Chrétiens et juifs rendent hommage à l’ancien curé de Saint-Maur-des-Fossés

Dimanche 22 mai, la communauté juive et la paroisse Saint-Hilaire à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) rendront hommage au P. Émile Morel, curé de 1925 à 1947. Le prêtre sauva une vingtaine d’enfants juifs sous l’occupation.P-Morel_0_730_324

Son aspect était sévère et son maintien plutôt raide, selon ses anciens paroissiens. Mais c’est surtout le courage du P. Émile Morel qu’ont encore en mémoire les fidèles de la paroisse Saint-Hilaire à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), dont le prêtre fut le curé de 1925 à sa mort en 1947.

Sous l’occupation, le P. Émile Morel sauva entre 20 et 25 enfants juifs. Ces enfants habitaient, pour la plupart, un orphelinat situé non loin de la paroisse, leurs parents ayant été déportés plus tôt sous l’occupation.

Enfants cachés avec la complicité de paroissiens

Le prêtre leur portait assistance en leur trouvant à manger. Puis il décida d’en cacher avec la complicité d’autres personnes. Il confia certains enfants à ses paroissiens. D’autres furent dissimulés chez les Petites sœurs des pauvres, ainsi qu’à la campagne.

« Il a couru de grands risques, précise Michel Dluto, 77 ans, président de la communauté juive de la Varenne-Saint-Maur, à l’origine de l’hommage qui lui sera rendu le dimanche 22 mai à l’église Saint-Hilaire. La Gestapo avait un de ses sièges à Saint-Maur, et la Milice n’était qu’à 250 mètres de Saint-Hilaire. »

Croix de guerre après la Première guerre mondiale

Le P. Émile Morel ne manquait pas de courage, lui qui avait combattu durant la guerre de 14-18 et obtenu la croix de guerre pour avoir sauvé, sous le feu de l’ennemi, des compagnons d’armes blessés. Sous l’occupation, il réussit en outre à manœuvrer avec la présence, à Saint-Hilaire, d’un prêtre collaborationniste, le P. Robert Alesch.

Cet agent double au service des nazis dénonça notamment la résistance Germaine Tillion et son réseau du musée de l’homme. Il incitait également des jeunes à intégrer la résistance pour les dénoncer par la suite. Après la guerre, il fut condamné à mort puis fusillé en 1949.

Michel Dluto n’a découvert l’histoire de l’abbé Morel qu’une vingtaine d’années plus tôt, lorsqu’il a écrit – avec un groupe œcuménique de la ville – un ouvrage intitulé les Orphelins de la Varenne, 1941-1944. Ce fils de déporté a été très sensible à l’action de l’abbé Morel. « Mon père est mort à Auschwitz à 24 ans, ma grand-mère également », précise-t-il.

Le grand rabbin sera présent à la cérémonie

D’où cet hommage public au prêtre et aux personnes qui l’assistèrent dans son action. « Sans leur complicité, il n’aurait pas été possible de sauver ces enfants », souligne-t-il.

Lors de la cérémonie qui aura lieu ce dimanche – jour de saint Émile, hasard du calendrier –, une plaque en hommage à l’abbé Morel sera posée sur le mur de l’église. Elle présentera son action en quelques signes et sera signée de « communauté juive de la Varenne reconnaissante ». Le grand rabbin de France Haïm Korsia, le président du consistoire de Paris, Joël Mergui, et le vicaire général, le P. Henri-Jérôme Gagey devraient être présents.

Pierre Wolf-Mandroux

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