En direct de Jérusalem : Sonia et Shimon Pérès

Même les superman ne sont pas éternels. Le plus optimiste des israéliens, le dernier des pères fondateurs d’Israël fait ses adieux après des décennies de lutte, d’échecs et de succès, après avoir été l’homme le plus haï d’Israël avant de devenir l’homme le plus adulé.

Photos Archives Government Press Office
Photos Archives Government Press Office

Dans ces heures, où tout Israël parle de Shimon Pérès, j’ai voulu aussi parler de Sonia Pérès, disparue il y a cinq ans. Pendant deux ans nous avons été voisines, dans un quartier du nord de Tel-Aviv. Je promenais mon bébé, elle faisait ses courses. Je lui disais mon admiration pour Shimon Pérès, elle me donnait une recette de gateau. Lors de sa disparition, je lui avais consacré un des textes dédiés aux femmes d’Israël dans mon livre En direct d’Israël. Alors voici :

Au début du mois de janvier de l’année 1985, des protestataires bravant le froid glacial des nuits de Jérusalem, campaient devant la résidence du chef du gouvernement, rue Balfour, pour brandir au petit matin des pancartes hostiles à Shimon Pérès. Mais dès que le convoi officiel avait disparu, l’épouse du premier ministre faisait entrer à la hâte la poignée de manifestants dans la résidence pour leur offrir un petit déjeuner et des vêtements chauds. « Shimon  savait et était d’accord » a raconté, des années plus tard, une amie de Sonia Pérès.

A l’aube d’un matin de l’hiver 2011, la première dame s’est éteinte à l’âge de 87 ans, à  Tel Aviv, dans son appartement du 12 de la rue Oppenheimer.  Seule. Loin de son mari, le président de l’Etat d’Israël. C’était son choix. Depuis le début des années cinquante, Sonia Pérès jouait son rôle plutôt à contre cœur. La figuration lui était fastidieuse, les mondanités, rébarbatives et la curiosité des journalistes, mesquine. Elle portait un regard de mépris sur l’hypocrisie sociale et ne voulait pas s’impliquer dans les affaires de l’Etat. A la fin de sa vie, Sonia Pérès décida de dire Non!. Quelques années plus tôt, Shimon Pérès était devenu  le neuvième président d’Israël et avait emménageait dans la belle résidence de Jérusalem. Elle restera dans la maison familiale. Au président vénéré, elle préféra ses vieilles amies. Elle délaissa le faste du pouvoir. Elle aimait mieux ses meubles, son shabbat, ses visites aux pauvres de la ville et les longs instants douillets entre ses petits-enfants, les jeux de carte, la pâtisserie, et la lecture.

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Sonia Pérès est allée jusqu’au bout de son choix. La sépulture au cimetière du Mont Herzl, dans le carré des Dirigeants est restée inoccupée. Sonia a préféré reposer dans le village de son enfance, sous les peupliers immenses de Ben Shemen, le village agricole des fondateurs de l’Etat où, quelques années avant la création d’Israël, elle rencontra Shimon Pérès, son cadet d’un an. Devant la tombe de sa femme, comme une dernière déclaration d’amour, Shimon Pérès prononça une phrase: “J’ai aimé Sonia dès le premier regard et mon amour n’a point d’âge.” Pourtant,  cet amour là  n’avait plus convaincu Sonia Pérès.

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Loin du regard public, des honneurs et des convenances, Sonia Pérès est restée libre, indépendante et souveraine.

Source : http://endirectdejerusalem.com/wordpress/?p=4249&utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+endirectdejerusalem%2Ffmzl+%28En+direct+de+Jerusalem%29

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