Latifa, ou le combat d’une femme

Je suis devant la télé, j’y jette un coup d’œil parfois, le son, un bruit de fond une ambiance, je retouche quelques photos. Un reportage sur « Latifa Ibn Ziaten » commence.latifa

Le nom attire mon attention : « je connais ce nom ! », oui c’est la mère d’Imad, le soldat assassiné lors des tueries de Montauban et Toulouse. Oui tout me revient, entre le 11 mars et le 19 mars 2012 furent assassinés Imad Ibn Ziaten et deux autres militaires, Mohamed Legouad et Abel Chenouf, un professeur de l’école Ozar Hatorah (une école juive) Jonathan Sandler et ses deux enfants Arié et Gabriel ainsi que la petite fille du directeur de l’école Myriam Monsonego.

De coup d’œil furtif je passe en mode presque « hypnotique » et me concentre sur ce que dit Madame ibn Ziaten, elle raconte son enfance au Maroc et comment elle est arrivé en France, comment elle et son mari se sont intégrés. Je me retrouve dans un certain nombre d’images, je suis aussi né au Maroc à Casablanca et suis arrivé en France à l’âge de 19 ans. Bien sûr je ne compare pas, tous les chemins, tous les départs sont différents, mais je comprends cette volonté de s’intégrer et de donner pour recevoir.

Les mots que prononce Madame Ibn Ziaten me touchent, m’émeuvent, elle parle de son fils, comment il a été élevé, comment il a grandi, intégration, ouverture, responsabilisation, respect étaient les mots, les leitmotivs que cette mère ne cessait de distiller à ses cinq enfants, pas seulement à Imad. Tout au long de sa vie professionnelle, le courage d’aller contre les règles établies (par qui ?) et les préjugés l’ont mené à s’opposer aux injustices et aux contradictions (épisode des affiches instaurant la séparation des enfants mangeant du porc et ceux n’en mangeant pas à la cantine où elle travaillait). Cela l’a mise plusieurs fois dans des situations difficiles, c’est vrai : « un émigré et à fortiori une femme ne peut que se taire ». Aujourd’hui, c’est ce courage, décuplé par la rage et la douleur d’avoir perdu un fils du fait de l’obscurantisme, de la bêtise et la radicalisation qui lui a permis d’entamer un combat qui la tiendra mobilisée un certain temps que j’espère pour elle et sa famille encore très long.

Son combat,

  • Aller d’école en école, de collège en collège, de lycée en lycée, parfois de cité en cité pour passer des messages forts, les mêmes que ceux qu’elle passait à ses propres enfants. Elle le fait naturellement, comme si ces jeunes étaient aussi ses enfants et qu’elle avait un devoir envers eux.
  • Son message est simple ; « ne vous laissez pas avoir par les laveurs de cerveaux en tout genre, réfléchissez par vous-mêmes, ne vous laissez pas entrainer par la facilité, n’ayez pas peur de l’effort, ne vous apitoyez pas sur votre sort, faites, entreprenez….. »
  • Elle intervient aussi auprès des parents de ces enfants, ces adolescents : « vous êtes les premiers responsables du bon ou du mauvais départ dans la vie de vos enfants, à vous de veiller, de voir les choses, de réagir au moindre comportement anormal ; allez voir les enseignants, discutez avec eux de l’avenir de vos enfants, personne ne le fera à votre place.»
  • Elle parle de religion : « la religion n’est pas une nationalité, quand on vous pose la question de ce que vous êtes, ne répondez pas, je suis Catholique, je suis Musulman ou je suis Juif, mais je suis Français, votre religion c’est votre vie privée et n’intéresse personne. A force de se croire au banc de la société, on finit par y être relégué». C’est le discours d’une femme, d’une mère qui a compris ce qu’est la laïcité et la beauté qu’elle porte en elle.

TOUT EST DIT !

Voilà, le reportage se termine, je regarde le générique défiler et je suis encore avec Madame Ibn Ziaten, en communion, je me sens « reboosté », plein d’espoir envers cette jeunesse qui je suis sûr n’est pas perdue tant qu’il restera des grandes dames pour passer encore et encore ce genre de message.

Merci Madame Ibn Ziaten.

Aimé Ovadia

Source h@keshet

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1 Comment

  1. Bien dommage qu’elle soit voilée et qu’elle ne parle que de son fils et pas de l’ensemble des victimes de merah. Tous ses discours ramènent à elle et son fils, il y avait pourtant des enfants dans les victimes. Est-ce parce qu’ils étaient Juifs qu’elle n’en parle jamais ?

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