Marion Mourgue. Municipales : Gérard Larcher au cœur de la polémique

Gérard Larcher, Président du Sénat

 Depuis l’allocution du premier ministre, samedi soir, et le passage au stade 3, le président du Sénat est ciblé par la majorité. Jeudi, il avait demandé le maintien des élections municipales. Une crise politique va-t-elle s’ajouter à la crise sanitaire ?

Depuis que la France est entrée samedi soir dans la «phase 3» du plan de lutte contre le coronavirus, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, est pris pour cible par la majorité. Le message, que les macronistes martèlent comme un élément de langage, consiste à faire porter à l’opposition la responsabilité du maintien des élections municipales. Et à accuser la droite d’avoir changé de discours sur le sujet en 48 heures. Aurore Bergé, porte-parole de LREM et députée des Yvelines – fief électoral de Gérard Larcher -, a fait partie des premières à monter au créneau dans ce sens sur Twitter. Elle a notamment dénoncé une «tartufferie». Quant à Stéphane Séjourné, ancien conseiller politique d’Emmanuel Macron et actuel eurodéputé LREM, il a fustigé un «coup politique». Idem à l’Élysée, où des critiques particulièrement vives commencent à s’exprimer. Y compris pour charger le premier ministre Édouard Philippe, qui aurait lui aussi plaidé en faveur du maintien du scrutin.

Mais que s’est-il réellement passé ces dernières 72 heures ?



Mais que s’est-il réellement passé ces dernières 72 heures ? Jeudi, quand le chef de l’État s’apprête à prendre la parole en fin de journée pour annoncer aux Français une série de mesures, le report des élections municipales fait partie des hypothèses sérieusement envisagées. Le président du Sénat, qui est le deuxième personnage de l’État, n’a pas encore été consulté. Il ne le sera qu’en en de journée.
Gérard Larcher maintient donc son déplacement prévu cet après-midi-là dans le Val d’Oise, pour soutenir la candidate LR Véronique Pélissier à Saint-Ouen-l’Aumône. Elle est opposée au maire sortant Laurent Linquette, qui compte Alain Richard sur sa liste, ex-maire de la commune et… coprésident de la Commission nationale d’investiture de LREM.

Malgré le coronavirus, Gérard Larcher, qui s’applique les mesures barrières – il ne serre plus de main et garde du gel hydroalcoolique avec lui – entend bien maintenir sa venue et son discours prévu à 18h45.

L’Élysée a néanmoins fait connaître sa volonté de joindre rapidement le président du Sénat, que le chef de l’État n’a pas vu en tête-à-tête depuis le mois de mars.

Aux alentours de 17 heures, il faut donc se dépêcher de trouver un coin tranquille pour permettre une conversation téléphonique entre les deux plus hauts personnages de l’État.

Larcher à Macron jeudi : «C’est vous le président mais moi je ne le ferai pas»

Comme l’a relaté Le Figaro , Emmanuel Macron interroge alors Gérard Larcher sur un éventuel report des élections municipales, en lui demandant «son sentiment». « C’est vous le président mais moi je ne le ferai pas », lui répond alors Gérard Larcher en expliquant qu’il faudrait dans ce cas être cohérent et fermer d’autres structures, ainsi que les transports en commun.
Rien de tel n’est prévu. Le chef de l’État n’évoque pas de passage au stade 3 ni de mesure de confinement généralisé.

Dès lors, pour le président du Sénat, comme pour le président de LR Christian Jacob et pour le président de l’Association des maires de France François Baroin, il n’y a pas lieu de changer le calendrier électoral. «Si vous reportez les élections municipales, alors je dirai publiquement que je suis totalement opposé à ce report», indique avec fermeté le Gérard Larcher au téléphone.
«Si vous décidez de maintenir l’élection municipale, alors je ne me déroberai pas», poursuit le président du Sénat, en précisant qu’il soutiendra les mesures décidées par l’exécutif jeudi soir.

Agacé de laisser croire que le deuxième personnage de l’État a eu du poids dans la prise de décision, l’exécutif fera savoir dans la foulée que seul le Comité scientifique a été décisif. Si la France était entrée en phase 3 jeudi, «la question du report aurait été justifiée»

À la mi-journée, vendredi, Édouard Philippe profite du 13H de TF1 pour préciser les mesures détaillées la veille, et annoncer que les rassemblements seraient désormais limités à 100 personnes. À la fois souriant et rassurant, il confirme alors la tenue des deux tours des élections municipales, prévues les dimanches 15 et 22 mars.

Pourtant, dès le lendemain, samedi soir, la tonalité de l’exécutif est toute autre. Le premier ministre prend à nouveau la parole, cette fois en direct du ministère de la Santé, avec le Directeur général de la Santé. Ensemble, le Professeur Jérôme Salomon et le chef du gouvernement annoncent que le pays est entré dans la «phase 3» du plan de lutte contre le coronavirus, et ce qui implique la fermeture immédiate de tous les commerces non essentiels. Paradoxalement, le scrutin est quant à lui maintenu. «Sur ce sujet des élections municipales, nous avons à nouveau sollicité le Conseil scientifique au regard des dernières évolutions de l’épidémie. Ils nous ont confirmé que le premier tour pouvait se dérouler demain (…)», déclare Edouard Philippe. «Les opérations de vote se dérouleront demain comme prévu», insiste-t-il.
Une décision incomprise par le Sénat. «Si la décision de passer au stade 3 avait été prise jeudi, la question du report aurait été justifiée. Mais il n’en était alors pas question. Toute décision est liée à un contexte», confie l’entourage de Gérard Larcher au Figaro dès samedi soir.

Tout en considérant que, au vu des circonstances sanitaires, l’heure n’est pas à la polémique. Mais à «la solidarité» et à «la responsabilité pour lutter contre l’épidémie» confie Gérard Larcher au Figaro. «Il faut que tous les Français soient derrière le gouvernement et les autorités sanitaires» ajoute le président du Sénat qui appelle à faire bloc derrière l’exécutif dans ce contexte très particulier.

Source: Le Figaro.fr 14 mars 2020.

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1 Comment

  1. Notre sympathique président passe son temps à opposer la légitimité de ses pouvoirs imaginés, face à l’illégitimité du Sénat; il déclare maintenant que M Larcher a décidé de tous, par ses pouvoirs magiques probablement.
    L’organisation du scrutin et le dévouement républicain des présidents, assesseurs, employés municipaux et volontaires du dépouillement des votes fait honneur à notre pays.
    Les grands cris du parti de la peur, préférée à l’organisation préventive, sont regrettables.

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