La loi, le voile et l’école… Arnaud Lacheret

Je vois en ce moment sur les réseaux sociaux un grand débat sur le projet visant à interdire le port de signes distinctifs religieux pour les personnes accompagnant des groupes en sortie scolaire.

C’est intéressant, mais la solution et l’argumentation me semblent beaucoup plus simples que le marécage dans lequel on s’embarque.

D’un point de vue juridique, la sortie scolaire est un complément pédagogique de la classe et donc il s’agit simplement d’une séance délocalisée. J’en ai accompagné plusieurs avec mes enfants à Villeurbanne et systématiquement, c’était lié à un projet scolaire ou culturel en lien avec l’école.

En conséquence, un parent bénévole qui accompagne la classe, aidant ainsi l’enseignant, doit se conformer aux règles qui veulent qu’un agent public doive s’abstenir de signes religieux dans le cadre de sa mission.

Bon, pour le juridique, c’est rapide, maintenant, pour l’aspect politique.

Des femmes musulmanes militantes et portant le voile, disent que ce projet d’interdire le voile lors des sorties scolaires est fait pour les empêcher d’accompagner leurs enfants.

Je suis surpris car leurs enfants eux-mêmes sont soumis à la loi de 2004 qui les empêche de montrer des signes religieux dans l’enceinte de l’école. Dans quelques années, leurs filles, si elles sont musulmanes et qu’elles portent le voile, devront retirer leur voile à l’entrée du collège ou du lycée.

En l’occurrence, si elles acceptent que leurs filles retirent leur voile au collège et au lycée, pourquoi ne le font-elles pas elle-même à l’occasion des sorties scolaires qui durent deux heures au maximum? Leurs voiles seraient ils plus important que ceux de leurs propres filles?

De même, les fonctionnaires doivent ne pas montrer de signes religieux au travail. De nombreux fonctionnaires musulmanes portant le voile sont donc contraintes de retirer leur voile ou leur attribut religieux dans le cadre de leurs activité professionnelle ce qui est parfaitement accepté. Leur voile est-il moins important que celui de ces femmes?

Il faut être très clair avec ces femmes: enlever son voile ou tout autre signe religieux n’est pas choquant, c’est simplement respecter la loi.

Leurs enfants y sont contraints et s’y prêtent (ou s’y prêteront) de bonne grâce. Autrement dit, ces protestations ne sont autre chose que des manifestations hypocrites et politiques qu’il faut traiter comme telles.

J’ajouterai que plusieurs maires ont dit que si un tel amendement passait, les sorties deviendraient impossibles… Ces dames font-elles donc si peu de cas de l’éducation de leurs enfants qu’elles les priveraient de sortie?

Franchement, s’il faut mener un bras de fer, menons-le, mais par pitié, ne nous trompons pas d’argumentaire: nous avons juridiquement ET politiquement raison.

Arnaud Lacheret

Docteur en Science Politique. Il dirige la French Arabian Business School , département de l’ Arabian Gulf University au Royaume de Bahreïn. Il est l’auteur de « Les territoires gagnés de la République » Éditions Le bord de l’eau.

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2 Comments

  1. L’existence de l’UDMF (le 334ème parti des europénnes) est un danger qu’il ne faut pas négliger. Ce parti d’extrême droite islamiste a certes récolté un score minime au niveau national, mais déjà beaucoup plus élevé dans certains quartiers populaires, et en outre le fait que le ministère de l’intérieur ait donné son aval en dit long sur l’antirépublicanisme de LREM et du macronisme. Voir également les dérives communautariste et antirépublicaines de l’UDI au niveau local : le fascisme avance à visage masqué et le pire finit toujours par arriver.

  2. Le plus grand gagnant du refus des musulmanes voilées de se conformer à la loi républicaine serait paradoxalement … le Président Macron, au plan électoral suivant.
    Espérons que le Ministre de l’Education saura malgré tout faire respecter l’usage républicain.

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