

Guérison collective

Nos dirigeants, aussi intelligents et compétents dans tel ou tel domaine soient-ils, peuvent être fous. Fous d’ambition, de fanatisme idéologique, de narcissisme égoïste. Nous ne devons leur accorder notre confiance qu’avec parcimonie et circonspection, rester toujours vigilants, sur nos gardes, responsables.

Personnellement, c’est la leçon que je tire de cette crise, une leçon sur ce qu’est une vraie vie démocratique : la capacité de remettre en cause, de discuter, de prendre la parole, de contribuer à prévoir, à reconstruire, à renouveler, à inventer. Pour cela, nous aurons besoin d’une nouvelle éducation civique, d’une éducation à la vie démocratique qui est faite d’un mélange d’émotions, de passions, de raison, de cette raison qui doit gouverner l’ensemble. Nous aurons besoin d’une guérison collective.

Source: Causeur. 19 mars 2020.

Charles Rojzman

Charles Rojzman, écrivain. Dernier livre paru :l Vers les guerres civiles. Prévenir la haine. Lemieux éditeur. Janvier 2017.

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2 Comments

  1. Il serait peut-être utile à Charles Rojzman d’éviter de nous prendre de haut avec des phrases du genre « Des années de pratique thérapeutique m’ont appris… ».

    Des années de travail dans la plomberie sanitaire m’ont appris aussi pas mal de choses sur la nature humaine ; rien ne permet à un Rojzman de prétendre en avoir appris plus que moi. Ou de vous. Ou de quiconque.

  2. Il y a une hystérie qui s’installe chez certains. Je vois que sur son compte Twitter Mohamed Sifaoui dit que l’on ne devrait même pas sortir faire un footing y compris seul et en respectant les consignes de sécurité. Du grand délire. Je sors une heure par jour me balader seul et évitant tout rassemblement (il n’y en de toute façon aucun dans la ville où j’habite car les gens respectent les consignes) en conséquence je ne peux ni contaminer qui que ce soit ni être contaminé par qui que ce soit : c’est factuel. Le virus n’est pas dans l’oxygène que l’on respire. Une partie des gens deviennent fous. Il vaudrait mieux réfléchir aux problèmes de nos hôpitaux et à la politique criminelle qui a conduit à ce désastre ainsi qu’au maintien du premier tour des municipales : une folie.

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