Humeur du jour. Du besoin d’impertinence. Khaled Slougui

Suite à ma dernière publication “la lettre de Macron et ce qui va avec”, un ami qui est toujours le premier à réagir, a partagé ma publication avec cette annotation ; “un affreux contestataire, l’ami Khaled”, j’ai pris ça pour le meilleur compliment qui puisse m’être adressé.

Du coup, j’ai décide de perdurer sur ce registre, au moins pour quelques publications et pour quelques temps.

Il m’arrive de piquer le titre de mon HUMEUR chez des écrivains ou des poètes et chanteurs que j’aime, tout en précisant à chaque fois l’auteur.

Celui d’aujourd’hui, je l’ai pris chez Bernard Pivot dans un livre que je consulte régulièrement : “Les mots de ma vie”.

J’étais curieux de savoir quel sort il réservait au mot polysémique “impertinence”.

Bernard Pivot, faut-il le préciser, fait partie de ces journalistes qui sont en voie de disparition, qu’ils interviennent à la radio, la télévision ou les journaux papier. Ne serait-ce que de ce point de vue, c’était mieux avant.

Un jour, en 1970, il a été sollicité par le directeur d’Europe 1 de l’époque pour créer une chronique matinale “gaie, légère, qui apporterait aux éditeurs trois ou quatre minutes de détente”. Il ne se creusa pas la tête pour trouver le titre; il se contenta de “chronique pour sourire”. J’ai toujours dit : “la beauté est dans la simplicité”.

Et tous les matins, à part, le week-end, “en direct à l’antenne et, qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve sur Paris ou dans son cœur, il devait faire sourire les auditeurs entre huit heures et huit heures et demie”. Il précise :

“Très vite, je me suis aperçu que c’était d’impertinence que les auditeurs avaient besoin”. Impertinence qui consistait pour lui à “montrer de l’irrévérence vis-à-vis des puissants et des idées à la mode. S’amuser des ridicules du moment, des tics de langage, des tentatives d’esbroufe, des manifestations d’autorité, des divagations de zozos ou de prophètes…”.

C’était pour lui une impertinence modérée qui était à mille lieues de l’insolence radicale, de l’irrespect, de la méchanceté des chroniqueurs humoristiques et des imitateurs d’aujourd’hui.
Et comme l’histoire se répète, son impertinence a entraîné le courroux du puissant du moment , un certain Georges Pompidou, ou si l’on veut un Jupiter de l’époque. “Comme de de bien entendu”, il demanda son éviction d’Europe 1.

Dans mon cas, Jupiter sera impuissant à demander quoi que ce soit. Je ne figure sur aucun listing, ni n’occupe quelque fonction reconnue par la chancellerie. Je suis un parfait anonyme et cela me sied à merveille.

Il faut quand même reconnaître que le contexte créé par le mouvement des Gilets Jaunes et les réactions suscitées au sein du pouvoir et, au-delà, chez les courtisans et les collaborationnistes, pour parler comme Michel Onfray, sont très propices, à la critique, à l’objection, au désaveu même.

L’on aurait voulu que Jupiter et ses ouailles fussent animés de cette impertinence qui fait sourire, au lieu de provoquer colère, rejet et haine.

Le mépris engendre le mépris et la violence entraîne la violence, cela est une vérité de toujours.
Je confirme, “impertinence” est l’un de mes mots préférés de la langue française; comme le mot “délire” que j’ai évoqué dans une HUMEUR passée.
Si je voulais la définir à ma façon, je dirais que : “l’impertinence, c’est la noblesse du délire”.

Une bonne journée!

A la prochaine ? Certainement, “les gens ont besoin d’impertinence”, encore et toujours.

Khaled Slougui

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